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Une étrange défaite : Sur le consentement à l'écrasement de Gaza
Didier Fassin
- La découverte
- 5 Septembre 2024
- 9782348085376
Avec le recul du temps, les événements qui, après l'attaque meurtrière du Hamas le 7 octobre 2023, se sont déroulés en Palestine et leur réception dans une grande partie des lieux de pouvoir, tant politiques qu'intellectuels, de la planète apparaîtront à la lumière crue de leur signification : plus que l'abandon d'une partie de l'humanité, dont la réalpolitique internationale a donné maints exemples récents, c'est le soutien apporté à sa destruction que retiendra l'histoire.
Cet acquiescement à la dévastation de Gaza et au massacre de sa population par l'État d'Israël, à quoi s'ajoute la persécution des habitants de Cisjordanie, a suscité l'indignation de celles et ceux qui, tout en condamnant les actes sanglants ayant déclenché l'offensive, rappelaient les décennies de spoliation, de violence et d'humiliation qui les avait précédés et refusaient la poursuite de l'écrasement d'un peuple et de l'effacement de sa mémoire. Mais on les a stigmatisés et réprimés. Une police de la pensée s'est imposée. Le détournement des mots et l'inversion des valeurs ont mis à l'épreuve l'intelligence politique et le discernement moral. Ce livre propose une archive et une analyse de cette abdication historique. -
Au cours des dernières décennies, la plupart des sociétés se sont faites plus répressives, leurs lois plus sévères, leurs juges plus inflexibles, et ceci sans lien direct avec l'évolution de la délinquance et de la criminalité. Dans ce livre, qui met en oeuvre une approche à la fois généalogique et ethnographique, Didier Fassin s'efforce de saisir les enjeux de ce moment punitif en repartant des fondements mêmes du châtiment.
Qu'est-ce que punir ? Pourquoi punit-on ? Qui punit-on ? À travers ces trois questions, il engage un dialogue critique avec la philosophie morale et la théorie juridique. Puisant ses illustrations dans des contextes historiques et nationaux variés, il montre notamment que la réponse au crime n'a pas toujours été associée à l'infliction d'une souffrance, que le châtiment ne procède pas seulement des logiques rationnelles servant à le légitimer et que l'alourdissement des peines a souvent pour résultat de les différencier socialement, et donc d'accroître les inégalités.
À rebours du populisme pénal triomphant, cette enquête propose une salutaire révision des présupposés qui nourrissent la passion de punir et invite à repenser la place du châtiment dans le monde contemporain.
Didier Fassin est professeur de sciences sociales à l'Institute for Advanced Study de Princeton et directeur d'études à l'EHESS. Il est notamment l'auteur, au Seuil, de La Force de l'ordre (2011) et de L'Ombre du monde (2015).
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L'ombre du monde ; une anthropologie de la condition carcérale
Didier Fassin
- Seuil
- La Couleur des idées
- 8 Janvier 2015
- 9782021179606
Invention récente puisqu'elle n'a guère plus de deux siècles, la prison est devenue, partout dans le monde, la peine de référence. L'atteste, en France, le doublement de la population carcérale au cours des trois dernières décennies. Comment comprendre la place qu'elle occupe dans la société contemporaine ? Et comment expliquer que le tournant punitif affecte avec une telle intensité certaines catégories de personnes ? Pour tenter de répondre à ces questions, Didier Fassin a conduit au long de quatre années une enquête dans une maison d'arrêt.
Analysant l'ordinaire de la condition carcérale, il montre comment la banalisation de l'enfermement a renforcé les inégalités socio-raciales et comment les avancées des droits se heurtent aux logiques d'ordre et aux pratiques sécuritaires. Mais il analyse aussi les attentions et les accommodements du personnel pénitentiaire, les souffrances et les micro-résistances des détenus, la manière dont la vie au dedans est traversée par la vie du dehors. La prison apparaît ainsi comme à la fois le reflet de la société et le miroir dans lequel elle se réfléchit. Plutôt que l'envers du monde social, elle en est l'inquiétante ombre portée.
Didier Fassin est professeur de sciences sociales à l'Institute for Advanced Study de Princeton et directeur d'études à l'EHESS. Il a notamment publié La Force de l'ordre (Seuil, 2011) et La Raison humanitaire (Hautes Études-Gallimard-Seuil, 2010).
