« À la gare de Victoria, l'officier chargé des transports me remit un laissez-passer, une plume blanche et un portrait d'Hitler sur lequel on pouvait lire "Voici votre ennemi". Je fouillai dans tous les compartiments, mais il n'était pas dans le train... »
En septembre 1939, Spike Milligan, jeune Londonien de 21 ans, reçoit du gouvernement de Sa Gracieuse Majesté un carton l'invitant à participer à la guerre. Cramponné à son doudou, il est arraché à la douceur d'un foyer des plus loufoques et envoyé comme opérateur radio sur la côte sud de l'Angleterre ; il s'y illustre d'emblée en tentant d'abattre un avion nazi à l'aide d'une simple brique... Mais, très vite, l'artilleur Milligan préfère se prélasser sur son lit de camp, jouer de la trompette et se laisser aller aux plaisanteries et aux farces de caserne, avant d'être envoyé manu militari sur le front d'Afrique du Nord...
Avec un humour irrésistible, Spike nous décrit les personnalités, les chefs, les petites et les grandes manoeuvres de son unité indisciplinée et goguenarde, transformant le « comique troupier » en grand art.
Né en Inde, irlandais d'origine, SPIKE MILLIGAN (1918-2002) est considéré comme le plus grand auteur comique anglais de la seconde moitié du XXe siècle, aussi populaire en Grande-Bretagne qu'un Coluche ou un Desproges en France.
Jeune soldat pendant la Seconde Guerre mondiale, puis musicien dans un orchestre de jazz, il devient dans les années 1950 le scénariste et la vedette, avec Peter Sellers et Harry Secombe, du « Goon Show », émission radio déjantée de la BBC, admirée aussi bien par Marcel Gotlib que par les Monty Python (« Spike Milligan est notre Dieu à tous », dixit John Cleese).
Comédien et écrivain prolifique, auteur de nombreux pastiches (de la Bible à Robin des Bois) et de plusieurs romans (dont Le Règne hystérique de Siffoney Ier, roi d'Irlande, Wombat, 2015), il inaugurait avec Mon rôle dans la chute d'Adolf Hitler ses « Mémoires de guerre », son oeuvre la plus lue outre-Manche. Marqué à jamais par la guerre, Spike Milligan souffrira toute sa vie de dépression et laissera à sa disparition en 2002 cette fameuse épitaphe : « Je vous avais bien dit que j'étais malade ! »