Une réflexion théorique d'ensemble sur la pratique des sciences de l'éducation est-elle possible aujourd'hui ? En effet, les schémas de formation semblent dénués de tout axe directeur et font preuve d'une certaine incohérence qui en rend l'application aléatoire. On en vient à se demander par exemple si l'oubli du respect de la diversité n'est pas à l'origine de cette difficulté. En d'autres termes, le manque d'audace politique, le refuge dans le conformisme, l'unicité des sources d'inspiration ne révéleraient-ils pas ce qui, en définitive, est crise d'imagination et crise du pouvoir? A des degrés divers, et selon des modes d'appréhension qui leur sont propres, la vingtaine d'auteurs de ce quatrième Cahier se placent dans cette problématique. Ils cherchent tous à cerner les points d'impact de ces crises sur leur propre terrain de travail...
Ce Cahier place la production sous le signe de l'ambivalence. Il ne faut pas conférer à ce terme une connotation péjorative mais plutôt le comprendre de manière nuancée, comme possibilité multiple, mouvance d'un réel aux mille facettes, pratique aux frontières indéfinies, mêlant, dans l'élan de sa propre création, respect des rites collectifs et émergence de l'inédit, du spontané. C'est justement pour illustrer cet aspect double de la production, débordant de la stricte finalité utilitaire, que les auteurs ont voulu d'emblée commencer par le terrain ; il leur fallait restituer, sans les détruire, ces entités sociales où rien n'est jamais définitivement canalisé ni articulé sur un but unique : les formations communautaires qu'ils nous présentent dans la partie pratique s'organisent en fonction de logiques diverses et spécifiques.