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Nouvelle Cité
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Connaissance des Pères de l'Eglise n.174 : Grégoire de Nysse
Collectif
- Nouvelle Cité
- 5 Juin 2024
- 9782375826690
« Nous avons non seulement le droit, mais le devoir de comprendre la définition de Chalcédoine à la fois comme un aboutissement et comme un commencement. Il nous faudra nous écarter d'elle, non pour l'abandonner, mais pour mieux la comprendre, pour la pénétrer avec toute notre intelligence et tout notre coeur, pour devenir à travers elle plus proche de l'indicible Inaccessible, du Dieu sans nom, qui a voulu que nous le cherchions et le trouvions dans le Christ Jésus et par lui. Nous reviendrons toujours à cette formule parce que, quand il faudra dire brièvement ce que nous rencontrons dans l'ineffable connaissance qui est notre salut, c'est toujours à l'humble et sobre clarté de la définition de Chalcédoine que nous aboutirons. Mais nous n'aboutirons vraiment à elle (ce qui est autre chose que de se borner à la répéter) que si elle est, pour nous, non seulement un point d'arrivée, mais aussi un point de départ [...]. La théologie contemporaine ne peut être que difficilement séparée de tout son passé. »
Karl RAHNER, Écrits théologiques, t. I, Paris, DDB, 1957, p. 117 ; 119.
« Le Concile fait exactement ce que faisaient les Pères, c'est-à-dire qu'il contemple l'Église et la richesse de son mystère par des images, alors que la plupart des traités réfléchissaient sur l'Église par le moyen d'une conceptualisation empruntée à la philosophie sociale. Il y a donc un changement de méthode assez remarquable, et qui est certainement un fruit du ressourcement patristique. »
D. GIANOTTI, « Les Pères de l'Église et Lumen gentium », in Ressourcement. Les Pères de l'Église et Vatican II, Paris, Cerf, 2013, p. 20. -
Connaissance des Pères de l'Eglise n.148 : le Notre Père
Collectif
- Nouvelle Cité
- 11 Mars 2022
- 9782375823026
EditorialLes Pères ont largement commenté le Notre Père, qui est la prière par excellence, et ce, non seulement dans le cadre de la catéchèse baptismale, mais aussi tout au long de leur vie. Dans le numéro 116 de Connaissance des Pères de l'Église, nous avons fait une présentation générale de leurs commentaires ; désormais, avec le changement de traduction de la sixième demande, nous sommes amenés à voir comment les Pères ont traduit et commenté cette demande. Après un aperçu des commentaires qu'ils en ont faits, Régis Courtray étudie « les traductions latines anciennes de cette sixième demande », ce qui l'amène à reprendre la question des traductions de la Bible, à constater leur diversité, avant de voir quelle interprétation les Pères en ont donnée et de mettre en évidence leur actualité. Puis Lorenzo Perrone explique comment, à partir du commentaire du Notre Père, Origène pose le problème de la tentation, comment il « nous suggère d'entendre les mots "Fais que nous n'entrions pas dans l'épreuve" comme s'ils signifiaient : "Fais que nous ne succombions pas à la tentation" » (p. 25). Plus largement, la tentation est donc vue par Origène « comme une chance que Dieu nous donne d'apercevoir l'utilité des épreuves et de nous connaître nous-mêmes grâce à elles » (p. 30). C'est déjà toute la question du combat spirituel, que reprendront les Pères du désert, qui est posée. Revenant au côté latin, Paul Mattei fait ressortir l'apport de Cyprien de Carthage, en proposant, tout d'abord, une nouvelle traduction de son commentaire de la sixième demande du Notre Père de l'évangile de Matthieu, et en dégageant son enjeu, sans oublier l'influence de Tertullien.
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Connaissance des Pères de l'Eglise n.135 : la transfiguration
Collectif
- Nouvelle Cité
- 11 Mars 2022
- 9782853132893
EditorialComme les fêtes de Noël (CPE n° 115) et de l'Épiphanie (CPE n° 80) sont indissociables, celles de Pâques (CPE n° 93) et de la Transfiguration le sont également, quoique d'une autre manière, du fait qu'à la Transfiguration le Christ manifeste déjà sa gloire de Ressuscité pour aider ses disciples à passer l'épreuve de la Passion. C'est pourquoi nous avons choisi, dans ce numéro, de nous attacher à la fête de la Transfiguration, qui est à redécouvrir en Occident (même s'il y a deux fêtes de la Transfiguration : le deuxième dimanche de Carême et le 6 août) alors qu'elle est célébrée comme « la Pâque de l'été » en Orient.Nous avons la chance qu'interviennent dans ce numéro de CPE des spécialistes, qui ont étudié depuis de longues années la fête de la Transfiguration. C'est tout d'abord Nicolas-Jean Sèd qui nous explique, en une étude de première main, l'ancrage dans le Judaïsme du récit biblique de la Transfiguration. Puis, Nicolas Egender précise les origines de la fête de la Transfiguration, qui remonte au VI° siècle. Elle était, alors, célébrée sur le Mont Thabor. Il explique l'hymnographie qui s'est développée, à partir du texte biblique pour célébrer cette fête de lumière qui donne aux disciples un avant-goût de la Résurrection et les introduit dans la vie trinitaire. Ensuite, Charles Athanase Renoux s'attache plus spécifiquement aux hymnes géorgiens qui laissent percevoir la divinité du Christ dans la gloire de sa manifestation sur le Thabor. Avant que la fête ne soit en place, Grégoire de Nazianze, chantre de la Trinité (Cf. CPE n° 134), donne à la Transfiguration une place centrale dans son oeuvre, comme l'explique Philippe Molac. Cette expérience de lumière est à la fois celle où le Christ manifeste sa divinité et la communion trinitaire et où il invite à y entrer, à actualiser l'illumination baptismale, soulignant ainsi le lien intrinsèque entre le Baptême du Christ et la Transfiguration. Jacques de Saroug, que présente Colette Pasquet, met aussi l'accent sur la manifestation de la divinité du Christ à la Transfiguration.Le numéro n'aurait pas été complet, si nous n'avions évoqué les différents commentaires patristiques² du texte de la Transfiguration : d'Origène à Jean Damascène et même à Pierre le Vénérable. C'est pourquoi, nous avons proposé une note de synthèse finale.
