Agnes Devictor
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Choisir de voir l'Iran dans les regards qu'y ont posés les cinéastes, c'est suivre des trajectoires plutôt que s'attarder sur certains sites. Les distances à parcourir, petites ou grandes, s'emparent des scénarios. Pays de nomades et de cavaliers, l'Iran est par excellence celui du road-movie, une invitation à des parcours, tant géographiques qu'initiatiques.Étrangers et Iraniens n'ont pas filmé le même Iran. Les premiers, peu nombreux mais non moins reconnus (Pier-Paolo Pasolini, Agnès Varda, Ben Affleck, entre autres), ont mis en scène ce pays de haute civilisation, s'en servant parfois comme d'un décor luxuriant ou rugueux. Les seconds ont pris à revers cette beauté trop imposante et ont dessiné une autre cartographie de leur pays, développant une modernité cinématographique « à l'iranienne ». Abbas Kiarostami, Majid Majidi, Samira Makhmalbaf, Asghar Farhadi, Jafar Panahi en sont parmi les représentants les plus connus.
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Images, combattants et martyrs ; la guerre Iran-Irak vue par le cinéma iranien
Agnès Devictor
- Karthala
- 11 Octobre 2015
- 9782811114213
Dernier grand conflit « classique » du XXe siècle, la guerre Iran-Irak (1980-1988) évoque pour les observateurs européens une guerre conventionnelle opposant deux États. Mais c'est aussi celle d'une fantasmagorie de l'islam combattant. Dès lors qu'en Iran une nouvelle catégorie de soldats, les volontaires islamistes, revendique sa vocation au martyre, cette guerre convoque un imaginaire de sacrifice porté par des représentations, notamment cinématographiques, où le martyre à la fois renforce et défie les logiques de mobilisation.
Pour comprendre les enjeux historiques, politiques et idéologiques de cette guerre, mais aussi comment elle a été menée et vécue au quotidien par les combattants et les citoyens iraniens, Agnès Devictor analyse l'étonnante production de films de guerre tournés en Iran durant le conflit. Si une partie d'entre eux reste très influencée par le cinéma hollywoodien, en dépit de la Révolution de 1979 et de la condamnation de l'Amérique comme « Grand Satan », une autre cherche à élaborer un genre spécifique à l'Iran, en cohérence avec l'idéologie de la jeune République islamique et avec l'imaginaire shi'ite du martyre. Ainsi, des réalisateurs ont recours à de nouveaux codes narratifs et esthétiques pour raconter le conflit en se référant à la mythologie de la Bataille de Karbalâ, affrontant alors un des tabous les plus forts du cinéma de guerre : montrer la mort de ses propres forces combattantes durant un conflit. Et c'est au sein du cinéma documentaire, dans les films réalisés par les équipes de Mortezâ Âvini et suivant une ligne hautement idéologique, que des propositions très singulières ont lieu, porteuses d'une modernité cinématographique inattendue.
Partant des films et s'appuyant sur un travail d'entretiens réalisé en Iran pendant près de dix ans avec ceux qui ont tourné, mis en scène ou produit ces films durant la guerre, cet ouvrage dévoile un pan inconnu du cinéma iranien, celui où créateurs d'images, combattants et martyrs partagèrent sur les champs de bataille le destin de l'Iran.
