FéminiSpunk est une fabulation à la Fifi Brindacier, qui raconte l'histoire, souterraine et infectieuse, des petites filles ayant choisi d'être pirates plutôt que de devenir des dames bien élevées. Désirantes indésirables, nous sommes des passeuses de contrebande. Telle est notre fiction politique, le récit qui permet à l'émeute intérieure de transformer le monde en terrain de jeu. Aux logiques de pouvoir, nous opposons le rapport de forces. À la cooptation, nous préférons la contagion. Aux identités, nous répondons par des affinités. Entre une désexualisation militante et une pansexualité des azimuts, ici, on appelle " fille " toute personne qui dynamite les catégories de l'étalon universel : meuf, queer, butch, trans, queen, drag, fem, witch, sista, freak... Ici, rien n'est vrai, mais tout est possible. Contre la mascarade féministe blanche néolibérale, FéminiSpunk mise sur la porosité des imaginaires, la complicité des intersections, et fabule une théorie du pied de nez. Irrécupérables !
Être une femme, c'est être frappée de suspicion. C'est subir le regard de la honte. C'est porter sur son visage un sexe barré par la censure, voilé par la religion, surveillé par la famille, contrôlé par la médecine et la loi. L'identité féminine est par définition une identité obscène. Voilà pourquoi Catherine Breillat dit : « Je ne saurai jamais qui je suis. » En lui offrant un corps de fiction, le cinéma l'invite à interroger, puis à déjouer, les mécanismes de cette impossible connaissance de soi. Le geste artistique et l'acte sexuel relèvent d'un même langage : la femme accède à la conscience par une traversée initiatique des tabous. Née en 1971, Christine Aventin connaît son quart d'heure de gloire avec Le Coeur en poche (Mercure de France, 1988). Elle revient à l'écriture au terme d'un long silence. Elle s'exerce alors à différents genres littéraires (le théâtre, l'essai) à travers une oeuvre singulière, multiforme, engagée, féministe et dérangeante, qui explore les limites des genres. Paru une première fois au Somnambule équivoque en 2013, Breillat des yeux le ventre a reçu le Prix Quinquennal de l'essai de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Si le succès fracassant du roman Le Coeur en poche, écrit par l'auteure lorsqu'elle n'avait que 15 ans, publié au Mercure de France, propulse une jeune lycéenne en 1988, ce même succès fait se répandre des images stéréotypées (« nouvelle Sagan », « Minou Drouet de la prose ») que supportera de moins en moins Christine Aventin. Phénomène de l'édition, elle l'est, mais à bien d'autres titres : libre, drôle, révoltée, marginale, hyper-indépendante, mais surtout folle de littérature.
Christine Aventin est lectrice de Bataille : l'acte sexuel est une expérience de la transgression tout comme l'écriture est une pratique transgressive du langage. Elle est aussi lectrice de Jelinek : Il ne peut y avoir de langue spécifiquement féminine du plaisir et de l'obscénité, parce que l'objet de la pornographie ne peut développer de langue qui lui soit propre.
C'est dans cet interstice qu'elle a écrit Portrait nu, un roman qui impose autant qu'il réfute la possibilité de faire un récit à partir d'une expérience pornographique au féminin, c'est-à-dire de donner la parole à l'objet sexuel au moment précis où il en est fait usage. Il en résulte non un texte de plaisir - travaillé en vue d'une pratique confortable de la lecture -, mais un texte de jouissance dont la lecture nous met dans un état de perte.
À PROPOS DE L'AUTEURE
Christine Aventin a connu à quinze ans son quart d'heure de gloire, avec un roman dont le titre lui échappe. Elle en est toujours restée un peu gauche : un écrivain contrarié. Portrait nu a paru pour la première fois en 2005 aux éditions du Cercle. A disparu presque aussitôt dans un dépôt de bilan. Le revoici, comme le furet de la chanson, enrichi de la nouvelle La mort quand elle veut qui en éclaire la genèse.