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Gallimard
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Les antimodernes ; de Joseph de Maistre à Roland Barthes
Antoine Compagnon
- Gallimard
- Folio essais
- 26 Mai 2016
- 9782072651762
Qui sont les antimodernes ? Non pas les conservateurs, les académiques, les frileux, les pompiers, les réactionnaires, mais les modernes à contre-cur, malgré eux, à leur corps défendant, ceux qui avancent en regardant dans le rétroviseur, comme Sartre disait de Baudelaire. Ce livre poursuit le filon de la résistance à la modernité qui traverse toute la modernité et qui en quelque manière la définit, en la distinguant d'un modernisme naïf, zélateur du progrès.
Une première partie explore quelques grands thèmes caractéristiques du courant antimoderne aux XIXe et XXe siècles. Ces idées fixes sont au nombre de six : historique, la contre-révolution ; philosophique, les anti-Lumières ; morale, le pessimisme ; religieuse, le péché originel ; esthétique, le sublime ; et stylistique, la vitupération. Joseph de Maistre, Chateaubriand, Baudelaire, Flaubert d'un côté, de l'autre Proust, Caillois ou Cioran servent à dégager ces traits idéaux.
Une seconde partie examine quelques grandes figures antimodernes aux XIXe et XXe siècles ou, plutôt, quelques configurations antimodernes majeures : Lacordaire, Léon Bloy, Péguy, Albert Thibaudet et Julien Benda, Julien Gracq et, enfin, Roland Barthes, "à l'arrière-garde de l'avant-garde", comme il aimait se situer.
Entre les thèmes et les figures, des variations apparaissent, mais les antimodernes ont été le sel de la modernité, son revers ou son repli, sa réserve et sa ressource. Sans l'antimoderne, le moderne courait à sa perte, car les antimodernes ont donné la liberté aux modernes, ils ont été les modernes plus la liberté.
Prix de la Critique de l'Académie française 2006 -
Proust du côté juif
Antoine Compagnon
- Gallimard
- Bibliothèque des Histoires
- 3 Mars 2022
- 9782072959103
Antoine Compagnon s'est livré - après son cours au Collège de France - à l'approfondissement d'un sujet qui peut paraître marginal et qui s'est révélé d'une richesse intellectuelle et humaine assez extraordinaire. Il s'agit d'un côté de ce que Proust avait de juif dans son milieu familial, et de la traduction du judaïsme dans la Recherche du temps perdu qui a pu faire dire tantôt que Proust était antisémite, tantôt qu'il était un auteur kabbaliste. À travers l'érudition incroyable et la recherche d'archives menée par Antoine Compagnon, c'est tout un milieu qui ressurgit : celui de jeunes sionistes des années 1920 qui lisent Proust, le discutent, le commentent, se l'approprient et s'en servent comme point de référence ou de polémique. C'est le cas de gens très connus comme André Spire et les auteurs de la Revue juive (qui paraissait chez Gallimard sous la direction d'Albert Cohen) ou de la Tribune juive où écrivent des gens bien connus de la maison comme Benjamin Crémieux. Proust a souvent été affublé de la fidélité à un style de rabbin, et ce milieu des premiers lecteurs juifs de Proust est illustré presqu'à chaque page de ses portraits d'hommes - pour nous devenus inconnus -, et de commentateurs comme Albert Thibaudet, Gide, Péguy, Maurois ou encore Barrès.
C'est tout un côté de Proust qui prend une dimension à laquelle on ne s'attendait pas pour un livre à paraître au début de l'année commémorant le centenaire de la mort de l'auteur ; 2021 étant déjà le 150e anniversaire de sa naissance. Forte actualité commémorative, ce double anniversaire va être marqué par trois grandes expositions (Carnavalet, Proust, un roman parisien, décembre 2021, MAHJ, Proust et les juifs, mars 2022 et BNF automne 2022). -
Tout s'est joué durant la classe de première, quand je débarquai de la riante Amérique, au milieu des années soixante, et découvris l'un des établissements sévères où la vieille France instruisait ses futurs chefs. Je grandirais encore, mais je ne changerais plus. Du moins je vis sur cette illusion, comme si j'étais resté le même par la suite. Mon idée de ce pays était faite, mon sens de l'autorité et de l'indiscipline, de l'honneur et de la honte, de la fierté et de la servitude, de l'amitié et du mépris. Cette année-là, je l'entamai comme un bleu, l'éternel bizut tombé des nues, abîmé sur terre, et quelle terre! Je la terminai en pensant savoir qui j'étais et quel était le monde où j'allais vivre, un grand, un immense bahut, avec son ordre serré et son anarchie profonde, sa règle apparente et ses arbitraires incessants, ses peines et ses allégresses, ses mensonges, ses hypocrisies, ses passions.