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Connaissance des Pères de l'Eglise n.130 : l'homme, image de Dieu, chez les pères d'Orient
Collectif
- Nouvelle Cité
- 11 Mars 2022
- 9782375823002
EditorialAprès avoir envisagé, dans le numéro 128 de notre revue, la manière dont les Pères latins comprennent la création de l'être humain à l'image de Dieu, nous publions le deuxième volet des Rencontres nationales de patristique de Toulouse de juillet 2012, en passant cette fois aux Pères grecs. En envisageant la patristique grecque, nous pensons immédiatement à une réflexion sur la théosis, sur la divinisation de l'être humain, créé à l'image de la Trinité, ce qui apparaît clairement chez Maxime le Confesseur. Nous verrons ce qu'il en est pour les autres Pères au fil des articles denses qui composent ce numéro. C'est, tout d'abord, Régis Burnet qui propose une étude sémantique où il envisage, non seulement la distinction entre l'image et la ressemblance, mais aussi le rapport entre la création de l'être humain à l'image de Dieu et l'Image par excellence qui est le Christ. Puis Jérôme Moreau reprend la question à partir de Philon d'Alexandrie, qui considère les deux récits de la création comme un seul, en deux étapes et qui situe l'image de Dieu dans l'intellect. En abordant la question de l'image de Dieu chez Origène, Daniel Vigne relève un défi, car il intervient après la thèse d'Henri Crouzel sur la question, mais il va encore plus loin, en approfondissant l'image de Dieu à partir de la Trinité, de la création et du salut. De manière originale, Guillaume Bady et Laurence Mellerin relisent principalement Tertullien et Grégoire de Nysse pour voir comment ils envisagent la différence entre l'homme et la femme, créés à l'image de Dieu. Ensuite, Marlène Kanaan étudie la question de la création de l'être humain à l'image de Dieu dans le traité Sur l'origine de l'homme de Basile de Césarée. Finalement, Élie Ayroulet met en évidence l'originalité de la compréhension de l'image de Dieu chez Maxime. Par le jeu de la liberté et de la grâce, elle est l'expression de « l'intentionnalité divine à diviniser (l'être humain) dans le Fils unique à l'image duquel il l'a créé ». Ainsi les Pères esquissent-ils l'anthropologie chrétienne qui, sur bien des points, est encore parlante aujourd'hui.
Marie-Anne VANNIER -
Connaissance des Pères de l'Eglise n.128 : l'homme, image de Dieu chez les pères d'Occident
Collectif
- Nouvelle Cité
- 11 Mars 2022
- 9782375822975
EditorialCe numéro est le fruit des XXIIes Rencontres nationales de patristique qui, après s'être longtemps tenues à Carcassonne, ont eu lieu pour la première fois à Toulouse, du 30 juin au 2 juillet 2012, sous l'égide commune de l'Institut catholique de Toulouse et de l'Université du Mirail. Nous remercions leurs organisateurs, Daniel Vigne et Régis Courtray, qui, par leurs efforts, ont permis le succès de cet événement rassemblant près de 150 personnes. Ils nous ont proposé de publier les Actes de ce colloque en deux numéros de Connaissance des Pères : l'un consacré au thème de l'image de Dieu chez les Pères latins, l'autre au même thème chez les Pères grecs.
Nous le faisons avec joie, à la fois en fonction de l'apport scientifique de ce colloque, mais aussi en raison du thème qui est central chez les Pères et qui est toujours parlant aujourd'hui. Héritage commun du judaïsme et du christianisme, la création de l'être humain à l'image de Dieu lui confère sa dignité. Les Pères essaient de situer l'image de Dieu dans l'être humain, de montrer son sens, envisagent pour certains le passage de l'image à la ressemblance... En tant qu'évêques des premiers siècles, préparant les catéchumènes au baptême, ils donnent une place centrale à la création de l'être humain à l'image de Dieu pour expliquer le passage de la création à la création nouvelle, par la médiation du Christ qui est l'Image par excellence.
Dans un premier temps, Paul Mattei présente la question dans la première littérature latine chrétienne, puis Régis Courtray propose un contrepoint intéressant avec la péricope de Matthieu 22, 15-16a qui l'amène à envisager le rapport entre l'exégèse littérale et l'exégèse allégorique et à préciser comment les Pères approfondissent le thème de l'image et sa nature. Compte tenu de son importance chez Tertullien, Jeannine Siat le reprend et montre comment Tertullien illustre, à sa manière et sans le savoir, la célèbre formule d'Irénée : « La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant. »
Il n'était pas possible d'envisager la question de l'homme, image de Dieu dans la patristique latine, sans étudier Augustin qui a apporté, avec sa réflexion sur la question, une contribution majeure à l'anthropologie et à la sotériologie. Aussi y a-t-il deux articles, consacrés à l'évêque d'Hippone : celui de Jérôme Lagouanère et le nôtre. Nous avons montré comment Augustin découvre le sens de la création de l'être humain, CPE n° 128, décembre 2012, à l'image de Dieu, ce qui l'amène à dégager son enjeu et sa dynamique. Jérôme Lagouanère envisage la question à partir de l'intériorité par une étude approfondie du De Trinitate.
Ce premier volet de l'étude de l'image de Dieu en l'homme apporte déjà une contribution substantielle qu'il est possible d'actualiser, en fonction de la place de la liberté, de la relation à Dieu et aux autres, de l'intersubjectivité...
Marie-Anne VANNIER -
Connaissance des Pères de l'Eglise n.138 : la Pentecôte
Collectif
- Nouvelle Cité
- 11 Mars 2022
- 9782853139786
EditorialLes Pères, qui ont mis en place les fêtes, en ont éga¬lement expliqué le sens, comme nous l'avons déjà vu pour Pâques (CPE n° 93), pour Noël (CPE n° 115), pour l'Épiphanie (CPE n° 80), pour la Transfiguration (CPE n° 135). Nous allons voir dans ce numéro comment ils ont envisagé la Pentecôte. Réinterprétant la fête juive de Chavouot qui commé¬morait le don de la Torah à Moïse, cinquante jours après la Pâque, la fête de la Pentecôte célèbre le don de l'Esprit Saint aux Apôtres, en achevant le temps pascal, le septième dimanche après Pâques. En ouverture, le P. Nicolas Egender nous introduit à la fête de la Pentecôte dans la liturgie byzantine. Il explique qu'elle est principalement la fête de la Trinité, montrant que le Christ envoyé par le Père donne l'Esprit Saint, ce qui explique peut-être aussi pourquoi la théologie trinitaire est restée plus vivante en Orient qu'en Occident. Il souligne à quel point les hymnes de la liturgie byzantine sont bibliques et théologiques. De manière convergente, Augustin, que présente Jaime García, com¬prend la Pentecôte comme la glorification du Christ. L'évêque d'Hippone va moins loin que les Orientaux dans la compréhension trinitaire de la fête, et il prend aussi une autre orientation en mettant l'accent sur l'unité de l'Église, réalisée à la Pentecôte. Dans le De causa de Pentecoste, Cyrus d'Édesse, que présente Colette Pasquet, s'attache à montrer comment la fête chrétienne de la Pentecôte accomplit la fête juive par l'envoi de l'Esprit Saint aux Apôtres, et par exten¬sion à tous les baptisés. En prêchant pour la Pentecôte, les Pères esquissent la théologie de l'Esprit Saint (cf. CPE n° 69), comme en témoigne Jean Chrysostome.