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La recherche à l'épreuve du politique
Didier Fassin
- Textuel
- Textuel Idées Débats
- 11 Janvier 2023
- 9782845979338
Quand la recherche se révèle être une épreuve à risque. Éric Fassin met ici en lumière la part de risque à laquelle s'exposent les chercheurs et chercheuses en sciences sociales. Il s'appuie pour cela sur son expérience personnelle en France mais aussi sur celles de chercheurs mis en danger pour des raisons politiques à l'international. Il nous alerte sur le risque d'autocensure qui en découle.
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Écologique, sanitaire, énergétique, économique, sociale, humanitaire, démocratique : les crises sont une composante essentielle du monde contemporain. Si les sciences sociales peuvent aider à les comprendre et à les résoudre, leur rôle est également d'interroger le langage de la crise, d'analyser l'écart ou la convergence entre la réalité et sa représentation : nommer ou taire une crise, l'exagérer ou la minimiser sont autant de procédés générateurs d'affects, de temporalités, d'omissions aux conséquences majeures qu'une pensée critique se doit de décrypter. S'appuyant à la fois sur les trajectoires de vie de figures célèbres des sciences humaines et sur des recherches conduites autour de faits éloquents du présent, cette leçon inaugurale, qui s'adresse à toute citoyenne et tout citoyen, pose les jalons d'une vaste réflexion éthique et politique dont l'époque ne cesse de démontrer la nécessité.
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Les mondes de la santé publique : excursions anthropologiques ; cours au collège de France 2020-2021
Didier Fassin
- Seuil
- La Couleur des idées
- 2 Septembre 2021
- 9782021486124
Avec la pandémie de covid, la santé publique, domaine jusqu'alors méconnu, a fait irruption dans le monde. Tout ce qui fait le mouvement des sociétés s'est brusquement mis à tourner autour des questions sanitaires. Pour inscrire ce moment dans un cadre plus vaste, le cours au Collège de France qui fournit la matière de ce livre propose un détour en partant d'une scène ordinaire, celle du saturnisme infantile, pour, au fil des leçons, en décliner les enjeux à travers une série d'études de cas menées sur trois continents.
La vérité du chiffre invite à réfléchir à la manière dont le travail de quantification prétend représenter les faits sociaux et sanitaires. Les frontières épistémiques interrogent la confrontation de conceptions profanes et savantes de la maladie. Les thèses conspirationnistes révèlent des réactions de défiance à l'égard des savoirs autorisés et des pouvoirs officiels. Les crises éthiques dévoilent des mécanismes de violation des droits et de détournement des biens communs au bénéfice d'intérêts privés. Quant aux enquêtes portant sur les exils précaires et les épreuves carcérales, elles permettent d'appréhender la généalogie et la sociologie de l'administration des populations vulnérables. Chacun de ces enjeux jette un éclairage singulier sur l'expérience pandémique.
Au terme de ces excursions anthropologiques, la santé publique peut apparaître à la fois comme un miroir tendu à la société et un reflet que cette dernière lui renvoie.Anthropologue, sociologue et médecin, Didier Fassin est professeur à l'Institute for Advanced Study de Princeton, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales et titulaire de la chaire de santé publique du Collège de France en 2020-2021. Il a récemment publié au Seuil La Vie mode d'emploi critique et Mort d'un voyageur. Une contre-enquête. -
Faire de la santé publique
Didier Fassin
- Hygée Editions/ Presses de l'EHESP
- 21 Septembre 2023
- 9782810911226
L'ambition de cette 3e édition est de montrer comment des idées naissent, des instruments se forgent, des acteurs se mobilisent pour faire exister et reconnaître des réalités : les « problèmes de santé publique ». Une nouvelle préface souligne la façon dont la pandémie de Covid a simultanément donné une présence inédite à la santé publique.
