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« Des vêtements à peine écartés, des ventres et des reins maladroitement caressés. Des intentions plus que des actes. On donne, on offre, on laisse à l'autre le soin de prendre, de saisir, de posséder. Mais l'autre est dans le trouble de la conquête, avec le trop-plein de lumière qui éclaire la chambre. Il est difficile d'accéder au secret en plein jour. Alors les yeux se ferment, les doigts s'agrippent et les cuisses s'extraient des pantalons. Il cherche, soulève, accélère. Je veux bien, veux tout, ne résiste pas. »Avoir un corps est la trajectoire d'une enfant qui devient fille, puis femme, racontée du point de vue du corps, une traversée de l'existence, véritable aventure au quotidien où il est question d'éducation, de pudeur, de séduction, d'équilibre, d'amour, de sensualité, de travail, de maternité, d'ivresse, de deuil et de métamorphoses. L'écriture au réalisme vibrant, sensible et souvent drôle, interroge ce corps qui échappe parfois, qui ravit ou qui trahit. Un roman qui rappelle que la tête et le corps entretiennent un dialogue des plus serrés, des plus énigmatiques
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Onze voix, onze personnages racontent la fin de l'amour.
Comment tout cela est-il arrivé ? Agacements, baisers distraits, affrontements, histoires ratées avant d'avoir commencé, c'est le couple mis à nu, sans les artifices de la fiction. Le couple déchiré et meurtri, quand l'autre n'est plus désiré ou qu'il ne nous désire plus. Quand la conversation amoureuse fait place au monologue et aux reproches. On ne se supporte plus, on ne rêve plus ensemble, on va se séparer. On va parler aux enfants. Ou bien on pense rattraper le temps perdu et on se tait pour éviter le naufrage. La fin de l'amour c'est aussi la disparition de l'être aimé à qui l'on parle seul dans le noir et sans lequel on ne sait plus où est sa place.
Ces histoires nous sont familières, nous y retrouvons nos petits arrangements, nos déceptions, notre violence aussi. C'est la vie ordinaire des hommes et des femmes qui tentent, depuis des siècles, l'aventure de l'amour. -
Partie en Allemagne comme jeune fille au pair, Laura, à dix-sept ans, découvre tout d'abord qu'elle ne connaît pas si bien la langue de ce pays étranger. Puis c'est au tour de la famille qui l'accueille, un couple et deux enfants, de la troubler par leur simple mode de vie, leur comportement, leurs habitudes. Est-elle venue pour s'occuper des enfants, pour effectuer des tâches ménagères, pour parfaire cette langue ou tout simplement pour grandir enfin ? Elle est arrivée dans une famille banale qui paraît moins déchirée que la sienne, moins lourde de secrets et pourtant, peu à peu, Laura va affronter plusieurs mystères : mystère des origines, de la transmission. Elle aimerait tant déceler à travers ces personnages une vérité, un sens qui lui permettraient enfin de combler les vides et les silences de son adolescence interminable. Reconnaît-elle en s'attachant au seul garçon de la famille le petit frère qu'elle a perdu ? A-t-elle raison d'attendre avec autant de fièvre des nouvelles des siens restés en France ? Parce qu'elle retrouve chez le grand-père des enfants un exemplaire de Mein Kampf, elle est prête à tirer des conclusions hâtives et ne peut s'empêcher de lire ces pages frappées d'interdit qui la révulsent tout en la fascinant. La mère des enfants tombe malade. Le père semble se rapprocher de Laura chaque jour. Que recherche-t-il auprès d'elle ? Laura se demande quel est le prix à payer pour devenir une femme, affronter l'avenir, quitter cette maison pour rentrer dans la sienne.
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« Les nuits où je ne dormais pas, j'ouvrais le velux et je m'installais sur le toit, j'étais le seul dans la cité à jouir de ce privilège, passer la nuit à la belle étoile, dans le plus grand secret. Le ciel était-il le même ici qu'au Portugal, les constellations étaient-elles visibles depuis la lucarne de la prison de Peniche où mon père avait été enfermé ? »
En ce début des années soixante-dix, Olivio et sa mère viennent de fuir la dictature portugaise. Ils s'installent dans une banlieue lyonnaise et emménagent bientôt chez Max, un rapatrié d'Algérie, avec qui ils espèrent un nouveau départ. Alors que Max accepte mal l'adolescent, Olivio se lie à Ahmed, un immigré algérien de son âge, auprès de qui il trouve tendresse et réconfort.
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Au lieu d'aménager la maison qu'il vient juste de faire construire, le narrateur de Pas d'inquiétude va être contraint de prendre un long congé pour rester près de son fils malade et s'installe avec lui dans un tête à tête fait de gestes et d'actes inédits chaque jour réinventés.
Homme au foyer malgré lui, il s'éloigne de l'imprimerie où il travaille et de Manu, l'ami indispensable, et glisse dans une vie domestique et invisible, pendant que sa femme, récemment embauchée dans une PME, ne peut se permettre aucune absence et n'a d'autre alternative que se dévouer à son poste.
