Danny Plourde
4 produits trouvés
-
En commettant un crime, il venait de réveiller une force qu'il ne se connaissait pas, une
lointaine lignée de bafoués qui se serait enfin libérée à travers lui. Un sentiment
d'accomplissement l'enivrait. Entre l'effroi et la quiétude, l'euphorie et l'angoisse, Morneau frissonnait de tout son corps à seulement imaginer qu'il avait ôté la vie d'un
homme, qu'il avait réussi quelque chose, qu'il avait, pour une fois, servi une juste cause.
Joseph Morneau pourrait être n'importe qui. Pourtant, ce jeune homme ordinaire est
le héros involontaire d'une histoire au cours de laquelle le meurtre et la mort vont
irrémédiablement le transfigurer. Joseph Morneau est un roman social, engagé, pour
ne pas dire enragé, qui nous plonge au coeur d'une société québécoise minée par la
corruption et le cynisme et qui s'interroge sur l'engagement et le militantisme.
En décrivant l'inéluctable dérive d'un homme que rien ne prédisposait au meurtre
et à la violence, Danny Plourde nous fait partager son regard acéré et sans complaisance sur la société québécoise en général et sur le quotidien désenchanté de sa génération en particulier. -
des poussières
nous toujours en mouvement
prenant conscience de nous-mêmes
une fois enfuis
portés par l'effort la misère
le blanc le bleu de l'hiver
le flegme des vents
nous des arbres rares
qui ont dû s'arquer
ou se briser en deux
Écrit dans l'urgence de saper le confort génocide d'une société aseptisée, ce dernier tome d'une trilogie inavouée évoque, en un souffle aussi acéré que rageur, l'abandon de la liberté. Entre mémoire et vigilance, les mains vides face aux désastres, le poète nous rappelle l'arbre rare, phare au coeur de la débâcle humaine. C'est avec un désespoir lumineux qu'il tente de le raviver. -
Clovis Agaric arrive de Marseille avec un visa tem-poraire pour travailler comme intervenant au Bercail, un centre d'hébergement montréalais du quartier Bonsecours.
À l'ombre des attraits touristiques, Clovis vient en aide aux itinérants. Artisan de la compassion inspiré par l'abbé Pierre, idéaliste un peu brouillon, l'inter-venant combat les préjugés et se dévoue pour oublier son propre mal de vivre.
Dans ce roman empreint d'humanité, où personne n'est tout noir ou tout blanc, chacun est criant de vérité, autant les travailleurs sociaux, les collègues de Clovis, que ces démunis qu'on ne voit plus, pas plus qu'on ne remarque le mobilier urbain.
D'ailleurs, la plupart des itinérants, par fierté, pré-fèrent se fondre dans le paysage, se cacher pour mourir à petit feu. Aucun drapeau ne sera mis en berne pour eux. Aucune chapelle ardente. Rien. Le peuple du décor peut disparaître.
Pourtant, même celles et ceux qui n'ont rien peuvent donner beaucoup, et Clovis en prendra conscience lorsqu'il lui faudra, à son tour, accepter la main qu'on lui tend. -
Spirale. No. 253, Été 2015
Erik Bordeleau, Pierre Popovic, Fanie Demeule, Gilles Lapointe, Ginette Michaud, Danny Plourde, Martin Herve, Lucile Cre
- Spirale magazine culturel inc.
- Spirale
- 16 Décembre 2015
- 9782924359105
Il y avait très longtemps que le comité de rédaction de Spirale n'avait pas proposé de dossier. Le pluriel Insurrections signe ce retour. S'éloignant de la dimension macroscopique du concept afin de rejoindre les particularités des expériences qui touchent les vies minuscules, il était important pour Spirale d'insister sur la pluralité et la diversité du phénomène insurrectionnel, non pas pour le réduire aux affairements des individus plutôt qu'à la grande agitation collective, mais pour en marquer l'aspect continu et total dans la vie ordinaire, pour en pointer même la nécessité intime. Le titre Insurrections attirera immanquablement l'oeil. Il ne faudrait pas voir son traitement parfois indirect dans le dossier comme une désinvolture : les collaborateurs de ce numéro croient fermement que les soulèvements, les émeutes et les révoltes sourdent des livres, des films et des essais qu'ils ont lus, non pas comme des insurrections en puissance en attente d'actualisation mais des insurrections déjà en train de se faire.