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Connaissance des Pères de l'Eglise n.144 : la conversion
Collectif
- Nouvelle Cité
- 11 Mars 2022
- 9782375822937
Dans les premiers siècles, la conversion était la condition de possibilité de la constitution et de la durée des communautés chrétiennes. Aussi le baptême, célébré uniquement à Pâques, le centre et le sommet de l'année liturgique, était il, pour les premières générations chrétiennes, le résultat d'un long cheminement d'environ trois années. De grandes figures de convertis sont restées célèbres : Irénée de Lyon, Justin de Naplouse, Ambroise de Milan, Paulin de Nole, Augustin d'Hippone...Nous ne les reprendrons pas toutes en l'espace de ce numéro de Connaissance des Pères de l'Eglise. Nous nous limiterons aux plus marquantes : à Jean Chrysostome que présentera Laurence Brottier et qui est né dans une famille chrétienne même s'il a été baptisé à l'age de dix-huit ans, à Paulin de Nole qu'envisagera Jean-Marc Vercruysse et qui s'est converti à une vie proche du monachisme à l'interieur même du christianisme, et à Augustin, exact contemporain de Paulin de Nole, qui a connu une conversion différente de ce dernier, mais qui a répondu à la demande que Paulin de Nole avait adressée à Alypius d'écrire ses Confessions, et dont nous étudierons précisément l'oeuvre, dans la mesure où elle propose le paradigme même de la conversion, qui est à la fois épistrophe et metanoia. Cependant, dans l'Antiquité tardive, la conversion n'est pas seulement un phénomène individuel, elle a également une dimension sociale, qui a amené à la conversion de l'Empire que présente Hervé Huntzinger, en un article de synthèse et d'ouverture. C'est, en effet, l'Empire chrétien qui s'est développé, à la suite de l'édit de Milan, et où, cette fois, les motivations de la conversion demandent à être précisées, comme le souligne Augustin dans le De catechizandis rudibus.
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Connaissance des Pères de l'Eglise n.145 : la fraternité
Collectif
- Nouvelle Cité
- 11 Mars 2022
- 9782375822999
EditorialS'il est une réalité qui caractérise l'époque patristique, c'est bien la fraternité qui a permis aux communautés chrétiennes, réunies autour de leur Abba qu'était l'évêque, de durer malgré les persécutions. Bien que la mise en oeuvre de la fraternité réponde à l'anima una et au cor unum de la première communauté de Jérusalem, comme l'explique Jaime García à propos d'Augustin, il ne faudrait pas non plus idéaliser, car les tensions n'étaient pas absentes des premières communautés, comme s'en fait l'écho, par exemple, l'Épître aux Corinthiens de Clément de Rome. Il n'en demeure pas moins, comme le montre Michel Dujarier que, dans les premiers siècles, l'Église se définit comme fraternité. «L'emploi de ce mot (adelphotès), précise-t-il, était une nouveauté remarquable [...]. L'appellation de "frères" ou de "soeurs" est devenue d'une utilisation très fréquente entre les chrétiens à cause de leur lien vital avec le Christ-Frère» (p. 2). À partir du IVe siècle, et souvent en réaction à l'arianisme, les Pères expliquent que l'origine de la fraternité est un don de Dieu, de la Trinité, à laquelle le Christ nous introduit. Adoption divine et fraternité vont de pair. Jean Chrysostome en dégage les conséquences pratiques, sociales, en faisant ressortir le lien indissociable entre le sacrement de l'autel et le sacrement du frère qui exprime la fraternité en actes. S. Benoît procède de manière analogue, en partant cette fois du baptême, comme le précise Michel van Parys pour rendre compte de la filiation divine et de ses conséquences qui ne sont autres que l'amour fraternel, qui amène à l'organisation de la vie monastique comme «la communion entre frères» (p. 42), une communion plurielle et fraternelle. Finalement, Bruno Demoures met en évidence la dimension prophétique de la fraternité monastique qui exprime à quel point la fraternité est essentiellement un don et constitue à la fois un défi et une espérance pour notre société.
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Connaissance des Pères de l'Eglise n.151 : la divinisation
Collectif
- Nouvelle Cité
- 11 Mars 2022
- 9782853139915
EditorialIl est habituel de distinguer les Pères grecs et les Pères latins. Or, on oublie souvent les Pères syriaques, dont la langue vient de l'araméen et qui, de ce fait, avaient un accès plus direct à l'Écriture. Il est vrai que leurs textes ne sont pas toujours traduits : ceux d'Éphrem commencent à l'être, ceux de Philoxène de Mabboug, de Jacques de Saroug... le sont moins. De plus, la Syrie est aujourd'hui un pays déchiré, alors qu'entre le iiie et le viie siècle, elle était une contrée florissante, marquée par le christianisme, sans oublier que S. Paul s'est converti sur le chemin de Damas et que c'est à Antioche que les disciples du Christ ont reçu le nom de « chrétiens », autant dire que la Syrie a eu un rôle important aux débuts du christianisme. Nous remercions Colette Pasquet, qui a réalisé ce numéro de Connaissance des Pères, consacré à la Syrie chrétienne en complément du numéro 37 de CPE. Dans un article d'ouverture, elle en rappelle l'apport, tant pour la traduction de la Bible que pour le monachisme et les controverses christologiques, et elle précise quels étaient les lieux stratégiques de l'époque. Puis, Lucas Van Rompay envisage Eusèbe, évêque d'Émèse, une figure originale du ive siècle, dont il met en évidence l'apport exégétique et herméneutique. À la suite en quelque sorte d'Origène, Eusèbe compare les versions hébraïque, grecque et syriaque (la Peshitta) de la Bible, et s'intéresse particulièrement au texte de la Genèse. Il prend également en compte la dimension historique et présente des commentaires qui ne seront pas sans inspirer l'école d'Antioche, Jérôme, le monde syriaque et arménien. Frédéric Alpi s'attache, ensuite, à une autre figure d'évêque, antichalcédonien cette fois, celle de Sévère d'Antioche, qui a fortement marqué le vie siècle. Jean-Noël Guinot, spécialiste de Théodoret de Cyr, rappelle quel est son apport et montre comment il a été façonné par les moines syriens, les anachorètes essentiellement, dès son plus jeune âge. Il envisage également, dans son article, les autres formes de monachisme, tant les cénobites que les stylites. Finalement, Henri Hugonnard-Roche retrace l'histoire du monastère de Qenneshre qui fut un haut lieu de culture grecque et syriaque, où les textes des Pères grecs, en particulier des Cappadociens, furent traduits en syriaque, étudiés, commentés. Jacques d'Édesse en est l'un des illustres représentants.