Chacun se raconte une histoire à laquelle il s'attache. Dans mon roman, la rhéto a été le noeud fatidique. -
"Roland Barthes avait pensé intituler une conférence "Proust et moi". Après réflexion, il l'appela "Longtemps, je me suis couché de bonne heure". Non qu'il vît de la présomption dans la première formule. Employée par lui, disait-il, et non par un témoin, elle n'impliquait aucune comparaison, mais exprimait une identification. Loin de s'égaler à Proust, il entrait humblement dans ses pas.
Si je le comprends bien, il y aurait eu de l'audace de ma part à nommer ce livre-ci "Roland et moi", puisque je l'ai vu vivre durant quelques années. N'ayant pas côtoyé Proust, rien ne l'empêchait de dire "Proust et moi", tandis que je ne pourrais pas écrire "Roland et moi" en toute simplicité.
En vérité, il ne s'agit ni de se comparer ni de s'identifier, mais, trente-cinq ans après sa mort, de revenir, comme je le fais souvent dans ma tête, sur notre amitié, d'en parcourir les étapes, de fouiller dans ma mémoire, de retrouver ce que je lui dois, de lui rendre grâce pour ce qu'il m'a donné, pour les progrès qu'il m'a fait faire.
On ne se lance pas dans ce genre d'enquête si l'on ne se sent pas contraint et forcé. On y résiste jusqu'au moment où elle s'impose. Ceci est ma recherche de Roland."
Antoine Compagnon. -
Le cas Bernard Faÿ ; du collège de France à l'indignité nationale
Antoine Compagnon
- Gallimard
- La Suite des Temps
- 27 Avril 2012
- 9782072025778
Bernard Faÿ n'est plus guère connu aujourd'hui que pour son rôle dans la répression de la franc-maçonnerie sous le régime de Vichy. Son action à la tête de la Bibliothèque nationale de 1940 à 1944 lui valut les travaux forcés à la Libération.
Intrigué par le destin de cet intellectuel passé de Proust à Pétain et de l'avant-garde à la collaboration, Antoine Compagnon, dont Bernard Faÿ fut un lointain prédécesseur à l'université Columbia de New York, puis à Paris, au Collège de France, renouvelle en profondeur une enquête entamée par les historiens. Car l'homme demeurait très mystérieux.
Quels démons ont pu pousser cet américaniste éclairé, ouvert au monde moderne, familier de Gide, Cocteau, Crevel et Picasso, intime de Gertrude Stein, aux engagements les plus funestes auprès des autorités d'occupation et de leurs complices français, aux compromissions les plus basses avec la police et la SS ? Comment cet homme de haute culture, infirme et esthète, inverti et religieux, a-t-il pu consentir à l'ignominie de la délation ? Et pourquoi ne s'est-il jamais repenti ?
Tragique époque, ténébreux caractère, troublant portrait. -
à l'ombre de Maurice Barrès
Antoine Compagnon, Collectif
- Gallimard
- L'esprit de la cité
- 2 Novembre 2023
- 9782073034168
Le centenaire de la mort de Marcel Proust - "notre jeune homme", disait Maurice Barrès - a été célébré avec majesté en 2022. Et celui de Barrès, disparu en décembre 1923 ? Le "prince de la jeunesse" à la fin des années 1880, devenu durant la Grande Guerre le "rossignol du carnage", comme l'appelait Romain Rolland, ne s'est pas remis de son engagement antidreyfusard et nationaliste, de son appartenance à la Ligue de la patrie française en 1899 et de sa présidence de la Ligue des patriotes en 1914.
Comment le jeune individualiste insolent et vaguement anarchiste, zélateur du Culte du Moi, est-il devenu le chantre de "La Terre et les Morts" et le propagandiste de la tradition française ? "Barrès s'éloigne", observait Montherlant dès 1925. Plus tard, Zeev Sternhell le rendra responsable de l'invention du fascisme, sentence excessive mais raison suffisante de ne pas l'oublier.
