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L'Herne
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Les cahiers de l'Herne Tome 145 : Philippe Descola
Collectif
- L'Herne
- 25 Septembre 2024
- 9791031904474
Philippe Descola a participé à renouveler en profondeur la pensée anthropologique du XXIe siècle, mettant en lumière la complexité des rapports entre humains et non-humains. Sa tentative sincère de décrire le monde dans les termes de celles et ceux qui l'habitent, traverse le domaine des sciences sociales pour toucher un très large public. Autant que Claude Lévi-Strauss, dont il a été l'élève, Descola a su tisser un dialogue qui non seulement a enrichi toutes les disciplines, mais a permis de questionner les méthodes de l'anthropologie. Dans toute son oeuvre, Descola développe ainsi une anthropologie comparative ouvrant le débat sur des questions contemporaines, notamment celles liées au changement climatique.
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Ce Cahier, à travers l'abondante correspondance, les écrits inédits de l'Auteur, les témoignages et souvenirs de ceux qui le fréquentèrent et partagèrent son intimité, révèle des aspects inconnus de l'écrivain. Il rectifie également maints détails et apporte de nombreux éclaircissements sur son oeuvre, sa personnalité, et ses idées. Les essais font la part belle au cas Céline, et tentent d'esquisser les contours de cet écrivain hors normes si complexe et si dérangeant ; depuis la révélation que constitua le Voyage au bout de la nuit sur le plan de la langue et du style, si radicalement nouveaux, jusqu'au scandale et à l'ostracisme suscités par les pamphlets et les déclarations antisémites.
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Le succès de Lolita (1955) a parfois occulté l'immense oeuvre littéraire, polymorphe et multilingue de Vladimir Nabokov. Au-delà des dix-sept romans qu'il a composés entre 1926 et 1974, il s'est également essayé à tous les genres littéraires : la poésie, le théâtre, l'essai, la critique littéraire. En exposant l'itinéraire exceptionnel de cet écrivain né à Saint-Pétersbourg en 1899, forcé deux fois à l'exil, naturalisé américain en 1945, puis regagnant l'Europe en 1959, où il publia les grands romans que sont Feu pâle (1962) et Ada (1969), ce Cahier de L'Herne propose de dresser un portrait plus juste et complet de cette oeuvre multiple.
La publication de nombreux inédits de Nabokov rend ainsi compte de cette diversité : un extrait de la pièce de théâtre en vers La Tragédie de Mr. Morn; un poème consacré à Superman; des essais rédigés en russe et en anglais entre 1921 et 1945 sur différents sujets littéraires, artistiques et politiques ; des notes sur ses rêves nocturnes qui montrent son intérêt soutenu pour la dynamique du subconscient au-delà de sa critique acerbe de Freud ; des notes préparatoires pour ses oeuvres qui nous permettent d'explorer son laboratoire littéraire... On y retrouve aussi une correspondance de grande valeur, dont une lettre intime à sa gouvernante suisse ou encore un échange avec le premier traducteur français de Lolita.
Les différents axes du Cahier permettent d'explorer la grande richesse de la carrière et de l'oeuvre de Nabokov, ainsi que sa résonance contemporaine : ses trajectoires translinguistiques et transcutlturelles, ses affinités personnelles et culturelles, l'analyse de sa création romanesque ou encore la postérité de son oeuvre. -
Depuis les années 1970, François Cheng a construit pas à pas une oeuvre riche et complexe à la croisée de l'Orient et de l'Occident, du taoïsme et du christianisme, de la poésie et de la fiction. Son écriture singulière irrigue la littérature française d'une voix limpide et vivifiante qui résonne au travers d'une oeuvre polymorphe : poésie, fiction, essais, calligraphie,... Le format d'un Cahier de L'Herne est propice pour interroger ce parcours singulier. Comprenant des interventions extrêmement variées autour de la figure de l'écrivain et de son oeuvre, mêlant regards critiques et interventions plus personnelles d'écrivains ou d'artistes jalonnés d'un grand nombre d'inédits de l'auteur, ce volume permet aux lecteurs de prendre la mesure de cette oeuvre marquante. Les thématiques essentielles dans l'oeuvre de François Cheng (la spiritualité, la nature, la religion,...) s'entremêlent au fil des pages pour faire entendre la voix du poète, mais aussi celles du penseur et de l'artiste.