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« Comment traite-t-on les vies ? Que fait-on des morts ? Ou plutôt, que dit d'une société la manière dont elle considère certaines vies, vies de travailleurs, vies d'exilés, vies de prisonniers, vies rendues vulnérables, inégales ? Et que révèlent de ses valeurs la façon dont meurent certains de ces travailleurs, certains de ces exilés ou certains de ces prisonniers, la façon dont on les laisse mourir ou dont on les expose à la mort, la façon dont on détourne les yeux de leur condition ou dont on se mobilise pour les protéger ? Au fond, comment se définissent les économies morales de la vie et de la mort dans le monde contemporain ? Telles sont les questions posées dans ce livre à propos de trois objets au regard desquels elles s'avèrent particulièrement pertinentes : le travail, l'exil et la prison. Ce choix n'est pas neutre. Il vise à éclairer des lieux où, souvent, la précarité des vies est rendue invisible et la douleur des morts indicible. » Issu du colloque qui s'est tenu au Collège de France en juin 2021, ce volume réunit des anthropologues, des historiens et des sociologues dont le travail tant empirique que théorique interroge avec force et clarté les problématiques fondamentales de notre société.
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« Il y a, d'un côté, la vie qui s'écoule avec un commencement et une fin, et de l'autre, la vie qui fait la singularité humaine parce qu'elle peut être racontée. On pourrait ainsi parler de vie biologique et de vie biographique. L'espérance de vie mesure l'étendue de la première. L'histoire de vie relate la richesse de la seconde. L'inégalité des vies ne peut être appréhendée que dans la reconnaissance des deux. Elle doit à la fois les distinguer et les connecter. Les distinguer, car le paradoxe des femmes françaises montre qu'une vie longue ne suffit pas à garantir une vie bonne. Les connecter, car l'expérience des hommes afro-américains rappelle qu'une vie dévalorisée finit par produire une vie abîmée. C'est ainsi que se pose également la question des réfugiés et des migrants. »
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Des attentats aux séismes, des accidents d'avion aux prises d'otages, des massacres de populations aux suicides d'adolescents, tout événement violent appelle la présence de psychiatres et de psychologues qui interviennent au nom de la trace psychique du drame : le traumatisme. Longtemps cette notion a servi à disqualifier soldats et ouvriers dont l'authenticité de la souffrance était mise en doute. Désormais, grâce au traumatisme, les victimes trouvent une reconnaissance sociale.
Ce renversement procède de deux histoires convergentes. L'une, intellectuelle, qui va des travaux de Charcot, Janet et Freud à l'invention de l'état de stress post-traumatique aux États-Unis et à sa difficile adoption en France. L'autre, morale, qui fait succéder à un siècle de suspicion une ère de réhabilitation et produit l'émergence d'une nouvelle subjectivité politique : celle de la victime.
Le livre explore trois scènes emblématiques où se déploient trois formes d'intervention : la victimologie psychiatrique, après l'explosion de l'usine AZF à Toulouse ; la psychiatrie humanitaire, en Palestine durant la seconde Intifada ; la psychotraumatologie de l'exil, à l'oeuvre auprès des demandeurs d'asile. -
Mort d'un voyageur ; une contre-enquête
Didier Fassin
- Seuil
- La Couleur des idées
- 12 Mars 2020
- 9782021450781
C'est une histoire simple. Un homme de trente-sept ans appartenant à la communauté du voyage est abattu dans la ferme familiale par des gendarmes du GIGN alors qu'il n'a pas réintégré la prison après une permission de sortir. Deux versions des faits s'affrontent : celle des militaires, qui invoquent la légitime défense, et celle des parents présents sur les lieux, qui la contestent. Une information judiciaire est ouverte, qui se conclut par un non-lieu, confirmé en appel. La famille et ses soutiens continuent pourtant de se battre, réclamant justice et vérité. Réexaminant les pièces du dossier et interrogeant les protagonistes du drame, Didier Fassin présente ici une contre-enquête qui accorde le même crédit à tous les récits.
Pour en rendre compte, Mort d'un voyageur propose une forme expérimentale de narration qui s'attache d'abord à restituer scrupuleusement par une écriture subjective la manière dont chacun affirme avoir vécu les événements, puis à croiser les témoignages et les expertises en intégrant l'ensemble des éléments disponibles pour aboutir à une autre lecture des faits. Réflexion critique sur les conditions de possibilité de telles tragédies, cette recherche contribue à rendre aux voyageurs un peu de ce dont la société les prive : la respectabilité.
Didier Fassin est professeur à l'Institute for Advanced Study de Princeton et directeur d'études à l'EHESS. Titulaire d'une chaire annuelle du Collège de France, il est notamment l'auteur, au Seuil, de Punir. Une passion contemporaine et La Vie. Mode d'emploi critique.
