Toute sa vie, André Suarès a nourri un immense amour pour la mer, ses ports et ses rivages, sa beauté et ses mystères. Ni le demi-siècle qu'il passa à Paris, ni son oeuvre abondante vouée aux plus nobles quêtes intellectuelles, esthétiques et spirituelles ne permettent cependant d'en prendre d'emblée conscience. On le sait natif de Marseille, mais auteur d'un hommage aussi tardif qu'ambigu à sa ville natale (Marsiho) ; on lui connaît un voyage breton au début du siècle, à l'origine d'un de ses premiers livres (Le Livre de I'Émeraude), resté toutefois moins célèbre que le Voyage du Condottière - ode à l'Italie et à ses trésors artistiques. La postérité a surtout retenu à vrai dire le portraitiste d'un grand nombre d'écrivains et d'artistes, l'essayiste prolifique courtisé par La Nouvelle Revue française et cent autres revues, le pamphlétaire anti-germaniste, prophète de la tragédie hitlérienne.
N'oublions pas trop vite, dans les interstices d'une vie et d'une oeuvre animées par la passion de l'art et la recherche de la grandeur, le Provençal épris d'otium marin loin des mesquineries et de l'agitation de la vie littéraire parisienne, le fils adoptif des rivages de Cornouaille, le contemplateur sensuel des beautés méditerranéennes. Suarès s'est défini une fois pour toutes comme "homme de la mer avant tout".
A. de R.
Cette riche anthologie, complétée par des notices et des index, a été conçue par Antoine de Rosny, professeur de lettres classiques et membre du comité Suarès. Elle met en lumière une clef de lecture méconnue de l'oeuvre d'André Suarès (1868-1948), l'un des pionniers de La NRF, et constitue une merveilleuse invitation au voyage.
À l'instar de Stendhal qu'il admirait, André Suarès (1868-1948) est un écrivain pour « happy few » mais aussi l'un des grands esprits du XXe siècle. Ami d'André Gide, il n'a jamais soutenu Staline ; contemporain de Maurras, il n'a jamais versé dans le fascisme. À l'inverse, il a eu à subir les rigueurs du régime de Vichy qui l'a contraint à se cacher lors de la Seconde Guerre mondiale, et s'il est une voix, qui, dès les années 1920 et tout au long des années 1930, s'est élevée contre le fascisme en Italie et le nazisme en Allemagne, ce fut la sienne. Celle d'un prophète dans le désert.
Fort d'un courage puisé dans les exemples d'Agrippa d'Aubigné, Chénier ou Hugo et de son seul génie verbal et visionnaire, il a décrit avec une acuité sans faille l'essence du totalitarisme qu'il a cernée comme nul autre en son temps en France. Il a mis en garde contre les dangers mortifères d'une déflagration mondiale qu'il a vue venir et combattu la « Bible des Gorilles » dont l'un des premiers il a dénoncé l'Apocalypse fatale.
Il est temps de lire ces textes, en particulier sa Chronique de Caërdal, du nom du héros légendaire qu'il s'était choisi. Publiée entre janvier 1939 et juin 1940 dans la NRF, elle n'a pas été épargnée par la censure. Ces textes inédits en volume, composés dans une langue souveraine, restent d'une actualité brûlante.
Édition établie et préfacée par Stéphane Barsacq
Cet essai paru en 1939 est une charge incantatoire, quasi mystique, contre la barbarie d'Hitler et la délirante romanité mussolinienne. Cette analyse, achevée en 1935, prévoyait la barbarie qui bientôt s'abattrait sur l'Europe.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Au cours des premières décennies de ce siècle, la renommée d'André Suarès (1868 - 1948) fut presque aussi haute que celle de Gide, Claudel, Péguy, Romain Rolland, Valéry. Maître à penser de plusieurs générations d'écrivains et d'intellectuels, Suarès fut, à travers plus de quatre-vingts livres dont le célèbre Voyage du Condottière, tour à tour essayiste, biographe, critique, dramaturge, historien, philosophe, polémiste politique. Mais il se voulait d'abord poète. Or c'est l'aspect le plus méconnu de son oeuvre. Ses poèmes en prose proposent une vaste méditation sur la grandeur et l'ascétisme. Ainsi Bouclier du zodiaque, conçu entre 1900 et 1905, est-il un livre secret d'un lyrisme éclatant. Au rythme des mois, Suarès y évoque la fatalité des passions de l'homme et de la femme. Aux saisons de la nature, éclairées par le feu du soleil qui donne élan et force, répondent les sentiments de l'homme. Suarès voulait faire du Bouclier un bréviaire, un office mystique. Sa ferveur lyrique nous éblouit.
