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Amel Djabar
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On ne s'exile pas de gaieté de coeur, dit la blédarde. Comment faire autrement quand son pays, le pays qu'elle aime, est déchiré par une guerre qui oppose un pouvoir corrompu et des fanatiques religieux et dont le peuple est la victime, ce pays qui a le même âge qu'elle, qui était une promesse ? Alors, partir, oui, afin de tenir sa propre promesse d'un avenir meilleur pour son enfant, une petite fille, et débarquer dans une ville de banlieue, pôle d'immigration agité de revendications identitaires. S'adapter à un nouveau monde sans perdre son regard critique, reconquérir des diplômes, faire ses preuves, lutter contre les préjugés qui frappent les ex-colonisés, se désoler avec les anciens du dépérissement du vieux bourg. Garder mémoire de la terre qui l'a faite, du père, moudjahid de la guerre d'Indépendance, dont la mort précoce laisse une blessure qui ne se referme pas. Garder mémoire de l'ancêtre, le cheikh tyrannique, de la grand-mère au grand coeur, des musiques et danses, des saveurs, des senteurs, des lumières et de la mer. C'est une voix qu'on entend, à laquelle Amel Djabar donne présence, la voix de la blédarde, une et plurielle.