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Si l'essentiel de l'oeuvre de Marcel Proust est déjà publié et connu, la publication de ce Cahier permet du moins, si ce n'est d'accroître nos connaissances, de maintenir cette oeuvre en vie et de lui garantir une forme d'immortalité. On trouvera dans ce volume quelques inédits et quelques lettres et poèmes mais surtout un grand nombre de documents ou témoignages peu connus, peu accessibles ou même oubliés. Le Cahier s'attache aussi à décrire certains aspects négligés de l'oeuvre, comme les figurants analysés par Michel Schneider, le marquis de Palancy présenté par Michel Crépu, les opinions politiques de Proust au fil des années, lui qui a eu dans sa famille trois ministres, dont l'un a eu des funérailles nationales, et dont les parents étaient liés au président de la République.
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Ce Cahier est l'exploration de ce que Christian Bobin appela dès ses vingt ans Les différentes régions du ciel, et qui n'est autre qu'une sorte de chemin buissonnier contournant les croyances et les incroyances du monde. Les nombreux textes de Christian Bobin réunis dans ce volume démontrent la puissance de son écriture lumineuse qui ne cesse de conquérir un public fervent, et touche comme seule touche l'écriture des poètes.
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L'oeuvre de Pascal Quignard est multiple par la diversité des domaines artistiques dans lesquels il excelle ; musique, dessin, cinéma, littérature... Le Cahier de L'Herne se propose d'explorer ces différentes facettes en retraçant l'itinéraire artistique de Pascal Quignard ; son parcours de musicien et ses nombreuses créations originales, ses collaborations avec compositeurs, scénaristes, musiciens et metteurs en scène dans le cadre de performances artistiques, son oeuvre littéraire tout à fait inclassable, qui oscille entre roman, essais philosophique, autobiographie, écrits historiques, poésie... Nous dévoilons par ailleurs dans ce volume, le manuscrit inédit du Petit Cupidon, plusieurs textes inédits et de nombreux dessins en couleur de Pascal Quignard.
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L'étude des rapports entre sciences humaines, ésotérisme et occultisme irrigue intrinsèquement toutes les disciplines des sciences humaines. Si les historiens, anthropologues et ethnologues ont de longue date investi ces domaines de la culture occidentale, les spécialistes de littérature ont tendance à regarder ces objets avec suspicion, même si ces derniers font intrinsèquement partie de la pensée des auteurs ou de leur bagage culturel. L'ambition de ce Cahier est donc de parcourir cette création littéraire, depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu'à l''émergence du concept de contre-culture à la fin des années 50.
Organisé en quatre volets, le Cahier aborde autant de thématiques telles que le spiritisme et les formes occultes et ésotériques qu'il revêt, au XIXe siècle, la tension dialectique entre sciences et para-sciences, les héritages ésotériques, les individualités remarquables du mouvement, ou encore les phénomènes collectifs qui ont alluvionné la création littéraire. -
Ce Cahier offre l'opportunité de lire Aron pour lui-même, d'éclairer la genèse de sa pensée, de prendre la mesure de son importance aujourd'hui, sans se dire qu'il n'avait ni tort ni raison mais en essayant de dépasser le cloisonnement disciplinaire auquel il nous invite.
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Les Cahiers de L'Herne entreprennent de saluer en Pierre Michon l'absolue singularité d'une voix et d'une écriture qui n'en finit pas de surprendre et d'enchanter un lectorat toujours plus vaste depuis l'apparition, en 1984, de son premier ouvrage, Vies minuscules. Les livres de Pierre Michon, denses et tendus dans leur beauté paradoxale, à la fois sauvage et classique, naturelle et travaillée, ont depuis longtemps conquis une place de premier plan auprès des écrivains, des lettrés et dans les milieux de la critique savante. Il est alors naturel de solliciter dans ce volume les plus grands noms de la critique universitaire - Jean-Pierre Richard, Henri Mitterrand ou Philippe Berthier - tout en s'ouvrant à d'autres disciplines de la pensée et de la création : l'Histoire (Patrick Boucheron, François Hartog), histoire de l'art et anthropologie, géographie (Jean-Louis Tissier), la musique et arts plastiques (Henri Cueco), l'art théâtral (Denis Podalydès), sans oublier la question de la traduction (Élizabeth Deshays). Ce Cahier est aussi l'occasion de convoquer autour de l'oeuvre de Michon, les textes et témoignages de grands critiques et écrivains comme Pietro Citati, Maurice Nadeau ou Jacques Réda, et d'autres contemporains (Goffette, Bergounioux, Echenoz ou Olivier Rolin) ou auteurs plus jeunes (Marie-Hélène Lafon, Maylis de Kerangal) qui disent ici le pouvoir fécondant de cette écriture éblouissante et rare.
