Cet ouvrage questionne la notion polysémique d'espace et la tension qu'elle génère entre une anthropologie dans l'espace et dans les lieux (vus comme contexte) et l'anthropologie de l'espace et des lieux (vus comme objet). Un point de départ partagé réunit les différentes contributions : toujours considérer espaces et lieux à la fois dans leur épaisseur, leur matérialité, et pour leur portée immatérielle. Il s'agit dès lors d'ouvrir sur des formes de co-productions en actes entre espaces, lieux et sujets, groupes ou institutions. Quels acteurs, anthropologues, sociologues, politistes, philosophes, géographes, architectes, artistes, membres d'associations, s'affrontent à cette tension ? Leurs raisons, leurs méthodes, leurs intentions sont-elles communes, singulières ou soumises à controverses ?
Cet ouvrage se veut un hommage critique à l'oeuvre de Paola Tabet, anthropologue féministe qui contesta dès les années 1980 la distinction convenue entre sexualité « ordinaire » et sexualité « commerciale ». Des maisons de passe en Bolivie aux clubs libertins parisiens, de l'homosexualité au Maroc aux mariages de convenance, il propose de repenser les logiques de l'échange économico-sexuel et des rapports de genre qui le fondent. Le regard de chercheurs de terrain montre combien sont ténues les frontières qui séparent intérêts et sentiments, contraintes et plaisirs, égalité et domination. En définitive, les transactions sexuelles apparaissent conditionnées par des rapports de pouvoir où interviennent en particulier la classe sociale, la « race », l'âge ou l'orientation sexuelle.