Découvrir la noblesse de l'odorat, tel est le but de ce livre, qui fait d'un sens négligé un objet de réflexion à part entière. Chantal Jaquet remet en cause les préjugés sur l'odorat comme sa prétendue faiblesse, son caractère primitif ou immoral et met au jour la manière dont l'esprit nous vient aussi du nez. Le rôle décisif des odeurs dans la constitution de la mémoire et de l'affectivité ainsi que dans la construction de l'identité et de l'altérité est rappelé. Cette réhabilitation de l'odorat vise la promotion d'un véritable art olfactif qui dépasse le simple usage cosmétique des parfums et substitue le « sentir beau » au « sentir bon ». L'élaboration d'une esthétique olfactive repose sur la recherche des expressions artistiques de l'odeur, aussi bien dans la littérature de Huysmans, Balzac et Proust, que dans la musique de Debussy, la peinture de Gauguin ou la sculpture de Rodin. Elle s'appuie également sur les tentatives historiques de création pure de parfums ou les installations dans l'art contemporain.
Dans cet ouvrage, l'auteure montre comment la pensée de Spinoza se constitue et nous constitue aujourd'hui. Elle expose sa pratique de l'histoire de la philosophie fondée sur le double mouvement du pointillisme méthodologique et de l'appréhension des lignes de force. Elle s'interroge à la fois sur la puissance des mots, leur présence ou leur absence dans le corpus, qui vient torpiller les grandes machines interprétatives, et sur la dynamique des idées qui poursuivent leur vie propre durant les siècles. À travers l'étude de la composition des corps - corps animal, corps humain, corps propre, corps politique - et l'examen de la force actuelle de ses idées dans différents champs, il s'agit de penser Spinoza à l'oeuvre, tel que ses textes, à la lettre, opèrent encore et toujours sur nos esprits.
Que peut au juste le corps ? Telle est l'interrogation qui sous-tend depuis longtemps la réflexion philosophique et qui rend nécessaire aujourd'hui encore l'élaboration d'un "Connais-toi toi-même" corporel.Cet ouvrage est à la fois une synthèse et une méditation philosophique tout autant qu'un hymne à la joie du corps. Programme d'agregSOMMAIREIntroductionPremière partie : Des corps au corps humainI -- Le corps ou les corps ? - L'essence du corps -- Le problème des corps immatérielsII -- Le corps vivantIII -- Le corps humain, corps et espritDeuxième partie : La puissance du corps humainIV -- La puissance pratique du corps humain - La puissance technique du corps - La puissance artistique - La puissance éthique du corpsV -- Le corps sexué - Le désir sexuel - Le problème de la différence des sexesConclusion -- Bibliographie
Selon Bacon, l'homme doit régner sur la nature, et pour cela, il se doit de la connaître. Savoir, c'est pouvoir. L'empire de l'homme sur les choses repose donc sur les arts et les sciences. Voilà pourquoi la promotion du savoir est au coeur des travaux de Bacon aussi bien dans Du progrès et de la promotion des savoirs, que dans De la dignité et l'accroissement des sciences. Dans les deux ouvrages, Bacon dresse un état des lieux de la connaissance en mettant en avant les tâches accomplies, en recensant les manques et les progrès à réaliser pour parvenir à la perfection. Il établit une division des sciences en trois parties : histoire, poésie et philosophie. L'originalité de cette division ne tient pas tant au rôle central dévolu à la philosophie qu'à la mise en avant de l'histoire et de la poésie, généralement reléguées à l'arrière-plan. C'est cette tripartition inédite du savoir qu'il s'agit d'examiner et de commenter en prenant en compte l'évolution de la pensée de Bacon de la version anglaise à la version latine de son projet.
Issu d'un colloque international organisé à l'Université Paris I, en janvier 2003, dans le cadre du Centre d'Histoire des Systèmes de Pensée Moderne, cet ouvrage consacré aux Pensées métaphysiques de Spinoza vise à ouvrir les investigations au sujet d'un texte que, dans leur embarras, les commentateurs passent généralement sous silence. Ni tout à fait cartésien, comme les Principes de la philosophie de Descartes dont il est l'appendice, ni tout à fait spinoziste, si l'on en croit la mise en garde de Louis Meyer dans la préface, cet écrit de jeunesse est particulièrement intéressant, malgré son apparence mineure, car il invite à réfléchir sur la définition de ce qu'est un auteur et sur la question des stratégies d'écriture destinées à préparer la réception d'un nouveau système. De l'examen de la conception de Dieu à celle de l'écriture, de l'histoire de la vérité aux figures de la liberté et de la volonté, les différentes analyses rassemblées dans ce recueil partagent le souci de frayer des voies d'interprétation qui restituent aux Pensées métaphysiques toute leur puissance spéculative et éclairent la lecture de ce texte déroutant.