S'intéressant aussi à l'atelier littéraire, le présent Cahier donne à lire nombre d'inédits ou textes rares de Michon : premiers écrits mais aussi variantes, passages supprimés, chapitres retranchés, toutes « victimes » de l'exigence de l'auteur qui opte pour le fragment fulgurant et l'inachèvement. Ainsi ce Cahier de L'Herne participe-t-il puissamment du rayonnement de l'oeuvre dense, lumineuse et féconde de cet immense écrivain aussi rare et secret qu'exigeant - donnant toute sa véracité à cette remarque que l'entreprise vient de susciter chez Jean-Pierre Richard à propos de notre auteur : « Son silence si têtu, il faudrait alors l'entendre comme une sorte de paradoxale, et réversible, insémination... ». -
L'originalité de l'oeuvre de Jean Malaurie s'appuie sur sa double nature d'écrivain et de scientifique de très haut niveau. Auteur du récit Les Derniers Rois de Thulé (1955), Jean Malaurie est par ailleurs le fondateur et directeur jusqu'à une date très récente de la prestigieuse collection « Terre Humaine » (aux éditions Plon), l'un des fleurons de l'édition française avec des titres aussi importants que Tristes Tropiques de Claude Lévi-Strauss ou encore Le Cheval d'Orgueil de Per-Jakez Hélias. Ce Cahier souhaite mieux faire connaître, au-delà du cercle étroit des spécialistes, l'oeuvre monumentale de Jean Malaurie, qui se développe sur plus de soixante-dix ans, en soulignant la diversité d'un travail pluridisciplinaire. Dans ce volume, géographes, philosophes, ethnographes, anthropologues et écrivains multiplient les éclairages, tentant de mettre en évidence les différentes facettes d'une vie qui s'est voulue engagée et libre de toute appartenance idéologique et les problématiques d'une oeuvre protéiforme et passionnée. À côté de ces auteurs, des textes et documents inédits ou rares de Jean Malaurie (extrait du récit de voyage Hoggar, un texte sur son père, extrait de la correspondance avec Lévi-Strauss, lettres aux auteurs de la collection « Terre Humaine », échanges épistolaires avec ses correspondants groenlandais et inuit, extraits des carnets de terrain abondamment illustrés) soulignent l'oeuvre du géomorphologue et de l'anthropologue, qui a contribué à renouveler le regard que nous portons sur les peuples premiers et les civilisations traditionnelles.
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Auteur au style singulier, misanthrope, vivant une relation d'amour et de haine avec son pays, Thomas Bernhard est un des auteurs les plus importants de la littérature germanique d'après-guerre. La publication de ce Cahier, présentant des textes inédits, offre la possibilité d'explorer son oeuvre, d'éclairer la genèse de son écriture et de prendre la mesure de son importance dans le monde actuel.
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Ce Cahier offre au lecteur un parcours très éclectique autour d'Albert Camus : les six sections visent à proposer des éclairages originaux sur sa vie, sur ses oeuvres - roman et théâtre -, sur sa pensée et sur ses engagements. Aucune recherche d'exhaustivité dans notre démarche : d'amples synthèses voisinent avec des « petits faits » ; des témoignages directs avec des études très « pointues » ; des textes de Camus avec des textes sur Camus. Nous avons voulu varier le plus possible les points de vue, pour que chaque lecteur circule dans le Cahier en gardant sa liberté d'interprétation. Nous voulons le rendre proche, frayer des voies vers l'homme, vers l'artiste, vers le penseur engagé, vers le journaliste - de manière que le lecteur du Cahier ait envie de lire ou relire telle ou telle des oeuvres de Camus. Nous avons pensé notre tâche comme celle de passeurs.
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L'oeuvre de Pierre Bergounioux est des plus singulières. Il s'est voulu le témoin de la mutation qui vit, en moins d'un demi-siècle, les campagnes de l'Europe occidentale se vider de leur population. Un témoin non moins attentif qu'impliqué.
