Dans cet ouvrage, l'auteure montre comment la pensée de Spinoza se constitue et nous constitue aujourd'hui. Elle expose sa pratique de l'histoire de la philosophie fondée sur le double mouvement du pointillisme méthodologique et de l'appréhension des lignes de force. Elle s'interroge à la fois sur la puissance des mots, leur présence ou leur absence dans le corpus, qui vient torpiller les grandes machines interprétatives, et sur la dynamique des idées qui poursuivent leur vie propre durant les siècles. À travers l'étude de la composition des corps - corps animal, corps humain, corps propre, corps politique - et l'examen de la force actuelle de ses idées dans différents champs, il s'agit de penser Spinoza à l'oeuvre, tel que ses textes, à la lettre, opèrent encore et toujours sur nos esprits.
Conçue pour les lycéens, les étudiants préparant le DEUG ou les concours des grandes Ecoles, la collection "Philosopher" s'organise autour des grandes notions du programme de philosophie des classes terminales. "La fonction de penser ne se délègue point" disait Alain. Si philosopher c'est s'interroger sur le sens des mots et des choses, cette collection est une invitation à l'effort de chacun pour penser par soi-même. A la fois essai et cours rédigé, chaque titre est un auxiliaire précieux pour l'exercice difficile de la dissertation.
Issu d'un colloque international organisé à l'Université Paris I, en janvier 2003, dans le cadre du Centre d'Histoire des Systèmes de Pensée Moderne, cet ouvrage consacré aux Pensées métaphysiques de Spinoza vise à ouvrir les investigations au sujet d'un texte que, dans leur embarras, les commentateurs passent généralement sous silence. Ni tout à fait cartésien, comme les Principes de la philosophie de Descartes dont il est l'appendice, ni tout à fait spinoziste, si l'on en croit la mise en garde de Louis Meyer dans la préface, cet écrit de jeunesse est particulièrement intéressant, malgré son apparence mineure, car il invite à réfléchir sur la définition de ce qu'est un auteur et sur la question des stratégies d'écriture destinées à préparer la réception d'un nouveau système. De l'examen de la conception de Dieu à celle de l'écriture, de l'histoire de la vérité aux figures de la liberté et de la volonté, les différentes analyses rassemblées dans ce recueil partagent le souci de frayer des voies d'interprétation qui restituent aux Pensées métaphysiques toute leur puissance spéculative et éclairent la lecture de ce texte déroutant.
L'ouvrage explore les diverses facettes physiques, mentales et psychophysiques de la puissance d'agir chez Spinoza, de la peur de la mort qui en constitue le plus bas degré à la jouissance de l'éternité qui en est l'acmé. À travers une série de variations regroupées autour de quatre principaux thèmes - l'éternité de l'esprit, la positivité du faux, Spinoza dans le temps, corps et affects - il s'agit de ressaisir la puissance dans l'impuissance, la fortitude dans la finitude, et d'exprimer la positivité du négatif en allant chercher la puissance là où l'on ne s'attendrait pas à la trouver. Les trois premières parties examinent la puissance mentale qui culmine avec la conscience de l'éternité de l'entendement, mais qui se manifeste aussi bien à travers la persistance d'un noyau de positivité au sein même des notions confuses et des idées inadéquates, comme le bien et le mal, qu'à travers la permanence de ce que l'on pourrait appeler l'esprit du spinozisme dans le temps. À ces expressions mentales de la puissance d'agir font pendant les variations physiques et psychophysiques de la quatrième partie où sont analysées, d'une part, les capacités du corps et son aptitude à se faire reconnaître comme humain en lui-même et par lui-même, et d'autre part, les modifications affectives de la puissance d'agir, de la mort à l'amour, de la servitude passionnelle à la fortitude retrouvée.
Le XVIIe siècle est souvent présenté comme le siècle de la raison, mais cette évidence ne doit pas faire oublier qu'il fut d'abord une époque de crise et de rupture par rapport aux Anciens et à l'École. Confronté à l'incapacité des philosophies antérieures de parvenir à une certitude incontestée, l'esprit en vient à douter de lui-même, à s'interroger sur sa faculté de savoir et sur ses conditions d'exercice. Est-il possible de fonder un jugement théorique et moral sûr et de surmonter le scepticisme ? L'entendement est-il disposé naturellement au vrai ou a-t-il besoin d'une réforme radicale ? L'imagination est-elle vouée à l'erreur ou peut-elle jouer un rôle fécond dans l'élaboration du savoir ? Autant de questions qui travaillent en profondeur les différents systèmes philosophiques et les invitent à résoudre la crise du savoir par la mise en place de méthodes nouvelles, par l'invention d'une logique, et la redéfinition des fonctions de la raison et de l'imagination. Issu d'une coopération franco-hongroise, cet ouvrage consacré aux facultés de l'âme vise moins à examiner les progrès du rationalisme à l'âge classique que les difficultés et les interrogations qui ont présidé à sa constitution.