Maître de conférences HDR à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Agnès Devictor est spécialiste du cinéma iranien. Après avoir publié Politique du cinéma iranien (CNRS Éditions, 2004), dirigé des ouvrages collectifs et publié de nombreux articles sur le sujet, elle travaille désormais davantage sur le matériel historique que représentent les films, et poursuit ses recherches en Iran et en Afghanistan. -
Par le nombre et la qualité des oeuvres réalisées, la variété des thèmes explorés et le foisonnement de ses réalisateurs, le cinéma iranien s'affirme comme l'un des plus dynamiques du monde. Depuis le début des années 80, il ne cesse d'accumuler les plus hautes distinctions dans les festivals internationaux. Cette vitalité est aussi remarquable que paradoxale. Rien ne laissait supposer que ce cinéma survivrait à l'épreuve de la révolution islamique de 1979, à laquelle ont succédé huit années de guerre. Rien ne laissait supposer non plus que la République islamique, mise en place par l'âyatollâh Khomeyni, attacherait une telle importance au secteur culturel, et notamment au cinéma, au point de vouloir en faire un des principaux outils de l'islamisation de la société et ce, au moins jusqu'à l'élection du président Khâtami en 1997. Pour rendre compte de cette aventure cinématographique, ce livre recourt à un mode d'analyse original : il s'appuie sur une approche politique et institutionnelle. Politique du cinéma iranien retrace les enjeux que représente le cinéma au sein de ce régime, et la façon dont s'est élaborée une politique du cinéma sans équivalent. Sur la base d'une analyse filmographique de plus de trois cents titres, l'auteur recense par ailleurs les thématiques et les personnages marquants du cinéma iranien, ainsi que leur évolution depuis l'établissement de la République islamique. Face à un système de censure d'un puritanisme inégalité, qui empêche par exemple, toute relation tactile entre homme et femme à l'écran, elle met en lumière les réponses apportées par des réalisateurs aussi différents qu'Abbas Kiarostami, Jafar Panahi, Ebrahim Hatamikia, Rakhshan Bani Etemad ou Mohsen Makhmalbaf. Partant du cinéma, cet ouvrage offre aussi une lecture des rouages et des dynamiques à l'oeuvre dans l'État iranien, et permet de saisir les enjeux majeurs qui structurent cette société.
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Abbas Kiarostami
Jean-Michel Frodon, Agnès Devictor
- Gallimard
- Hors série Connaissance
- 1 Avril 2021
- 9782072902956
Si Abbas Kiarostami nous a offert des films sublimes - pour n'en citer qu'un, Le Goût de la cerise, Palme d'or à Cannes -, il ne fut pas seulement l'un des plus grands cinéastes de sa génération. Cet ouvrage est le premier qui aborde le parcours multiple et singulier de cet immense artiste - cinéma, photo, installation, vidéo, poésie... -, les contextes - historique et artistique, iranien et international - dans lesquels il s'inscrit, ses méthodes de travail et cette activité de pédagogue qu'il n'aura cessé d'exercer d'un bout à l'autre de la planète. Attentive à l'enfance et à la nature, sensible aux enjeux contemporains, l'oeuvre de Kiarostami est entièrement conçue pour le partage avec les spectateurs du monde entier - une oeuvre ouverte...
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Spirale. No. 272, Été 2020
Daoud Najm, Maxime Catellier, Alex Noel, Claudia Polledri, Khalil Khalsi, Agnes Devictor, Jean-Michel Frodon, Andre Habi
- Spirale magazine culturel inc.
- 2 Septembre 2020
- 9782924359365
L'édition estivale de la revue Spirale propose un dossier sur l'Iran : Iran Poésie / Image. Lisez-y une entrevue avec la photographe Anahita Ghabaian Etehadieh, un texte sur 24 Frames, dernière oeuvre, posthume, du cinéaste iranien Abbas Kiarostami, ainsi qu'un autre texte sur sa poésie. Retrouvez également un entretien avec Leili Anvar, spécialiste des littératures persanes, autour de la poésie et des images de la poésie persane. Le dossier se clôt par un portfolio de Leila Zelli, artiste multidisciplinaire. Aussi au sommaire : « On ne peut plus rien écrire » de Maxime Catelllier dans la rubrique Critique de la critique, Catherine Ocelot signe la lettre en ouverture de numéro, Daoud Najm parle de « ces temps étranges » en éditorial et plusieurs recensions critiques de roman ( Ténèbre, La clé USB, Mon ennemie Nelly), d'essais (Ninfa Dolorosa, Le venin dans la plume, White), de pièces de théâtre (Le Marteau et la Faucille, Autour du Lactume, Constitutions ! ) et une du Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec tome IX.