Au cours des premières décennies de ce siècle, la renommée d'André Suarès (1868 - 1948) fut presque aussi haute que celle de Gide, Claudel, Péguy, Romain Rolland, Valéry. Maître à penser de plusieurs générations d'écrivains et d'intellectuels, Suarès fut, à travers plus de quatre-vingts livres dont le célèbre Voyage du Condottière, tour à tour essayiste, biographe, critique, dramaturge, historien, philosophe, polémiste politique. Mais il se voulait d'abord poète. Or c'est l'aspect le plus méconnu de son oeuvre. Ses poèmes en prose proposent une vaste méditation sur la grandeur et l'ascétisme. Ainsi Bouclier du zodiaque, conçu entre 1900 et 1905, est-il un livre secret d'un lyrisme éclatant. Au rythme des mois, Suarès y évoque la fatalité des passions de l'homme et de la femme. Aux saisons de la nature, éclairées par le feu du soleil qui donne élan et force, répondent les sentiments de l'homme. Suarès voulait faire du Bouclier un bréviaire, un office mystique. Sa ferveur lyrique nous éblouit.
Texte intégral révisé suivi des biographies de Charles Péguy et d'André Suarès. Charles Péguy, pour qui "tout commence par la mystique et finit en politique", auteur de plusieurs Jeanne d'Arc et infatiguable éditeur des Cahiers de la Quinzaine, rejoint avec allégresse son affectation de lieutenant d'infanterie aux premiers jours de la Grande Guerre. Un mois plus tard, le samedi 5 septembre 1914, veille de la bataille de la Marne, il meurt à Villeroy, tué d'une balle au front à l'âge de 41 ans. En dressant son portrait, c'est à ce Péguy mort au champ d'honneur, représentant emblématique d'une certaine mystique républicaine et patriotique française, que son ami André Suarès rend ici un vibrant hommage. "C'est vers Péguy que je me tourne. C'est lui que je visite. Entre les saints de la Marne, c'est lui que j'ai le mieux connu et que je vis le dernier. Et en célébrant la plus grande victoire de tous les temps, la plus pure et la plus belle, c'est Péguy que je célèbre."
Texte intégral révisé suivi d'une biographie d'André Suarès. Parmi les grands voyageurs de la littérature, Suarès occupe une place originale. Ce n'est pas pour se distraire qu'il parcourt l'Italie, de Florence à Venise et à Sienne en passant par Milan, Gênes et nombre de petites villes: il s'y engage avec toute son âme. Le Condottiere, c'est lui, un "homme pour qui la plus haute puissance n'a jamais été que la possession et l'exercice du plus bel amour". "On ne voyage, dit-il encore, que pour faire une conquête ou pour être conquis (...) Le Condottiere rêve d'être conquis en conquérant." Maître d'une haute culture, contemplant les oeuvres de Fra Angelico, Léonard de Vinci, Botticelli, Michel-Ange, Giotto, Dante, Piero della Francesca, Véronèse, Monteverdi ou Titien, il ne s'arrête jamais à l'objet pur et simple ou au pittoresque: de tout il essaie de tirer une leçon spirituelle, il cherche l'homme lui-même. Il prend parti, et souvent avec injustice. Mais ses nombreux parti pris n'empêchent pas sa passion d'être lucide. Naturellement, son Italie de prédilection n'est pas celle de l'Antiquité, mais la terre fiévreuse et colorée du Moyen Âge, l'Italie des mystiques, des princes sanglants et des politiques perfides, qui sont à leur manière ses "professeurs d'énergie". Les lignes qu'il consacre à Botticelli disent peut-être la plus pure leçon de son voyage: "Délice d'une telle réserve, d'une ardeur si continue ! Ici la passion murmure: Éloigne-toi au rêve qu'elle appelle; ici, les personnes humaines peuvent s'avancer dans la vie: elles sont enveloppées de leur propre mystère, comme les dieux, et voilées comme eux, de leur perfection, quand ils voyagent sur la terre..."
Si la musique française est, comme au vivace moyen-âge et aux temps tumultueux de la première Renaissance, l'exemple et la parure de l'Europe, on ne le doit réellement qu'à Debussy.
En Debussy, un sens admirable de la nature nourrit le sens harmonique. Il est poète en musique autant qu'on le puisse être. Les oeuvres qu'il voulait écrire n'en donnent pas une moindre idée que celles qu'il a écrites. Il lui fallait un texte, où il pût verser toute cette vie passionnée qui est le propre de la réalité musicale...
