Comment comprendre la condition corporelle du sujet humain dans le champ juridique de la société occidentale contemporaine ? L´encadrement institutionnel, encore présent jusqu´au milieu du siècle dernier, s´effrite sous nos yeux dans les domaines de la bioéthique. Alliance, vie, sexe, fécondité, mort passent en effet de plus en plus sous l´empire du sujet qui en dispose, le droit se comprenant alors comme instituant l´égalité des citoyens par les libertés qu´ils sont autorisés à prendre à l´égard de leur corps. L´ouvrage décrit cette évolution à partir de documents principalement belges, français et européens. Puis il entame, à l´aide des trois personnes verbales je, tu, il, une réflexion philosophique sur la place qu´une telle transformation réserve encore à l´altérité : si la science a remplacé la richesse du symbole par l´objectivité du il dans l´intelligence des corps, et si la volonté subjective du je a pris la place de la `loi naturelle´ dans la formulation du droit, où est passé le tu qui désigne l´autre ? En d´autres termes, comment la loi qui régit les corps relèvera-t-elle encore le défi de l´intersubjectivité ? Pour radicaliser le propos, l´ouvrage aborde le débat mené, dans ces questions de vie, d´amour et de mort, entre la référence chrétienne et sa contestation libérale. En deçà des évidences de la liberté et de l´égalité, l´insistance religieuse sur la fraternité, -sans rien renier de la nécessaire liberté de conscience garantie par l´État laïc-, fournit une contribution propre au débat bioéthique en délivrant une parole de raison sur la donnée du corps.