Ce volume, riche de nombreuses contributions de l'auteur touchant le chemin des grandes rencontres littéraires, mais aussi les grands événements de sa vie personnelle, assemble un faisceau de lectures sensibles, probes, d'auteurs contemporains disant la surprise, le sérieux, l'éclat, la portée d'une oeuvre tissée de tant de fils. -
Ce cahier consacré à Dumas invite à lire des inédits et des textes rares de l'auteur. Écrivains et chercheurs apportent également leur regard sur une oeuvre qu'on ne finit pas de redécouvrir, et dont l'originalité tient tout ensemble à son caractère novateur, savant et accessible. Histoire, imagination, critique littéraire, stratégies auctoriales, tempérament d'artiste : tous ces aspects de la création dumasienne sont abordés dans ce cahier par les amateurs et les spécialistes de Dumas l'enchanteur.
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À la lumière des travaux de recherche des 30 dernières années, ce Cahier de l'Herne consacré à Franz Kafka cherche à restituer avec le plus de précision possible l'histoire de l'écrivain et de l'homme et à donner un aperçu de la richesse et de la diversité de l'oeuvre, ainsi que de la variété des interprétations qu'elle continue de susciter même après la fin de ce XXe siècle dont Kafka représente la plus parfaite incarnation littéraire.
Ce Cahier reconstitue la trajectoire de Kafka écrivain, à travers un choix de textes autobiographiques pris dans les Journaux, dans les Cahiers in-octavo ou dans les lettres. Ainsi, la partie conservée de la correspondance avec Felice Bauer (1912-1917) et Milena Jesenská (1920-1924), les deux principales destinataires des lettres d'amour de l'auteur, y est mise à contribution.
L'Herne a sollicité Olivier Mannoni pour retraduire ces textes ; le résultat sera sans doute une découverte pour ceux qui ne connaissent pas Kafka épistolier ou diariste et une surprise pour ceux qui le connaissent par des traductions antérieures : la vigueur de la langue, l'audace des images, les constructions parfois déconcertantes donnent de l'homme privé et de l'écrivain Kafka une image différente de celle, plus discrète et plus policée, à laquelle on est accoutumé. Un florilège de textes écrits sur Kafka par d'autres écrivains et penseurs, allemands, français et d'autres nationalités, vient compléter une vingtaine de contributions dues aux participants français, mais aussi allemands, anglais, américains et canadiens, du colloque de Cerisy « Kafka après «son» siècle » (août 2010).
Cet ensemble se clôt, comme il s'était ouvert, sur une rubrique « Interpréter Kafka », pour souligner qu'en définitive c'est le mouvement de l'interprétation, sans cesse relancé, qui porte la possibilité de survie de l'oeuvre : l'examen s'oriente cette fois vers quelques-uns des textes écrits par Kafka entre 1917 et 1924, et notamment Chacals et Arabes, lequel, dès son titre, fascine par la polyvalence des lectures idéologiques ou politiques auxquelles il peut prêter dans le monde de 2014. -
Sans renier pour autant son statut d'icône féministe, L'Herne a voulu restituer à Simone de Beauvoir toute sa dimension d'écrivain. Ce Cahier tente d'éclairer les différents genres dans lesquels son talent s'est exercé et souligne un travail d'écriture souvent méconnu.
La publication d'extraits de romans de jeunesse inédits, la découverte de manuscrits dont l'analyse permet de relire autrement romans, nouvelles et autobiographies, révèlent la constance d`une vocation et le souci obstiné de la solution littéraire adéquate. Refusant les excès du tout biographique, ce Cahier offre néanmoins aux lecteurs des correspondances inédites, qui font le point sur les relations inventives que Simone de Beauvoir noua avec ses amours et ses amis. Des entretiens témoignent du désir qu'elle eut toujours de s'expliquer sur son oeuvre et sur sa vie, et de nombreux articles, publiés dans des revues ou quotidiens américains et français, illustrent ses engagements.
Ce Cahier rend compte des recherches, notamment anglo-saxonnes, qui ont sorti Simone de Beauvoir de l'ombre sartrienne et lui ont conféré une stature de philosophe à part entière. Nous avons souhaité élargir notre étude aux adaptations cinématographiques et théâtrales que ses romans et ses essais ont suscitées.
Le rayonnement de Simone de Beauvoir se mesure également à l'abondance des lettres de lecteurs qu'elle reçut et dont nous publions des échantillons, en privilégiant les correspondances d'écrivains. Ce dialogue se poursuit, non sans débats, avec les écrivaines des générations suivantes. -
Cahiers d'anthropologie sociale Tome 20 : Claude Lévis-Strauss, penser le monde autrement
Collectif
- L'Herne
- 5 Octobre 2022
- 9791031903842
Comment la pensée humaine appréhende-t-elle la diversité des mondes et la discontinuité de l'expérience sensible ? Dans un univers où le lointain est devenu étrangement proche, où la nature se voit démystifiée ou menacée, les leçons lévi-straussiennes évoquent un pari qui n'a jamais cessé d'être moderne, celui de la condition humaine. Ce volume d'hommage à Claude Lévi-Strauss, explore les voies multiples frayées par le fondateur de l'anthropologie dans le domaine de la mythologie, des échanges au fondement des sociétés humaines, de la cuisine ou de la poétique.