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Le Monde à l'épreuve de l'asile : Essai d'anthropologie critique
Didier Fassin
- Société d´ethnologie
- 13 Novembre 2023
- 9782365190572
Le problème des réfugiés, qui se pose avec acuité depuis un siècle, a connu au cours de la période récente de tragiques développements en raison de l'accroissement de la population fuyant les guerres, les persécutions, les catastrophes et la paupérisation, mais aussi et surtout à cause des réactions d'hostilité et de rejet observées en maints endroits de la planète. Ayant conduit pendant une quinzaine d'années des enquêtes sur l'asile en France et plus récemment en Afrique du Sud, Didier Fassin propose de reconsidérer ce que nous croyons savoir mais ne parvenons plus à penser autour de cette « question réfugiée » à travers une triple approche : généalogique, afin de remonter aux origines de l'asile ; géographique, pour rendre compte de la mondialisation de ses enjeux ; ethnographique, en s'attachant aux pratiques ordinaires d'octroi de la protection. Il révèle ainsi les intermittences de l'hospitalité, l'inégale distribution des réfugiés entre les nations et les profondes mutations de l'économie morale de l'asile. La forme de vie imposée aux nomades forcés devient ainsi une clé de lecture du monde contemporain.
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La vie ; mode d'emploi critique
Didier Fassin
- Seuil
- La Couleur des idées
- 11 Janvier 2018
- 9782021374728
Comment concevoir la vie dans sa double dimension du vivant et du vécu, de la matière et de l'expérience ? À cette question, la philosophie et, plus récemment, les sciences sociales, ont apporté toutes sortes de réponses, privilégiant souvent l'une ou l'autre de ces dimensions – le biologique ou le biographique. Est-il toutefois possible de les penser ensemble et de réconcilier ainsi les approches naturaliste et humaniste ? S'appuyant sur une série de recherches conduites sur trois continents, Didier Fassin s'y emploie en mobilisant trois concepts : les formes de vie, les éthiques de la vie et les politiques de la vie.
Dans la condition des réfugiés et des demandeurs d'asile, à travers le geste humanitaire et le sacrifice pour une cause, à la lumière des statistiques de mortalité et des modalités de calcul des indemnités de décès, à l'épreuve, enfin, d'une enquête généalogique et ethnographique, l'économie morale de la vie révèle de troublantes tensions dans la manière dont les sociétés contemporaines traitent les êtres humains.
Une fois assemblées, comme dans un puzzle, les pièces de cette composition anthropologique, une image apparaît : celle, troublante, des vies inégales.
Didier Fassin est professeur à l'Institute for Advanced Study de Princeton et directeur d'études à l'EHESS. Il est notamment l'auteur, au Seuil, de La Raison humanitaire, La Force de l'ordre, L'Ombre du monde et Punir. Une passion contemporaine.
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Quand les corps se souviennent
Didier Fassin
- La découverte
- Armillaire
- 12 Décembre 2013
- 9782707178817
Quels sont les enjeux politiques d'une crise épidémiologique qui met en cause les discours de la science autant que la gestion du pouvoir ? Un prisme original pour lire l'histoire récente de l'après-apartheid.