Marie-Anne VANNIER -
EditorialLe 26 septembre dernier, une journée d'études, co-organisée avec la Luxembourg School of Religion & Society, en lien avec le Service du catéchuménat de l'archidiocèse de Luxembourg et l'Amicale des étudiants en théologie de Metz, que nous remercions, a rassemblé un public nombreux de patrologues et d'acteurs de la catéchèse et de la pastorale à Metz. Nous en publions les Actes dans ce numéro. L'initiation chrétienne chez les Pères de l'Église n'est pas sans analogie avec le catéchuménat, qui a été restauré par le concile Vatican II, qui a justement effectué un retour aux Pères de l'Église. Force est, en effet, de noter une double analogie, d'une part quant à l'âge : l'initiation chrétienne et le catéchuménat interviennent à l'âge adulte, ce qui suppose une formation complète, d'autre part, le contexte dans lequel ils s'effectuent : s'il est différent en fonction de l'époque, il n'en est pas moins proche, dans la mesure où le catéchuménat ne se situe plus par rapport au paganisme antique, mais face aux nouvelles religiosités (1), qui, sur certains points, n'en sont pas très différentes, ce qui amène à réfléchir sur la notion d'initiation, comme l'a fait Louis Bouyer (2) et comme le réalise ici Jean-Marie Brauns, qui a consacré sa thèse à la question. Dans ces conditions, nous comprenons qu'il n'est pas inutile de revisiter les textes des Pères, les méthodes qu'ils ont proposées, non pas tant pour les reprendre comme telles, que pour voir leur apport et les mettre en perspectivepour aujourd'hui. Tel est l'objectif du Rituel de l'initiation chrétienne des adultes que présente Daniel Laliberté. Il est seulement dommage que, mis à part le récit d'Égérie et les découvertes archéologiques, étudiées, en particulier, par Victor Saxer (3), on ne dispose pas d'informations précises sur le déroulement de l'initiation chrétienne, sur les échanges qui sont intervenus entre les catéchumènes et leurs accompagnateurs, si ce n'est dans le De catechizandis rudibus, la grande catéchèse d'Augustin. Si les convergences sont importantes entre hier et aujourd'hui, une différence intervient, cependant, quant au statut des catéchumènes dans la communauté. Si, dans les premiers siècles, les catéchumènes constituaient les communautés naissantes et leur rappelaient chaque année, à Pâques, la création nouvelle qui se réalise par le baptême, aujourd'hui, « ils transforment davantage la communauté établie et lui redisent son incessante démarche de conversion, lui rappelant qu'elle existe par grâce (4) ». À partir de ces quelques remarques préliminaires, qui seront complétées par les différents articles de ce numéro, on remarque déjà que l'initiation chrétienne a non seulement un enjeu personnel qui permet au nouveau converti de trouver son identité chrétienne, mais également un enjeu ecclésiologique, du fait que le nouveau baptisé s'insère dans la communauté et la transforme, comme le montre Bruno Hayet. En lien avec les recherches déjà menées dans le cadre de la catéchèse (CPE n° 91) et de la mystagogie (CPE n° 126), ce numéro donne un aperçu de l'initiation chrétienne dans les premiers siècles. Mgr Job de Telmessos explique à quel point elle est restée vivante dans l'Église d'Orient avec le caractère indissociable des trois sacrements de l'initiation. Mgr Roland Minnerath précise comment, dans le diocèse de Dijon, la confirmation reprend sa véritable place parmi les sacrements de l'initiation. Michel van Parys, Emmanuel Bohler et Philippe Molac rappellent l'apport des Cappadociens, respectivement de Grégoire de Nysse et de Basile de Césarée, Patrick Muller fait ressortir celui de Jean Chrysostome. Il reste un auteur qui a beaucoup apporté dans un style différent, c'est Augustin d'Hippone. Aussi reprendrons- nous les grandes lignes de sa Première catéchèse, qui est originale, mais moderne, et pourrait servir dans le catéchuménat actuel. Nous noterons simplement ici la différence entre les catéchèses baptismales et les catéchèses mystagogiques dans l'initiation chrétienne aux premiers siècles. Si les catéchèses baptismales des Pères constituent à proprement parler l'initiation chrétienne, les catéchèses mystagogiques, qui interviennent après le baptême, ont pour fonction d'expliquer aux nouveaux baptisés les sacrements qu'ils sont en train de vivre : le baptême, la chrismation et l'eucharistie. Aujourd'hui, la mystagogie prend un nouvel essor dans le catéchuménat. Elle est plus répandue que chez les Pères et fait l'objet de différentes expérimentations aujourd'hui, comme l'a expliqué Louis-Marie Chauvet dans le numéro 126 de Connaissance des Pères de l'Église consacré à la mystagogie ou encore, comme le propose Christian Salenson dans son ouvrage intitulé Catéchèses mystagogiques pour aujourd'hui. Habiter l'eucharistie (Bayard, 2008). L'intérêt tient ici à l'immersion immédiate du nouveau baptisé, voire du catéchumène, dans la communauté et à un dialogue, expliquant les différents gestes qui sont posés. Mais je ne voudrais pas anticiper l'article de François-Xavier Amherdt, qui a travaillé sur la catéchèse intergénérationelle et le chemin néo-catéchuménal pour tous dans l'esprit des Pères de l'Église, ni celui de Renée Schmit qui présentera un exemple original et parlant, celui de Nicolas Cabasilas, ce laïc qui au xive siècle a proposé une vie en Christ pour tous.
Marie-Anne VANNIER
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SOMMAIRE
1. Cf. J.-M. Verlinde, Le christianisme au défi des nouvelles religiosités, Paris, Presses de la Renaissance, 2002.2. L. Bouyer, L'initiation chrétienne, Paris, Cerf, 1958.3. V. Saxer, Les rites de l'initiation chrétienne du iie au vie siècle. Esquisse historique et signification d'aprèsleurs principaux témoins, Spolète, Centro italiano di studi sull'Alto Medioevo, vol. VII, 1988.4. A. Rouet, Catéchuménat. Un chemin de vie, Paris, Cerf, 2000, p. 1. -
Connaissance des Pères de l'Eglise n.153 : le salut et le mystère Pascal
Collectif
- Nouvelle Cité
- 11 Mars 2022
- 9782375822920
Les Pères de l'Église ont mis en place la célébration de la fête de Pâques, le centre de l'année liturgique, et ils ont, en même temps, expliqué que le mystère du salut s'y réalise. Aussi avons-nous choisi, dans ce numéro, de ne pas séparer ces deux composantes, ce qui donne une nouvelle perspective sur le salut. Nous avons la chance d'avoir deux auteurs qui ont longuement travaillé la question et qui nous aident à la pénétrer. En une ample étude, Raymond Winling, qui a écrit deux ouvrages de synthèse sur Le salut en Jésus-Christ dans la littérature de l'ère patristique 1, ainsi qu'un livre sur La Résurrection et l'exaltation du Christ dans la littérature de l'ère patristique 2, et un autre sur La Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ 3, envisage tous les aspects de la sotériologie et même de l'eschatologie patristiques. Chez les Pères de l'Église, en effet, tous les domaines sont liés. Christologie et sotériologie sont inséparables, comme le souligne l'auteur, le motif de l'Incarnation étant envisagé par les Pères comme la divinisation de l'être humain plus encore que comme sa rédemption. Partant du mystère pascal, les Pères en déploient toutes les implications pour l'être humain. En un article original, Nicolas Egender, qui vit quotidiennement la liturgie byzantine au monastère de Chevetogne, explique comment cette liturgie célèbre le mystère pascal au fil des semaines et par là même le salut apporté par le Christ. C'est une sotériologie en acte, déployée en différentes composantes, que propose la geste liturgique et il en donne les clefs de compréhension, ainsi que la traduction des principaux textes liturgiques.
