Les langues savent sur nous des choses que nous ignorons. Elles diffèrent non par les mots, qui voyagent et s'échangent par familles, mais par leurs idéalisations collectives, logées dans leur morphologie.
Aujourd'hui, la langue française est en passe de s'effondrer en une sorte de dialecte de l'empire anglo-saxon - ce qui implique un autre Réel, autant qu'un infléchissement collectif des visions du monde et des relations humaines, dont aucun politique, semble-t-il, n'a la première idée.
« Speak white !», partout résonne l'injonction de parler la langue du maître : nous soumettrons-nous ? Mais pourquoi renoncer au bonheur de parler français ?
Qu'est-ce qui constitue le projet d'une langue, en quoi la langue française est-elle à nulle autre pareille ? Comment croire et comprendre qu'elle disparaît sous nos yeux à une telle vitesse, et avec elle une civilisation ?
Ces pages s'attachent à identifier un héritage collectif inestimable, à donner la mesure d'un trésor. Écrites dans un style délié et jubilant, elles se lisent non comme un éloge ou une célébration, mais comme une suite de dévoilements par lesquels se révèle la richesse d'un français que nous utilisons en sous-régime, inconscients le plus souvent de ses immenses possibilités. Le lecteur, hautement réjoui par l'éblouissante érudition de ce texte, trouvera, plus que la description d'un désastre à venir, un chant d'amour à notre langue, qui se pose aussi en oeuvre de salut public.
Prix François Mauriac 2015
Grand Prix Deluen 2015
« Pour la première fois dans l'histoire, l'humanité tout entière réagit en même temps comme un seul humain à l'approche de la mort. C'est ainsi que l'on peut reconnaître dans cet accroissement d'intensité collective tous les comportements de l'homme devant la mort qui rôde, courage et lâcheté, culpabilité, élévation d'âme, blagues proliférantes pour conjurer l'angoisse, et ce sentiment du moment ultime qui est sans doute le plus fréquent à mesure qu'elle s'approche : l'incrédulité. » Alain Borer