Une « saison en enfer » : voilà ce que retracent les livres IX à XII des Mémoires d´outre-tombe. C´est ainsi du moins que, trente ans plus tard, Chateaubriand définit ce qu´ont été pour lui les années 1792 à 1800. Revenant d´Amérique, le jeune noble breton retrouve Paris dans la tourmente de la Révolution. Aux tableaux hallucinés de la Terreur succède alors le récit de sa fuite : son bref passage dans l´armée des émigrés, puis son exil à Londres. Il y découvrira Shakespeare, Milton, Byron, et y puisera l´inspiration qui fera de lui, à son retour, le père des romantiques. Ces pages rendent compte du choc qu´a provoqué l´irruption de l´Histoire dans la vie d´un homme alors âgé de vingt-quatre ans. Et illustrent brillamment le projet des Mémoires, tel que Chateaubriand l´a formulé dans sa Préface testamentaire : « Si j´étais destiné à vivre, je représenterais dans ma personne, représentée dans mes mémoires, les principes, les idées, les événements, les catastrophes, l´épopée de mon temps. »