Conçue pour les lycéens, les étudiants préparant le DEUG ou les concours des grandes Ecoles, la collection "Philosopher" s'organise autour des grandes notions du programme de philosophie des classes terminales. "La fonction de penser ne se délègue point" disait Alain. Si philosopher c'est s'interroger sur le sens des mots et des choses, cette collection est une invitation à l'effort de chacun pour penser par soi-même. A la fois essai et cours rédigé, chaque titre est un auxiliaire précieux pour l'exercice difficile de la dissertation.
L'ouvrage explore les diverses facettes physiques, mentales et psychophysiques de la puissance d'agir chez Spinoza, de la peur de la mort qui en constitue le plus bas degré à la jouissance de l'éternité qui en est l'acmé. À travers une série de variations regroupées autour de quatre principaux thèmes - l'éternité de l'esprit, la positivité du faux, Spinoza dans le temps, corps et affects - il s'agit de ressaisir la puissance dans l'impuissance, la fortitude dans la finitude, et d'exprimer la positivité du négatif en allant chercher la puissance là où l'on ne s'attendrait pas à la trouver. Les trois premières parties examinent la puissance mentale qui culmine avec la conscience de l'éternité de l'entendement, mais qui se manifeste aussi bien à travers la persistance d'un noyau de positivité au sein même des notions confuses et des idées inadéquates, comme le bien et le mal, qu'à travers la permanence de ce que l'on pourrait appeler l'esprit du spinozisme dans le temps. À ces expressions mentales de la puissance d'agir font pendant les variations physiques et psychophysiques de la quatrième partie où sont analysées, d'une part, les capacités du corps et son aptitude à se faire reconnaître comme humain en lui-même et par lui-même, et d'autre part, les modifications affectives de la puissance d'agir, de la mort à l'amour, de la servitude passionnelle à la fortitude retrouvée.
Historiens, philosophes, sociologues, psychanalystes, hommes d'arts et de métiers : les auteurs de ce livre sont pour la plupart des transclasses, produits d'une histoire singulière et collective. Ils prennent ouvertement la parole et croisent leur approche pour rendre visible une réalité parfois idéalisée, mais très souvent méconnue : celle du passage d'une classe à une autre. Ni fierté outrancière, ni honte coupable : ils veulent avant tout comprendre l'origine et la nature d'un tel changement social et s'interroger sur la fabrique d'une manière d'être et de vivre l'entre-deux. À travers des récits en première personne et l'examen de figures et de configurations historiques, présentes et passées, ils font le pari que les mouvements au sein de la société ne sont pas réductibles à des données statistiques, que l'intime a une portée politique et peut être audible et utile à tous, transclasse ou non.
« J'ai vécu longtemps avec tous ceux à qui on met les bonnets d'âne et j'ai assisté à leur massacre. Quelles qualités avais-je qu'ils n'avaient pas? J'étais douée, me direz-vous? Je n'en crois pas un mot, mais peu importe au fond, car si c'était un don, il n'y aurait là aucun mérite.» Au fil des mots et des souvenirs, la philosophe Chantal Jaquet nous livre le lien entre tous ses travaux : la question du passage, au coeur de son parcours de transclasse, concept qu'elle a elle-même forgé. Dans un exercice de retour sur soi, elle met au clair ce qui dans la philosophie l'a sauvée d'une enfance douloureuse, marquée par une grande pauvreté, et qui l'anime encore aujourd'hui: une disruption dans la pensée ordinaire, qui invite à élargir le présent pour mieux lui résister. Soucieuse de communiquer son amour du juste - de la justice et de la justesse, elle livre ici une réflexion magistrale, à la croisée de l'intime et du social, sur l'art de penser et l'art de se révolter.
Le XVIIe siècle est souvent présenté comme le siècle de la raison, mais cette évidence ne doit pas faire oublier qu'il fut d'abord une époque de crise et de rupture par rapport aux Anciens et à l'École. Confronté à l'incapacité des philosophies antérieures de parvenir à une certitude incontestée, l'esprit en vient à douter de lui-même, à s'interroger sur sa faculté de savoir et sur ses conditions d'exercice. Est-il possible de fonder un jugement théorique et moral sûr et de surmonter le scepticisme ? L'entendement est-il disposé naturellement au vrai ou a-t-il besoin d'une réforme radicale ? L'imagination est-elle vouée à l'erreur ou peut-elle jouer un rôle fécond dans l'élaboration du savoir ? Autant de questions qui travaillent en profondeur les différents systèmes philosophiques et les invitent à résoudre la crise du savoir par la mise en place de méthodes nouvelles, par l'invention d'une logique, et la redéfinition des fonctions de la raison et de l'imagination. Issu d'une coopération franco-hongroise, cet ouvrage consacré aux facultés de l'âme vise moins à examiner les progrès du rationalisme à l'âge classique que les difficultés et les interrogations qui ont présidé à sa constitution.