Robert Parienté est né le 19 septembre 1930 à Paris. Licencié en droit (Paris-Panthéon), journaliste dès 1954, il fera toute sa carrière à l'Équipe dont il sera successivement rédacteur en chef, directeur de la rédaction et directeur général adjoint jusqu'à septembre 1993. Spécialiste de l'olympisme, Robert Parienté est l'auteur de nombreux livres sur le sport, parmi lesquels Jazy, quinze cents à la une, Dictionnaire des Sports, Héros olympiques, La fabuleuse histoire des jeux olympiques, La fabuleuse histoire de l'athlétisme, Noblesse du Sport, illustré par Dunoyer de Segonzac. Il a également publié des ouvrages sur l'art, tels que Carnet de Venise, illustré par André Hambourg, Paris en toutes lettres, illustré par Dunoyer de Segonzac et André Hambourg, André Hambourg, monographie, et sur la littérature, dont André Suarès, l'insurgé, biographie couronnée par le prix Louis-Barthou de l'Académie française. André Hambourg est né le 4 mai 1909 à Paris. Après des études à l'École nationale des Arts décoratifs puis à l'École nationale des Beaux- Arts, il participe très vite aux principaux salons. En 1930, une exposition particulière lui est consacrée à Paris par H. Bénézit. Prix de la Villa Abd-el-Tif en 1933, il effectue de nombreux séjours en Afrique du Nord où il est mobilisé en 1939. Grand voyageur, peintre titulaire du ministère de la Marine, il ramène de ses voyages quantité de peintures et de dessins. Il travaille en Normandie, à Paris, en Provence, où il a ses ateliers. Graveur, lithographe, André Hambourg a illustré de nombreux ouvrages de bibliophilie. Refusant toute concession à ce qu'il appelle "le goût du jour", André Hambourg continue à mener une oeuvre très variée : figures, natures mortes, illustrations, dessins et grandes décorations murales. André Hambourg est commandeur de la Légion d'honneur et commandeur des Arts et Lettres.
Correspondre n'a jamais été mot aussi juste pour désigner l'activité épistolaire, tant les lettres de Gabriel Bounoure et d'André Suarès sont en adéquation totale quant à l'art d'écrire et l'intelligence du coeur. Qui est Gabriel Bounoure ? Un conseiller culturel en poste au Liban et en Syrie mais surtout le plus méconnu et le plus discret des grands critiques littéraires, notamment à la Nouvelle revue française. Paul Claudel a eu pour lui ce mot éloquent : « On écrirait volontiers un livre pour vous faire écrire une page. ». L'oeuvre d'André Suarès, maître trop secret de la littérature française, semble pâtir de sa prolixité et du caractère orageux de l'écrivain. Mais son Voyage du Condottière suffit, pour les amoureux du style, de l'art et de l'esprit, à le placer au centre de la bibliothèque de tout gentilhomme-lecteur. Cette correspondance inédite, enfin dévoilée, rend justice à l'un comme à l'autre. C'est une introduction à l'oeuvre complet de Suarès comme un manuel de critique littéraire, le témoignage d'une amitié profonde et sincère, le renversement généreux des rôles de maître et de disciple, un portrait et un autoportrait de Suarès, un lieu de méditations et l'expression chevaleresque de la quête spirituelle et poétique de deux âmes fortes. Entre 1913 et 1948, leurs échanges sont traversés par les échos de deux guerres mondiales (sublimes lettres du capitaine Bounoure), les difficultés morales, physiques et matérielles : et toujours la poésie s'éprouve comme le seul refuge et la seule consolation pour les temps obscurs.
En août 1869, Tolstoï part en voyage avec un serviteur pour acheter une propriété dans l'Est. Le soir, il fait halte dans une auberge d'un village nommé Arzamas et, à 2 heures du matin, il se sent terrassé par une crise d'angoisse, de terreur encore jamais ressentie : « Brusquement, ma vie s'arrêta [...] Je n'avais plus de désir ; je savais qu'il n'y avait rien à désirer. La vérité est que la vie était absurde. J'étais arrivé à l'abîme et je voyais que, devant moi, il n'y avait rien que la mort. Moi, l'homme bien portant et heureux, je sentais que je ne pouvais plus vivre. »
En 1884 le souvenir de la nuit d'Arzamas deviendra le sujet de Notes d'un fou.
Suivi de : Le Travail, la Mort et la Maladie par Léon Tolstoï
Annexe enrichie d'un hommage littéraire à « Tolstoï », par André Suarès
Format professionnel électronique © Ink Book édition.
«Je ne suis nullement l'intellectuel qui descend et condescend au peuple. Je suis peuple.» En ces termes d'une orgueilleuse modestie, Péguy situe exactement ses origines d'où lui vinrent, pour une large part, son originalité et sa force...
Péguy a disparu, mais son oeuvre demeure, plus vivante, plus puissante qu'elle ne fut jamais.
Il tomba, face à l'ennemi, en entraînant sa section contre l'Allemand qu'avant de mourir il eut la joie suprême de voir reculer. Il repose dans la grande plaine, sous une petite croix de bois où sont inscrits ces seuls mots: «Charles Péguy»; sa tombe est pressée au milieu des tombes des officiers, sous-officiers et soldats tombés en même temps que lui. Il repose comme il vécut: côte à côte avec ses camarades de combat qu'il excitait de ses exhortations et de son exemple.
Péguy voulait la grandeur : elle est venue vers lui, dans le feu, sur le champ de bataille le plus illustre de l'histoire. Il voulait être un héros : il le fut et il dort à Marathon. Il ne rêvait que d'être grand : il l'est.