Cette famille ordinaire perd petit à petit ses relations sociales et ses repères, happée par la logique de la maladie qui donne soudain un autre sens à son existence, fait voler en éclat la place de chacun, celle des parents autant que celle de Lisa, la grande soeur, et voit la vie des autres se dérouler à l'extérieur, soudain irréelle et inaccessible. Le jour où les collègues de l'imprimerie donnent chacun de leurs congés pour permettre au père de renouveler les journées qu'il consacre à Mehdi, cet élan de solidarité radical et inattendu bouleverse codes et habitudes, et se pose alors, de manière plus forte encore, la question de l'équilibre entre sphère sociale et sphère familiale.
Tout finit par se nouer autour de ce nouveau temps imparti, inespéré mais qui agit comme un piège, tant il est compliqué de recevoir un tel cadeau. Dans un monde où la solidarité est loin d'être une norme, la générosité des collègues rassure autant qu'elle déstabilise, d'autant qu'ils offrent du temps et non de l'argent.
Le récit tente de sonder ce que serait une vie dédiée à l'autre, aux autres, de même qu'il pose la question du don, de la dette, de la soumission et la domination, tout en interrogeant : qu'est-ce qu'être un père aujourd'hui, et qu'est-ce qu'être un couple de parents ? -
"Ca veut dire quoi grandir ? Ca veut dire qu'un jour on s'ennuie. On n'a pas envie d'être là, on a envie d'être nulle part, ni de rentrer à la maison, ni d'aller chez notre père. Voilà ce que ça veut dire. Voir ce qu'on a voulu nous cacher et qui pourtant nous crevait les yeux. Ne pas savoir que faire de sa peau, hésiter entre dedans et dehors, avoir l'impression qu'on gêne. On vaudrait s'excuser d'être là, dans l'embrasure des portes. On voudrait débarrasser le plancher, disparaître. On pourrait croire qu'on étouffe la nuit à cause de la chaleur. Alors on dort la fenêtre ouverte. On est tapis, chacun dans son lit, apeurés, on attend."
Brigitte Giraud est née en 1960. Nico est son deuxième romand après La Chambre des parents (Fayard, 1997). -
Marée noire est un long monologue adressé à un homme inaccessible, dont la femme morte hante la mémoire. Linda va tenter de réinventer une famille avec cet homme et son fils adolescent, tenter de les apprivoiser et de les sauver du désespoir. A quarante ans, elle est mère de deux petites filles dont le père est parti il y a quelques années. Comment trouver sa place sans marcher sur les pas de la disparue ? Comment vivre avec un enfant meurtri dont on n'est pas la mère ? Vivre après. Après l'amour, après la mort, vivre ce qui devrait ressembler au bonheur, tel est le combat que mène Linda pour exister aux yeux de cet homme perdu. Quinze jours dans les collines qui surplombent l'océan vont - peut-être - permettre à ces êtres d'envisager ensemble une histoire nouvelle. Ces vacances où chacun s'observe, se cherche, se met à l'épreuve et s'aime maladroitement sont placées sous le signe de l'inquiétude et de l'espoir. Jusqu'au jour où un pétrolier fait naufrage et où la douleur des personnages fait écho à la douleur des habitants de la côte souillée. Dès les premières pages de ce beau roman d'amour sombre, la tragédie est en place. Les trajets en voiture, les baignades dans la piscine, un essaim d'abeilles suffisent à faire naître la tension et la proximité de la forêt devient une menace. La narratrice restitue les moindres failles et dérapages de ce huis clos, mais jusqu'au dénouement, nous voulons croire avec elle que le bonheur est à nouveau possible.
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Ce roman est l'histoire de Nadia, enfant puis adolescente, qui apprend à lire et à découvrir le monde. Deux univers se font face : celui de l'école et celui de la maison, presque étanches. Qu'est-ce que la géographie, avec ses caps et ses péninsules, ses systèmes climatiques et ses sommets culminants, face à la géographie intime de chaque élève ? Qu'est-ce que l'Histoire, avec ses dates et ses héros, face à l'histoire ordinaire de Nadia ? Nadia qui vit dans une Zone à Urbaniser en Priorité au lendemain de la guerre d'Algérie ? Comment expliquer que cette guerre-là ne figure dans aucun livre ? Ce n'est pas à l'école qu'elle entend parler des Pieds-Noirs, des Harkis, des Fellaghas et des ratonnades, mais dans l'escalier de son immeuble. Ce n'est pas à l'école qu'elle apprend qu'elle est une fille d'appelé. Elle devra trouver par elle-même une définition à tous ces mots-là. Ce n'est pas ce qu'on apprend à l'école qui importe, mais comment l'école modèle notre vision du monde, comment cet univers parallèle est le dénominateur commun d'une génération. Répondre à l'appel, attendre son tour, lever son ardoise avec la bonne réponse, attendre de son institutrice qu'elle vous regarde... Et aussi être le témoin complaisant des séances de punitions qui dérapent, apprendre à mentir aux adultes, à leur résister.