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Ce numéro des cahiers d'anthropologie sociale entend mettre l'accent non tant sur la question de l'identité nomade que sur l'analyse des pratiques effectives et actuelles de nomadisation.
Constatant l'extension et la labilité du concept de nomadisme, deux articles appréhendent cette notion de manière contrastée : l'un par la défini-tion des types de nomadisme et de sédentarisation, l'autre par la conception d'un espace mobile. Deux autres textes s'intéressent à l'étude des traces laissées par les nomades, dans des perspectives également très différentes, montrant l'ambivalence des déchets et de leur traitement dans la steppe mongole, ou rapportant les enseignements qu'une archéologue peut tirer d'une expérience de terrain ethnographique menée parmi les Bakhtiari en Iran. Si le nomadisme est souvent associé au pastoralisme pour des raisons d'exploitation optimale des ressources, la mobilité des pasteurs, en Géorgie comme au Tchad, peut aussi être motivée par des raisons sociales d'échange du bétail. Les multiples obstacles qui entravent le nomadisme dans le monde actuel trouvent un paroxysme dans le Kurdistan irakien : conflits guerriers, litiges fonciers, concurrence des légitimités autochtones et critiques d'ordre écologique.
Ailleurs, ils l'ont conduit à se métamorphoser depuis un siècle, bafoué par l'Etat, et à se réinventer, que ce soit parmi les minorités toun-gouses et mongoles du nord de la Chine ou chez les Touaregs du Sahel. Et même quand on ne nomadise plus, la sédentarisation laisse persister certains usages du nomadisme. -
S'adressant à la fois aux amateurs et aux chercheurs, ce Cahier comporte des inédits de l'auteur et des textes rares, des études approfondies par des spécialistes, des articles critiques, des entretiens, des témoignages et de la correspondance. Il offre l'occasion de revenir sur les aspects marquants d'une oeuvre littéraire caractérisée par une remarquable diversité, dont il arpente les différents territoires : le ludique et le romanesque, l'interrogation du quotidien, l'exploration autobiographique - l'idée générale étant de donner une vue d'ensemble de l'oeuvre perecquienne sans répéter le discours critique qui lui est déjà consacré.
Richement illustré d'un cahier iconographique et de nombreux fac-similés in texto, ce Cahier contient un grand nombre de documents, pour la plupart inédits. Il permettra de découvrir de nombreux textes de Georges Perec, dont certains éclairent la formation de l'écrivain : textes de jeunesse, mais aussi premiers écrits critiques qui ont forgé sa plume et sa conception de la littérature, et ne sont pas connus du grand public (recensions pour la Nouvelle NRF, pour la revue Partisans, etc.). Il contient des petits textes ludiques très drôles, qui préfigurent l'engagement oulipien de Perec, mais aussi des esquisses de projets témoignant de la prégnance chez lui de l'interrogation autobiographique (« L'Âge », « Lieux où j'ai dormi », etc.). Les contributions des critiques, écrivains et universitaires reviennent quant à elles sur ces thématiques centrales de l'oeuvre de Perec, mais aussi sur des aspects moins connus, tel le rapport de l'écrivain à la radio ou à l'art contemporain, la place chez lui de l'écriture poétique (qu'elle soit ou non contrainte, comme en témoigne la publication de poèmes rares ou inédits), ou sa proximité avec les recherches actuelles en sciences sociales. On y trouve également des comptes rendus critiques importants, parus au moment de la sortie de certaines de ses oeuvres (W ou le souvenir d'enfance, Espèces d'espaces,...) dans des revues comme Esprit, Les Temps modernes et La Quinzaine littéraire, et jamais réédités depuis. Dans son ensemble, ce Cahier contribue à penser la place décisive prise par Perec dans l'histoire littéraire du XXe siècle.