Marie-Anne VANNIER -
Connaissance des Pères de l'Eglise n.154 : Jean Cassien
Collectif
- Nouvelle Cité
- 11 Mars 2022
- 9782853139953
EditorialDans le cadre du Jubilé de l'an 2000, le numéro 69 de Connaissance des Pères de l'Église avait déjà été consacré à l'Esprit Saint, avec des articles de fond sur Tertullien, Basile de Césarée, Hilaire de Poitiers, Grégoire Palamas, et des synthèses sur la pneumatologie à l'époque patristique, dont celle de Basile Studer, publiée au début du numéro 70 de notre Revue.
En fait, e sujet est inépuisable. Les différents articles présentés, cette fois, complètent les précédents en envisageant: Irénée de Lyon, Grégoire de Nazianze, Jean Chysostome, Ambroise de Milan, Augustin d'Hippone et les Pères du Désert, sans oublier la procession de l'Esprit Saint. Ainsi se dessinent les grandes orientations de la pneumatologie en Orient et en Occident.
Marie-Anne VANNIER -
Connaissance des Pères de l'Eglise n.155 : septembre 2019 ; Jean Cassien
Collectif
- Nouvelle Cité
- 11 Mars 2022
- 9782375822944
ÉditorialIl arrive que l'âme parvenue à cet état de vraie pureté et qui commence de s'y enraciner, conçoive en même temps toutes les formes de prières ; elle vole de l'une à l'autre, flamme insaisissable, flamme dévorante ; elle s'épanche en prières toutes vives et pures, que l'Esprit Saint lui-même exhale à notre insu vers Dieu avec des gémissements inénarrables ; elle conçoit, elle laisse déborder de son sein, en ce seul instant d'ineffable oraison tant de sentiments, qu'elle serait incapable, en un autre moment, je ne dis pas seulement de les exprimer, mais même de les repasser dans son souvenir [...]. C'est un état plus sublime encore et d'une plus transcendante élévation. C'est un regard sur Dieu seul, un grand feu d'amour. L'âme s'y fond et s'abîme en la sainte dilection, et s'entretient avec Dieu comme avec son propre père, très familièrement, dans une tendresse de piété toute particulière [...]. Une fois parvenus à cette dignité d'enfants de Dieu, nous brûlerons aussitôt de la tendresse qui est au coeur de tous les bons fils ; et, sans plus songer à nos intérêts, nous n'aurons de passion que pour la gloire de notre Père. Nous lui dirons : "Que ton nom soit sanctifié" témoignant par là que sa gloire est tout notre désir et toute notre joie [...]. Cette prière du Pater [...] élève plus haut encore ceux qui se la rendent familière, jusqu'à cet état suréminent dont nous avons parlé précédemment, à cette prière de feu que bien peu connaissent d'expérience, et, pour mieux dire, ineffable. Celle-ci dépasse tout sentiment humain. L'âme, toute baignée de la lumière d'en-haut, ne se sert plus du langage humain, toujours infirme. Mais c'est en elle comme un flot montant de toutes les affections saintes à la fois : source surabondante d'où sa prière jaillit à pleins bords et s'élance d'une manière ineffable jusqu'à Dieu. Elle dit tant de choses en ce court instant, qu'elle ne pourrait aisément ni les exprimer ni même les repasser dans son souvenir, lorsqu'elle revient à soi. Notre Seigneur encore a tracé pareillement, par la forme de sa supplication, le dessin de cet état, lorsqu'il se retira dans la solitude de la montagne, ou que, dans la prière silencieuse de son agonie, il répandait une sueur de sang, par un exemple inimitable d'ardeur intense.
Jean Cassien -
Connaissance des Pères de l'Eglise n.159 : septembre 2020 ; Jérusalem
Collectif
- Nouvelle Cité
- 11 Mars 2022
- 9782375822913
Jérusalem, la ville des villes, a un rôle important, en particulier à partir du IV° siècle, non seulement pour sa liturgie, mais aussi pour ceux qui y ont joué un rôle important : Cyrille de Jérusalem, avec ses célèbres catéchèses baptismales et mystagogiques et pour sa place centrale dans les pèlerinages qui se sont mis en place. Elle a aussi une dimension symbolique qui sera prise en compte dans ce numéro, sans oublier la Jérusalem céleste, la cité de Dieu.
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SOMMAIRE
Editorial
Marie-Anne VANNIERLa liturgie de Jérusalem à l'époque de l'évêque Cyrille
Nicolas EGENDERHésychius de Jérusalem, didascale de la « Mère des Églises »
Michel VAN PARYSLe patriarcat de Jérusalem
Philippe MOLACLes différents visages de Jérusalem dans la Correspondance de Jérôme
Benoït JEANJEANActualité des Pères de l'Église -
Connaissance des Pères de l'Eglise n.160 : décembre 2020 ; la résurrection
Collectif
- Nouvelle Cité
- 11 Mars 2022
- 9782375823019
Pour annoncer la nouveauté du christianisme dans le monde gréco-romain, les Pères de l'Église ontr mis en évidence la réalité de la Résurrection. Ils en ont cherché les modalités et précisé le sens et ce, dès Justin, Irénée... dans leurs traités et dans leur prédication pour Pâques. Ils ont expliqué comment la Résurrection du Christ et la pierre d'angle de notre résurrection, ce qui les a amenés à développer une théologie du marture... Nous reprendrons dans ce numéro, leur apport, en étudiant non seulement Justin, Irénée mais aussi les Cappadociens, Augustin...
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SOMMAIRE
Éditorial
Marie-Anne VANNIERLa Résurrection et l'Exaltation du Christ dans la littérature de l'ère patristique
Raymond WINLINGLa célébration de la Résurrection à Pâques
Marie-Anne VANNIERLes martyrs et la Résurrection
Martin ROCHLe Peri Anastaseôs de Justin de Rome
Daniel VIGNENote sur la Résurrection chez Irénée de Lyon
Artur SWIDECKIHomélie de Narsai sur la Résurrection
Colette PASQUETActualité des Pères de l'Église -
Ce numéro s'appuie sur le riche travail de Alexandre Faivre récemment disparu (1945-2020), historien et patrologue. Il met en avant la place des laïcs dans l'Eglise, et ce dès les premiers temps, dépassant largement la notion étroite d'un apostolat des laïcs. Ses travaux explicitent la construction de la hiérarchie et le rapport des hommes et des femmes face au pouvoir de servir. Il soutient l'intérêt et la fécondité qu'aurait l'Eglise à, comme aux premiers siècles, s'appuyer sur son laïcat.