Avec six millions de personnes infectées, l'Afrique du Sud est le pays du monde le plus gravement touché par l'épidémie de sida. Elle est aussi le lieu des débats les plus virulents sur les causes et les traitements de la maladie, des mobilisations les plus spectaculaires et des procès les plus retentissants pour l'accès aux médicaments. Que ces faits surviennent dans le contexte de l'après-apartheid, dans une " nouvelle Afrique du Sud " où la reconstruction d'une " nation arc-en-ciel " affranchie des barrières raciales semblait enfin possible, confère à cette situation une tonalité particulièrement dramatique. En ce sens, la chronique sud-africaine du sida, de ses morts annoncées et de ses polémiques incessantes, forme le contrepoint de la Commission vérité et réconciliation, qui s'est efforcée de solder un héritage douloureux. Fruit de cinq années d'enquête dans les townships et les anciens homelands comme dans les milieux savants et politiques sud-africains, ce livre retrace les enjeux politiques d'une crise épidémiologique qui met en cause les discours de la science autant que la gestion du pouvoir : il montre, à partir des biographies de malades et de l'anatomie des controverses, comment l'histoire de la colonisation et de la ségrégation demeure vivante, dans les inégalités et les violences, dans le racisme et les accusations de racisme. Le passé est intensément présent, se dévoilant sans cesse à travers une politique de la souffrance et une économie du ressentiment. Il s'agit donc ici de comprendre, de la manière la plus littérale, comment les corps se souviennent. Au-delà de la singularité historique de l'Afrique du Sud, l'auteur propose ainsi une réflexion sur la mémoire des afflictions collectives dans les sociétés contemporaines et sur l'anesthésie politique que perpétue notre indifférence à l'égard de ces injustices. -
L'Espace politique de la santé
Didier Fassin
- Presses universitaires de France (réédition numérique FeniXX)
- Sociologie d'aujourd'hui
- 11 Septembre 2015
- 9782130675822
La maladie n'est pas seulement un événement biologique qui affecte l'individu et mobilise le savoir médical. Elle est aussi une réalité sociale qui met en jeu des rapports de pouvoir. Elle les exprime dans les multiples manières dont l'ordre social s'inscrit dans les corps, à travers les disparités face aux risques de l'existence, aux possibilités de se soigner et, finalement, à la mort. Elle les révèle dans l'intervention de ceux que l'on crédite de la capacité de guérir, qu'ils soient chamanes, marabouts, prêtres ou médecins, tout autant que dans les interactions entre les professions de santé et les pouvoirs publics. Elle les dévoile enfin dans la recherche de réponses collectives aux désordres corporels, rituels de purification ou programmes de prévention, dont la réalisation représente toujours un test pour l'autorité, celle du devin comme celle de l'État. Incorporation de l'inégalité, pouvoir de guérir et gouvernement de la vie constituent ainsi les trois dimensions de ce que l'on se propose de nommer l'espace politique de la santé. En s'efforçant de penser ensemble des mondes éloignés temporellement et culturellement, en s'appuyant sur des travaux d'ethnologues, d'historiens et de sociologues, et aussi sur des recherches personnelles, il s'agit de montrer comment cet espace s'est construit. D'en établir, en somme, la généalogie. Mais, au-delà de cette reconstitution, l'ouvrage est également une invitation à explorer un territoire en plein développement et pourtant encore peu visité, aux frontières du politique et de la santé.
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Most incidents of urban unrest in recent decades - including the riots in France, Britain and other Western countries - have followed lethal interactions between the youth and the police. Usually these take place in disadvantaged neighborhoods composed of working-class families of immigrant origin or belonging to ethnic minorities. These tragic events have received a great deal of media coverage, but we know very little about the everyday activities of urban policing that lie behind them. Over the course of 15 months, at the time of the 2005 riots, Didier Fassin carried out an ethnographic study in one of the largest precincts in the Paris region, sharing the life of a police station and cruising with the patrols, in particular the dreaded anti-crime squads. Far from the imaginary worlds created by television series and action movies, he uncovers the ordinary aspects of law enforcement, characterized by inactivity and boredom, by eventless days and nights where minor infractions give rise to spectacular displays of force and where officers express doubts about the significance and value of their own jobs. Describing the invisible manifestations of violence and unrecognized forms of discrimination against minority youngsters, undocumented immigrants and Roma people, he analyses the conditions that make them possible and tolerable, including entrenched policies of segregation and stigmatization, economic marginalization and racial discrimination. Richly documented and compellingly told, this unique account of contemporary urban policing shows that, instead of enforcing the law, the police are engaged in the task of enforcing an unequal social order in the name of public security.
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How can we think of life in its dual expression, matter and experience, the living and the lived? Philosophers and, more recently, social scientists have offered multiple answers to this question, often privileging one expression or the other - the biological or the biographical. But is it possible to conceive of them together and thus reconcile naturalist and humanist approaches? Using research conducted on three continents and engaging in critical dialogue with Wittgenstein, Benjamin, and Foucault, Didier Fassin attempts to do so by developing three concepts: forms of life, ethics of life, and politics of life.