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Appuyé sur de nombreux documents inédits (lettres, traductions et notes privées) qui éclairent sa vie et ses choix poétiques, ce volume donne accès à un « autre » Celan qui se situe tant dans une tradition dont il discute la pertinence que dans une époque qu'il guette avec une acuité implacable, attrapant dans son écriture les mots, les textes et les personnes de son temps. Juif, Celan a ancré son écriture dans l'événement de l'extermination des siens pour en faire une arme critique et analytique, esthétique aussi. Grâce aux contributions de spécialistes de l'oeuvre, cette entreprise est placée dans un réseau de discussions critiques qui l'éclairent depuis des positions multiples : linguistique, traductologique, philosophique et biographique mais aussi historique et poétique, etc.
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André Comte-Sponville est un philosophe à part entière, sorti des meilleures écoles, qui a construit au cours des années une philosophie ambitieuse et forte (en particulier morale), à travers divers ouvrages dont quelques traités. Il occupe une place particulière par son souci de mettre (ou de remettre) la philosophie au coeur de la Cité et de la vie. Il nous rappelle que la philosophie a d'abord été, sinon un « art de vivre », du moins un « choix de vie ». Qu'elle est aussi, inséparablement, une certaine façon de penser. Que philosopher, c'est à la fois, « penser sa vie » et « vivre sa pensée ».
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Simone Weil, c'est d'abord un ton qui ne ment pas, qu'on ne peut guère comparer, en authenticité et en élévation, qu'aux derniers livres de l'Éthique de Spinoza.
Témoin d'une époque détestable, elle a voulu la penser. Il se pourrait bien, pour cette raison, que le siècle qui s'engage soit weilien. Non pas deleuzien, mais weilien. Car elle a pressenti l'imminence de la catastrophe et surtout les conséquences catastrophiques de la catastrophe. À cet égard, elle joue le rôle irremplaçable de ceux qui annoncent le destin apocalyptique de l'humanité, pour tenter d'inverser le cours du temps. Ce Cahier sera placé sous le signe du passage. Passage aussi bien d'Athènes à Jérusalem, la rencontre des philosophes et des prophètes, que de l'Occident vers l'Orient (la lecture des textes sacrés d'Égypte, d'Inde et de Chine et la rencontre météorique avec René Daumal), que l'articulation, chez elle "évidente", de la théorie et de la pratique, de la sagesse et de la science (« la géométrie grecque est une prophétie » - dira-t-elle), de l'université et de l'usine... Une praxis qu'elle s'attachera, en bonne platonicienne, à exhausser.
Elle a fait sienne la règle implacable de G.-K. Chesterton : toute pensée qui ne devient parole est une mauvaise pensée, toute parole qui ne devient acte est une mauvaise parole, tout acte qui ne devient fruit est une mauvaise action. Il s'agit assurément de l'une des plus grandes pensées de notre tradition philosophique. -
Edgar Morin a pu passer pour une sorte d' amateur de génie. Après une jeunesse héroïque dans la Résistance, il se fit tour à tour sociologue, anthropologue, épistémologue, cinéaste, diariste. Sans être jamais exclusivement l' un ou l'autre.
Mais avec le temps, avec le recul des années, son oeuvre apparaît de plus en plus clairement dans sa rigoureuse cohérence. On mesure combien sa « méthode », placée sous les auspices de la complexité, était à l'oeuvre dès les commencements, dès L'Homme et la mort, publié en 1950. Que ses divers travaux depuis plus de soixante ans forment un ensemble remarquablement construit, avec ses ébauches, ses perspectives, ses détours, ses passerelles et son couronnement, la fameuse Méthode. D'où se dégage une vision de l'homme prise dans le tout de l'homme et du monde, qui le rapproche des plus grands. Il est sans conteste un penseur majeur.
Le Cahier de l'Herne que nous lui consacrons s'est attaché à mettre en évidence, à la fois la diversité et la cohérence de cette oeuvre. En même temps que son rayonnement international. Car s'il fut un peu boudé en France, ce qui n'est plus le cas, il fut très tôt considéré à l'étranger, en particulier dans l' Europe du Sud (Italie, Espagne et Portugal) et dans toute l' Amérique latine, comme l'un des représentants les plus éminents de la pensée française contemporaine.
Ce Cahier est donc, d'une certaine façon, un hommage à Edgar Morin et nous le publions pour fêter son 95ème anniversaire. L'Herne ne pouvait, en effet, que consacrer un Cahier à Edgar Morin, qui a dépoussiéré le vieil humanisme étriqué, sans pour autant céder aux sirènes de la déconstruction. Car son humanisme se veut planétaire, et comporte une prise de conscience de la « Terre-patrie » comme communauté de destin, d' origine et de perdition.