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Éditorial
Marie-Anne VANNIERIn memoriam Alexandre Faivre. Prendre la mesure d'une entreprise de science et de foi.
Paul MATTEIOrdonner la Fraternité. Acteurs, structures, frontières du champ religieux chrétien
Alexandre FAIVREValeur de l'hapax Laïkos dans l'Épître aux Corinthiens de Clément de Rome ?
Philippe MOLAC« Nous sommes devenus nombreux. » Croissance démographique et institutionnalisation des communautés chrétiennes
Attila JAKABDidaskalia et sacerdoce d'après Origène à Alexandrie
Michele CUTINOActualité des Pères de l'Église -
Connaissance des Pères de l'Eglise n.173 : Les synodes
Collectif
- Nouvelle Cité
- 6 Mars 2024
- 9782375826386
« Peut-être la nouvelle du synode, dont tout le monde parle à l'heure actuelle, est-elle parvenue jusqu'à vous : en tous lieux en effet des lettres de l'empereur et des éparques ont circulé pour en convoquer les participants. Cependant puisqu'en hommes avides d'apprendre que vous êtes, vous cherchez à savoir ce qui s'est passé, j'ai pensé qu'il convenait de vous faire connaître à vous aussi avec exactitude ce que j'ai vu et su [...].
Le synode de Nicée ne fut pas un simple synode [...]. Tel fut ce qui causa la réunion d'un synode oecuménique : que la fête de Pâques soit célébrée partout le même jour et que l'hérésie (arienne) qui venait de naître soit anathématisée
[...].
En revanche, quelle cause légitime les synodes qu'ils déclenchent de nos jours ? [...]. Quel besoin motive les synodes, si celui de Nicée suffit contre l'hérésie arienne et les autres hérésies qu'il a toutes condamnées au moyen de sa sainte formule de foi ? »
S. Athanase, Lettre sur les synodes, SC 563, p. 181 ; 191-193. -
Connaissance des Pères de l'Eglise n.127 : la diaconie
Collectif
- Nouvelle Cité
- 11 Mars 2022
- 9782853139694
EditorialLa diaconie, le service de la charité, est l'une des trois tâches fondamentales et indissociables de l'Église, avec l'annonce de la Parole de Dieu (martyria) et la célébration des sacrements (leitourgia), comme le rappelait le pape Benoît XVI dans son encyclique Deus caritas est (n. 25).
Au cours de l'année 2013, nous serons invités à y accorder une attention particulière, ce qui nous amène à revisiter avec les Pères les sources de la diaconie. Or, ces sources sont nombreuses et donnent de mieux en comprendre la signification. Comme le souligne Rudolf Schneider, la diaconie caractérise l'Église des origines, qui était une fraternité dans le Christ, comme l'a montré Michel Dujarier 1. La diaconie a une dimension fondamentalement christologique, elle explicite le sens de l'Incarnation, la kénose du Fils de Dieu qui a pris notre humanité pour nous donner d'avoir part à sa divinité.
Elle prend tout son sens dans l'eucharistie, où le sacrement de l'autel et le sacrement du frère sont indissociables, comme l'a expliqué Jean Chrysostome (voir texte en quatrième de couverture), le fait de recevoir le Christ induit une attitude identique à la sienne, celle du don de soi pour les autres. Une des expressions les plus marquantes de la diaconie est la Basiliade, cette cité que Basile de Césarée avait fait construire pour les pauvres et où non seulement ils étaient accueillis, soignés, mais où ils apprenaient également un métier et pouvaient ensuite s'insérer dans la société. Benoît Gain la présente ici dans toute son ampleur.
Puis Jaime García rappelle comment Augustin a mis en oeuvre la diaconie, en faisant construire des hospices, en défendant les pauvres auprès des autorités civiles, en évitant l'esclavage..., en oeuvrant pour la justice... Il explique comment Augustin montre que la diaconie amène à la conformation au Christ et concourt à constituer la communauté. Guillaume Petit s'attache, ensuite, à la relecture augustinienne de la péricope du lavement des pieds, pour en souligner la dimension christologique et ecclésiologique.
Il était difficile de parler du service de la charité sans évoquer Martin de Tours, c'est ce que fait Martin Roch, en donnant à son exemplum toute sa mesure. Finalement, le frère Jean-Luc Molinier envisage, non pas l'hospitalité monastique qui est bien connue, mais un point original : la visite des prisonniers. Il aurait été également possible d'envisager le rôle des diacres dans le service de la charité ; nous avons déjà consacré un numéro à la question et y renvoyons : CPE n° 57.
Marie-Anne VANNIER -
Connaissance des Pères de l'Eglise n.126 : la mystagogie d'hier à aujourd'hui
Collectif
- Nouvelle Cité
- 11 Mars 2022
- 9782375823163
EditorialPour fêter les trente ans de notre revue Connaissance des Pères de l'Église, qui s'attache à dégager l'apport des Pères pour leur époque et pour aujourd'hui, comme le rappelle Henri-Louis Roche en ouverture, nous avons choisi, comme thème du colloque qui nous rassemblait pour cette occasion, une réalité qui était fondamentale à l'époque patristique et que nous redécouvrons aujourd'hui : la mystagogie. Nous avons co-organisé ce colloque, les 27 et 28 janvier derniers, avec le Service national de la catéchèse et du catéchuménat de la Conférence épiscopale, afin de réaliser une approche croisée entre les Pères et aujourd'hui [1]. Nous remercions le Père Luc Mellet qui a été la cheville ouvrière de cette coopération, ainsi que Mgr Pierre-Marie Carré, Mgr Michel Pansard et le Père Nicolas-Jean Sèd qui ont présidé le colloque, les 150 responsables diocésains de la catéchèse ou du catéchuménat qui ont participé à ce colloque, ainsi que les responsables des ateliers : Philippe Marxer (« Catéchèse et temps mystagogiques au vu du RICA »), Marie-Thérèse Perriaux (« La première communion pour entrer dans la vie eucharistique »), Anne-Marie Aitken (« Des catéchèses mystagogiques pour mieux vivre le dimanche »), Louis Ridez (« La place de l'iconographie dans la mystagogie »).
