Le mariage de Louis XIV, ce fut d'abord la paix rendue à l'Europe après des guerres atroces et interminables, et c'est ainsi que le ressentirent les contemporains. Mais la cérémonie du 9 juin 1660 à Saint-Jean-de-Luz marquait aussi le début du règne personnel du Roi-Soleil (le plus long de notre histoire) et elle préludait à une ère de prépondérance française à la fois politique et culturelle. Claude Dulong s'attache en historienne à dégager la signification profonde de l'événement, mais c'est avec une vivacité de romancière qu'elle nous en révèle les dessous et les péripéties. Elle n'oublie jamais que les acteurs et victimes de l'Histoire sont des êtres de chair et de sang, et que, dans le cas présent, le facteur humain fut capital. Sans la volonté de paix de la reine mère Anne d'Autriche, sans l'habileté de Mazarin, rien n'eût été possible. Car Louis XIV lui-même, à vingt et un ans, amoureux de la belle Marie Mancini, hésitait encore devant son destin et il s'en fallut de peu que son coeur ne l'emportât sur la raison. Ce n'est pas le moins émouvant du livre que ce portrait sensible, inattendu d'un monarque en formation, avant que la gloire et l'étiquette n'en fissent un symbole : celui de l'absolutisme.
Claude Dulong, chartiste, s'est spécialisée dans l'histoire du XVIIe siècle. Elle a fait paraître quatre ouvrages sur cette période, dont deux ont été couronnés par le Grand Prix Gobert de l'Académie française (Anne d'Autriche et L'Amour au XVIIe siècle).
Avec La fortune de Mazarin, premier ouvrage de la nouvelle collection Histoire et fortunes, Claude Dulong nous donne le résultat des recherches qu'elle poursuit depuis longtemps sur l'enrichissement de Mazarin. On y voit un premier ministre en exercice, puisant dans les deniers publics pour faire le métier d'armateur, de banquier, de négociant international. On y voit un collectionneur passionné, un amateur de pierres précieuses et d'objets rarissimes, un bibliophile, entassant dans son palais ce que les contemporains appelaient les merveilles du monde. On y voit un étonnant réseau d'intermédiaires - hommes d'affaires et prête-noms - travaillant à la fortune du cardinal, et la puissance de travail de ce dernier qui ne négligera rien pour améliorer ses ressources, comme pour assurer la grandeur du royaume. Mais le livre va bien au-delà de son sujet, en évoquant, dans le contexte particulier du Grand Siècle, les rapports entre le pouvoir et l'argent : il éclaire les divers motifs qui incitèrent Mazarin à agir comme il le fit et, d'une certaine façon, l'y autorisèrent. Enfin, il aborde, par le biais des questions financières, les étranges relations du cardinal avec sa souveraine, Anne d'Autriche, et aussi avec le jeune roi Louis XIV, dont il prépara le règne.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.