Et le styliste n'aura cessé d'exercer une influence certaine sur les écrivains de l'entre-deux-guerres, Malraux, Drieu la Rochelle, Mauriac, Montherlant, et surtout Aragon, qui n'a jamais renié sa dette. L'Ennemi des lois, Les Déracinés, La Colline inspirée, avec lesquels grandirent plusieurs générations d'adolescents, sont peu disponibles en librairie aujourd'hui. Mais les historiens de l'art n'ignorent pas cet homme de lettres exceptionnel qui a tant parcouru l'Italie et l'Espagne et fait connaître leurs trésors.
Un siècle après sa mort, la place de Barrès dans la littérature française ne peut pas être ignorée.
Les auteurs : Antoine Compagnon, Jessica Desclaux, Grégoire Kauffmann, Alexandre de Vitry, Michel Winock, ainsi qu'Albert Thibaudet. -
Discours de réception d'Antoine Compagnon à l'Académie française et réponse de Pierre Nora : L'allocution prononcée à l'occasion de la remise de l'épée par Laurence Engel, Maryvonne de Saint Pulgent et Michel Zink
Pierre Nora, Antoine Compagnon
- Gallimard
- blanche
- 1 Janvier 2024
- 9782073051943
M. Antoine Compagnon, ayant été élu à l'Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Yves Pouliquen, y est venu prendre séance le jeudi 11 mai 2023. Extrait.
"Pourquoi vouloir entrer ici longtemps après avoir franchi le milieu du chemin ? La question me fut posée lors de mon élection avec d'autant plus de malice que je venais de publier un livre d'adieu sous le titre La Vie derrière soi. Quel meilleur moyen de mettre la vie derrière soi, put-on se gausser, que de prétendre à l'immortalité ? Descendre ces marches, c'est ouvrir un nouveau cycle : "Qui connaît la puissance du cercle, ne redoute plus la mort", écrivait Maurice Blanchot en citant Hugo von Hofmannsthal, qui lui-même citait Djalâl ad-Dîn Rûmî, le poète persan du XIIIe siècle. En ce jour, dans cette succession de boucles qu'est la vie, l'image de la spirale me vient à l'esprit, la spirale de Vico et de Michelet, la spirale de tous les poèmes comme feuilleton infini depuis l'Homère éternel, réincarné génération après génération, selon Shelley, Proust ou Borges, pour qui tous les livres se tiennent, n'en font qu'un." A. C. -
Le Collège de France ; cinq siècles de libre recherche
Antoine Compagnon, Pierre Corvol
- Gallimard
- Hors série Connaissance
- 29 Mai 2015
- 9782072568985
Bâti sur le principe de la liberté, le Collège de France, fondé par François Ier en 1530, est la seule institution publique à avoir survécu intacte à la Révolution. Au départ consacré à l'étude du grec, de l'hébreu et des mathématiques, enseignements absents de l'Université de Paris, le Collège de France a favorisé l'émergence de nouvelles disciplines dans des champs aussi variés que l'orientalisme, les mathématiques, les sciences expérimentales, la poétique, l'anthropologie sociale, la cosmologie, la physique quantique ou la biologie. Bien que dépendant directement du roi, et de la tutelle des régimes successifs, les "lecteurs royaux", puis "professeurs", ont eu pour mission d'enseigner non pas des programmes établis préparant à des diplômes, mais bien leur libre recherche "en voie de se faire". Cette formule d'Ernest Renan, professeur de langue et de littérature hébraïques à la fin du XIXe siècle, reste pertinente pour caractériser l'activité scientifique des 52 professeurs actuels du Collège, qui se déploie sur trois sites principaux à Paris. L'enseignement, en partie délocalisé dans toute la France et à l'étranger, est aussi largement diffusé à travers le monde par Internet.
À travers des portraits de savants, des documents d'archives anciens et actuels inédits, de fonds scientifiques de ses professeurs, le lecteur découvrira le fonctionnement unique d'un des plus hauts lieux de la recherche en France et l'histoire de cette institution, dont "la tradition est le changement". Le Collège de France a en effet perpétué ses traditions séculaires tout en demeurant le lieu de toutes les avancées scientifiques depuis la Renaissance.