La redécouverte actuelle de la mystagogie se situe dans le sil-lage du concile Vatican II, qui a préconisé un retour aux Pères et à l'Écriture. Le pape Benoît XVI lui donne une place importante dans Sacramentum caritatis (n° 64). Sans doute la mystagogie d'hier n'est-elle plus celle d'aujourd'hui, comme le montre Jean Ehret à partir de la reprise de passages des Catéchèses mystagogiques de Cyrille de Jérusalem dans l'Office des lectures, mais il n'en demeure pas moins que la mystagogie est fondamentale aujour-d'hui, tant pour la catéchèse des enfants que pour celle des recommençants, comme l'explique Louis-Marie Chauvet, qui rappelle que « la Lettre aux catholiques de France de 1996 exhortait à "ne pas craindre de prendre l'initiative en invitant à faire la rencontre du Christ dans les sacrements". Cela fait partie des orientations majeures pour oser "proposer la foi dans la société actuelle". Dans ce document, on peut noter le plan des trois "lignes d'action" préconisées : c'est en effet la leitourgia ("célébrer le salut") qui vient en premier, suivie de la diakonia ("servir les hommes") et de la marturia ("annoncer l'Évangile") » (p. 68). Ces trois orientations qui répondent aux trois missions baptismales montrent que la mystagogie est la pierre d'angle, l'expérience de la rencontre avec le Christ d'où découlent la diakonia et la marturia.
Les Pères l'ont rapidement compris, c'est pourquoi ils donnent une telle importance à la mystagogie : les nouveaux baptisés ne peuvent être les témoins du Christ que s'ils ont véritablement vécu le kérygme. Sans doute n'ont-ils pas tout compris immédiatement, aussi importe-t-il d'expliquer le symbolisme baptismal, comme le font Cyrille de Jérusalem que présente Pierre Maraval, Ambroise de Milan, Hilaire de Poitiers, les Cappadociens, Augustin, Théodore de Mopsueste...
Maxime le Confesseur va plus loin en appliquant la mystagogie à toute la liturgie et à la divinisation de l'être humain, comme l'explique Jean-Marc Vercruysse. C'est un peu en ce sens que l'Église d'Orient comprend aujourd'hui encore la mystagogie que nous présente Alexandre Siniakov.
En Occident, nous redécouvrons aussi la mystagogie dans toute sa dimension, comme l'expliquent Mgr Michel Pansard et Luc Mellet, qui précise que la mystagogie est en quelque sorte « la prise de conscience que tout est donné du salut de Dieu dans les sacrements de l'initiation chrétienne mais que tout reste à accueillir vraiment » (p. 103). Pour en rendre compte, Luc Mellet parle, de manière éloquente, d'une seconde conversion. Mgr Claude Dagens, auteur de la Lettre aux catholiques de France qui a eu un rôle majeur, en faisant ressortir le rôle décisif de l'expérience sacramentelle dans la vie chrétienne, met en évidence le lien entre la dimension pastorale et la dimension théologique de la mystagogie.
En effet, comme le souligne Régine du Charlat, nous ne sommes pas seulement des êtres doués de raison, mais aussi de parole et de parole incarnée, réceptifs aux gestes liturgiques habités. C'est en quelque sorte une phénoménologie de l'expérience religieuse que propose la mystagogie. Aussi son champ est-il fort large, comme les Pères l'avaient déjà compris.
Marie-Anne VANNIER
[1] Le Service national de la catéchèse et du catéchuménat a consacré le numéro 12 de sa revue Ecclesia (décembre 2011) à la mystagogie, avec le titre : Conduire vers le mystère. -
EditorialLes Pères ont donné une place importante à Marie, en approfondissant le mystère du Christ, soit à partir d'une méditation de l'Écriture, soit en répondant aux hérésies. Aussi ont-ils rapidement mis en évidence trois points autour desquels s'articule ce numéro de Connaissance des Pères de l'Église : la relecture typologique [1] des figures antithétiques d'Ève et de Marie qui s'ouvre sur l'histoire du salut, la virginité de Marie pour accueillir ce don sans comparaison de Dieu qu'est son Fils et l'affirmation de la maternité divine de Marie, avec l'introduction du terme de Theotokos, au concile d'Éphèse, en 431.
Nous partirons du tournant, réalisé par le concile d'Éphèse, afin d'élucider le terme de Theotokos qui y a alors été adopté pour montrer que Marie est mère de la personne humano-divine du Christ. Ainsi y a-t-il une nette articulation entre christologie et mariologie, en réponse à Nestorius. C'est également à partir du concile d'Éphèse que le cycle des fêtes de Marie se met en place. La piété mariale se développe également. On en trouvait déjà un écho dans les apocryphes [2], mais elle prend une plus grande ampleur avec la transformation du sanctuaire d'Artémis à Éphèse en cité mariale.
Dans un remarquable article, Job Getcha présente, de première main, l'hymnographie byzantine relative à Marie, tant les Théotokia que l'hymne acathiste (qui est l'un des joyaux de la liturgie byzantine), et il explique à quel point elle est issue des textes patristiques et qu'elle est fondamentalement théologique.
Elle reprend, par exemple, la typologie Ève-Marie, que l'on trouve chez Justin, puis chez Irénée, et que Colette Pasquet développe dans un article à propos de la patristique syriaque.
Elle prend aussi en compte la virginité de Marie, qui était centrale pour S. Augustin, comme le montre Jaime García. Dans sa réflexion sur Marie, l'évêque d'Hippone explique également que Marie est mère de l'Église, ce qui sera repris dans le chapitre VIII de Lumen gentium, autant dire l'actualité de nombre d'intuitions des Pères.
Marie-Anne VANNIER
[1] Voir J. DANIÉLOU, Sacramentum futuri. Études sur les origines de la typologie biblique, Paris, Beauchesne, 1950.
[2] Voir E. NORELLI, Marie des apocryphes. Enquête sur la mère de Jésus dans le christianisme antique, Genève, Labor et Fides, 2009. -
Connaissance des Pères de l'Eglise n.118 : Jean Damascène
Collectif
- Nouvelle Cité
- 11 Mars 2022
- 9782853131643
"Il fallait que cette demeure digne de Dieu, la source non creusée de main d'homme d'où jaillit l'eau qui remet les péchés, la terre non labourée, productrice du pain céleste, la vigne qui sans être arrosée donna le vin d'immortalité, l'olivier toujours verdoyant de la miséricorde du Père, aux fruits magnifiques, ne subît pas l'emprisonnement des abîmes de la terre. Mais de même que le corps saint et pur que le Verbe divin, par elle, avait uni à sa Personne, le troisième jour, est ressuscité du tombeau, elle aussi devait être arrachée à la tombe et la mère être associée à son Fils.
Et comme il était descendu vers elle, ainsi elle-même, objet de son amour, devait être transportée jusque "dans le tabernacle plus grand et plus parfait", "jusqu'au ciel lui-même". Il fallait que celle qui avait donné asile au Verbe divin dans son sein vînt habiter dans les tabernacles de son Fils. Et comme le Seigneur avait dit qu'il devait être dans la demeure de son propre Père, il fallait que sa mère demeurât au palais de son Fils, "dans la maison du Seigneur, dans les parvis de la maison de notre Dieu".
