Rimbaud, la fulgurance d'un destin hors du commun. Alain Borer est parti sur les traces du poète, explorant à son tour les lignes de fuite qui l'ont conduit en Abyssinie. Jusqu'aux lieux désormais consacrés de sa mythologie, Aden et Harar. Enquête érudite, récit de voyage, roman philosophique ou poème d'aujourd'hui, Un sieur Rimbaud rassemble les figures contrastées d'un personnage énigmatique et fascinant. La vie de Rimbaud comme une épopée.
Les langues savent sur nous des choses que nous ignorons. Elles diffèrent non par les mots, qui voyagent et s'échangent par familles, mais par leurs idéalisations collectives, logées dans leur morphologie.
Aujourd'hui, la langue française est en passe de s'effondrer en une sorte de dialecte de l'empire anglo-saxon - ce qui implique un autre Réel, autant qu'un infléchissement collectif des visions du monde et des relations humaines, dont aucun politique, semble-t-il, n'a la première idée.
« Speak white !», partout résonne l'injonction de parler la langue du maître : nous soumettrons-nous ? Mais pourquoi renoncer au bonheur de parler français ?
Qu'est-ce qui constitue le projet d'une langue, en quoi la langue française est-elle à nulle autre pareille ? Comment croire et comprendre qu'elle disparaît sous nos yeux à une telle vitesse, et avec elle une civilisation ?
Ces pages s'attachent à identifier un héritage collectif inestimable, à donner la mesure d'un trésor. Écrites dans un style délié et jubilant, elles se lisent non comme un éloge ou une célébration, mais comme une suite de dévoilements par lesquels se révèle la richesse d'un français que nous utilisons en sous-régime, inconscients le plus souvent de ses immenses possibilités. Le lecteur, hautement réjoui par l'éblouissante érudition de ce texte, trouvera, plus que la description d'un désastre à venir, un chant d'amour à notre langue, qui se pose aussi en oeuvre de salut public.
Prix François Mauriac 2015
Grand Prix Deluen 2015
Rimbaud en Abyssinie. Le 13 décembre 1880, à vingt-sept ans, Arthur Rimbaud arrive à Harar, aux confins désertiques de l'Est éthiopien, pays qui était alors appelé Abyssinie. Quelques voyages précédents (Java, Chypre, entre autres) n'avaient fait qu'annoncer le dernier départ de Rimbaud, "l'homme qui fuit" et qui devait désormais devenir la plus haute hantise de la littérature occidentale.
Quatre-vingt-dix-sept ans plus tard, un jeune écrivain français, également âgé de vingt-sept ans, arrive à Harar. Il sillonne le pays, interroge partout les gens, pousse même, sur les traces de Rimbaud, jusqu'en Egypte où l'on sait qu'un grand bloc, très haut sur l'un des murs du temple de Louqsor, porte l'inscription RIMBAUD, en grandes lettres majuscules creusées dans la pierre, seule trace laissée (peut-être, peut-être pas) par le poète.
Alain Borer rapportera de ce voyage un livre inclassable, autant qu'on puisse dire "inclassable" une obsession littéraire aussi belle, et portée avec rigueur (celle du rimbaldien et de l'exégète qui se livre à la critique des textes et des correspondances) jusqu'à l'emportement, jusqu'à l'extrême fantaisie, décidé en somme à tout dire de cette course fabuleuse.
On peut lire Rimbaud en Abyssinie comme un récit de voyage ou comme un roman philosophique : on peut le lire aussi comme un essai qui chercherait à épuiser la question, ou, tout simplement comme un poème d'aujourd'hui. Disons : un morceau du poème gigantesque que chacun porte en soi quand il a lu Rimbaud. Dans tous les cas, il convient, au détour de sa lecture, de fixer un instant ses yeux sur cette image définitive de la littérature: "Un sieur Rimbaud, se disant négociant" part à cheval, déguisé en marchand mahométan, pour "trafiquer dans l'inconnu".
Rimbaud d'Arabie. A vingt-quatre ans, Rimbaud avait " le teint sombre d'un Kabyle ". Sur la route d'Attigny, dans la campagne violette des Ardennes, il avait quitté brusquement son ami Delahaye: " La fièvre!... La fièvre me talonne! Il me faut le climat chaud du Levant. " Son ami ne devait plus jamais le revoir.
Delahaye lui écrit deux ans plus tard, en décembre 1881: Mme Rimbaud ouvre elle-même la lettre et répond à Delahaye que son " pauvre Arthur " se trouve alors " en Arabie ".
Au début de notre ère, un terrible ouragan dévaste ces hautes vallées du Caucase que l'on appelait le "Ventre du monde". Pour se venger du Vent, un bûcheron géorgien, Koba, chef des Abreks, décrète l'extermination des dieux, de tous les dieux, où qu'ils se trouvent.
Alors commence cette chasse insensée : les "Insoumis", ainsi s'appellent-ils eux-mêmes, déferlent sur les hauts plateaux d'Arménie, installant partout, jusque dans les chemins de neige, des pièges à dieux. Koba s'écrie : "Que les dieux nous blâment à leur guise ! Laissons-les pousser des cris de rage ; même s'ils se lèvent contre nous, nous serons vainqueurs !"
Pour se rendre plus effrayants, les Abreks s'enduisent de glu et se roulent dans les chardons. Massacres, viols et pillages s'enchaînent : Ninive est en flammes, Babylone mise à sac. Dans les déserts de Syrie, des juifs leur parlent d'un certain Elohim, un dieu qui passe dans la brise et qui chuchote. Qu'à cela ne tienne : Jérusalem investie, les chercheurs de dieux dévorent et mâchent les rouleaux de la Torah. Le Sinaï franchi, Koba et ses hordes ensanglantées dévastent les rives du Nil, "le Nil couleur de carnage et d'incendie"... puis rageusement s'embarquent pour la Grèce, à destination du mont Olympe, le repaire des dieux inaccessible aux hommes.
On le sait, c'est surtout à mi-chemin des mythes et de l'Histoire que les dieux ont tendance à pulluler : c'est donc là que Koba inscrit sa guerre personnelle - une guerre totale par laquelle le Guide, à la recherche du Grand Coupable, pourchassant dieux et hommes jusqu'au dernier, devient dieu lui-même. En ce sens, Koba est au-delà de Prométhée, il est lui-même l'injure définitive, l'injure bariolée, hoquetante et inépuisable qu'on fait aux dieux.
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Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
« Pour la première fois dans l'histoire, l'humanité tout entière réagit en même temps comme un seul humain à l'approche de la mort. C'est ainsi que l'on peut reconnaître dans cet accroissement d'intensité collective tous les comportements de l'homme devant la mort qui rôde, courage et lâcheté, culpabilité, élévation d'âme, blagues proliférantes pour conjurer l'angoisse, et ce sentiment du moment ultime qui est sans doute le plus fréquent à mesure qu'elle s'approche : l'incrédulité. » Alain Borer