Car si là est "la demeure de tous ceux qui sont dans la joie", où donc habiterait la cause de la joie ? [...] Il fallait que celle qui avait contemplé son Fils en croix et reçu au coeur le glaive de la douleur qui l'avait épargnée dans son enfantement, le contemplât assis auprès de son Père." -
Connaissance des Pères de l'Eglise n.119 : Isaac de Ninive
Collectif
- Nouvelle Cité
- 11 Mars 2022
- 9782853131339
EditorialLes premiers temps du christianisme sont l'un des domaines les plus travaillés aujourd'hui. Les caractériser est parfois difficile. Le terme de judéo-??christianisme, qui était le titre des Rencontres de patristique de Carcassonne de l'été 2009, dont nous publions les textes, est parfois énigmatique et ne fait pas l'unanimité des chercheurs. En un article d'ouverture, Simon Claude Mimouni présente un appréciable état de la question et précise les rapports entre judaïsme et christianisme dans les premiers siècles. La triple définition que proposait Jean Daniélou est toujours d'actualité et éclaire les différentes contributions à ce numéro. Dans sa Théologie du judéo-??christianisme le célèbre patrologue disait que le terme de judéo-??christianisme « peut désigner d'abord des Juifs qui ont reconnu dans le Christ un prophète ou un messie, mais non le Fils de Dieu, et qui constituent un groupe intermédiaire entre juifs et chrétiens ». C'est apparemment le cas de l'auteur du Roman clémentin ou encore des ébionites que présentent respectivement Bernard Pouderon et Gilles Dorival. La deuxième définition désigne « la communauté de Jérusalem, dominée par Jacques ». C'est peut-??être à cette communauté que se rattachent ceux qui espéraient la reconstruction du Temple et qu'évoque Françoise Thelamon. La troisième renvoie à « une forme de pensée qui n'implique pas de lien avec la communauté juive, mais qui s'exprime dans des cadres empruntés au judaïsme. Le mot a alors un sens plus large et désigne les chrétiens venus du judaïsme », comme l'explique Marcel Metzger. Toute une littérature intermédiaire entre judaïsme et christianisme s'est également développée, celle des apocryphes que présentent Daniel Vigne et Rémy Gounelle. S'y ajoutent différents groupes judéo-??chrétiens : les nâsara... qu'étudie Marlène Kanaan. C'est à ce milieu fort diversifié, que nous introduit ce numéro de Connaissance des Pères de l'Église, ce milieu où ont vécu le Christ, les Apôtres et les premières générations chrétiennes, issues le plus souvent du judaïsme ou reprenant ses cadres, en les réinterprétant.
Marie-??Anne VANNIER -
Connaissance des Pères de l'Eglise n.120 : le diable et les démons chez les pères (décembre 2010)
Collectif
- Nouvelle Cité
- 11 Mars 2022
- 9782853131551
EditorialSi les Pères ont dû lutter à l'extérieur contre les hérésies et les actions du Malin, ils n'en ont pas moins mené un combat spirituel en eux-mêmes, en particulier lorsqu'ils ont été face à eux-mêmes dans le désert ; aussi ont-ils personnifié cette lutte avec le mal à travers les figures protéiformes du diable et des démons qui abondent, par exemple, dans la Vie d'Antoine, que présente Jeannine Siat, et qui ont donné lieu à une iconographie multiforme. Mais les Pères n'en sont pas restés à cette lutte. Comme le Christ et avec lui, ils ont triomphé du Malin. Ainsi Antoine apparaît-il comme l'homme accompli, comme un alter Christus, à l'issue de cette lutte. C'est au discernement des esprits que les Pères invitent en des traités qui, par la finesse de leur analyse psychologique, sont toujours d'actualité. Lors des Rencontres nationales de patristique de Carcassonne, dont Patrick Laurence a été le maître d'oeuvre, ce thème du diable et des démons a été étudié de diverses manières. Daniel Vigne et Régis Courtray l'ont repris à travers la figure de l'Antichrist chez S. Irénée et celle de Nabuchodonosor, qui s'effondrent avec l'avènement du Christ. Marc Milhau et Patrick Laurence l'ont envisagé à travers des Vies de saints, celle de saint Martin et de sainte Mélanie, où les métamorphoses du démon sont nombreuses et hautes en couleur. Finalement, Marie-Ange Calvet-Sebasti souligne que Grégoire de Nazianze identifie le diable aux ténèbres et elle montre qu'il prend, dans l'oeuvre du Cappadocien, diverses expressions : celle du païen, de l'hérétique, de l'adversaire..., de celui qui choisit le mal.
Marie- Anne VANNIER -
Connaissance des Pères de l'Eglise : exégèse et herméneutique bibliques
Collectif
- Nouvelle Cité
- 11 Mars 2022
- 9782853134712
EditorialLes Pères ont été avant tout des hommes de la Bible. Toute leur théologie en est tirée, comme en témoignent non seulement Origène et Augustin, mais aussi l'ensemble des Pères de l'Eglise. Ils ont été de véritables pionniers dans l'interprétation de l'Ecriture. Sans doute ont-ils repris des méthodes d'exégése juive, comme les règles de Hillel, ainsi que les Règles de Tyconius, ainsi que le montre Jean-Marc Vercruysse, maître d'oeuvre de ce numéro de Connaissance des Pères de l'Eglise, mais ils ont également apporté leur contribution propre, comme l'explique Isabelle Bochet à propos du De doctrina christiana d'Augustin.
Il leur a, tout d'abord, fallu établir le texte de la Bible et faire ainsi oeuvre quasi scientifique d'exégètes, comme Origène et Jérôme, puis ils ont dû commenter l'Ecriture et développer alors toute une herméneutique. Parfois, ils y ont été contraints pour mettre en échec les hérésies, tel Irénée de Lyon que présente Agnès Bastit-Kalinowska, et ont cherché à mettre en évidence l'apport spécifique de l'Ecriture.
Dans un contexte plus serein, ils ont également proposé des méthodes d'exégèse de la Bible. Souvent, on oppose l'école d'Alexandrie avec l'exégèse allégorique et l'école d'Antioche avec l'exégèse littérale. Daniel Vigne, qui reprend la genèse et la réception de l'école d'Alexandrie et Jean-Noël Guinot qui s'attache à l'école d'Antioche avec Théodoret de Cyr soulignent que les questions sont plus complexes, ce qui amène Jean-Noël Guinot à conclure que « l'exégèse antiochienne se caractérise avant tout par l'attention portée à la dimension historique du texte biblique, par sa défiance à l'égard de l'allégorie d'Origène, et par le rejet de ce mode d'interprétation au profit d'un moyen moins subjectif, ou si l'on veut plus rationnel, de dépasser la lettre, puisqu'il repose sur l'examen objectif des faits : l'explication typologique » (p. 59).
La lecture que les Pères ont faite de l'Ecriture, si elle peut nous dérouter sur certains points, est en fait un lieu de ressourcement qui, aujourd'hui encore, nous aide à découvrir la profondeur du texte biblique et à trouver le trésor qui est caché dans son champ et qui n'est autre que le Christ, comme l'expliquait Origène.
Marie-Anne VANNIER