In the conditions of refugees and asylum seekers, in the light of mortality statistics and death benefits, and via a genealogical and ethnographical inquiry, the moral economy of life reveals troubling tensions in the way contemporary societies treat human beings. Once the pieces of this anthropological composition are assembled, like in Georges Perec's jigsaw puzzle, an image appears: that of unequal lives. -
The prison is a recent invention, hardly more than two centuries old, yet it has become the universal system of punishment. How can we understand the place that the correctional system occupies in contemporary societies? What are the experiences of those who are incarcerated as well as those who work there? To answer these questions, Didier Fassin conducted a four-year-long study in a French short-stay prison, following inmates from their trial to their release. He shows how the widespread use of imprisonment has reinforced social and racial inequalities and how advances in civil rights clash with the rationales and practices used to maintain security and order. He also analyzes the concerns and compromises of the correctional staff, the hardships and resistance of the inmates, and the ways in which life on the inside intersects with life on the outside. In the end, the carceral condition appears to be irreducible to other forms of penalty both because of the chain of privations it entails and because of the experience of meaninglessness it comprises. Examined through ethnographic lenses, prison worlds are thus both a reflection of society and its mirror. At a time when many countries have begun to realize the impasse of mass incarceration and question the consequences of the punitive turn, this book will provide empirical and theoretical tools to reflect on the meaning of punishment in contemporary societies.
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It is a simple story. A 37-year-old man belonging to the Traveller community is shot dead by a special unit of the French police on the family farm where he was hiding since he failed to return to prison after temporary release. The officers claim self-defense. The relatives, present at the scene, contest that claim. A case is opened, and it concludes with a dismissal that is upheld on appeal. Dismayed by these decisions, the family continues the struggle for truth and justice. Giving each account of the event the same credit, Didier Fassin conducts a counter-investigation, based on the re-examination of all the available details and on the interviews of its protagonists. A critical reflection on the work of police forces, the functioning of the justice system, and the conditions that make such tragedies possible and seldom punished, Death of a Traveller is also an attempt to restore to these marginalized communities what they are usually denied: respectability.
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Public health erupted into the world's consciousness in early 2020 with the Covid pandemic and its multiple social and economic consequences. What had been until then, for most people, a remote and specialized field of expertise suddenly became the very basis for the government of lives. The Worlds of Public Health analyzes the moral and political issues at stake in the practice of public health today, including the influence of positivism, the boundaries of disease, conspiracy theories, morality tests, and the challenges posed by the health of migrants and prisoners. This exploration transports readers from South Africa, the country most impacted by the AIDS epidemic, to Ecuador, with the supposedly highest maternal mortality rate in Latin America; from the scientific controversies concerning the so-called worm wars in Kenya to conflicts between doctors and patients around Gulf War syndrome in the United States; from lead poisoning and public housing in France to the Covid-19 pandemic worldwide. Through these case studies, Didier Fassin argues that, ultimately, public health is a politics of life, revealing the different and unequal ways in which life is valued - and either protected or not - in contemporary societies.
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De modo que, por un lado, está la vida que transcurre con un comienzo y un fin, como para cualquier ser vivo, y, por otro lado, la vida que forma la singularidad humana porque se compone de hechos narrables. Podríamos hablar entonces de vida biológica y de vida biográfica. La esperanza de vida mide la extensión de la primera. La historia de vida relata la riqueza de la segunda. La desigualdad de las vidas solo puede percibirse en el reconocimiento de las dos. Debe diferenciarlas y conectarlas a la vez. Diferenciarlas, porque la paradoja de las mujeres francesas deja en evidencia que una vida larga no alcanza para garantizar una vida buena. Conectarlas, porque la experiencia de los hombres afroamericanos recuerda que una vida desvalorizada termina por producir una vida arruinada. [...] Así se plantea también la cuestión de los refugiados y de los migrantes.
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There is, on the one hand, life that flows from a beginning to an end, and, on the other hand, life that constitutes human singularity because it can be recounted. We may term them "biological life" and "biographical life". Life expectancy measures the length of the former; a life story relates the richness of the latter. Only by acknowledging both can the inequality of lives be comprehended. They should be conceived of as being both distinct and connected: distinct, because the paradox of French women shows that a long life is no guarantee of a good life; connected, because the experience of African-American men stands as a reminder that a devalued life is a damaged life. This also raises the question of refugees and migrants.
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économies morales contemporaines
Didier Fassin
- La découverte
- Recherches
- 11 Décembre 2014
- 9782707173973
Les questions morales pénètrent nos représentations, nos pratiques, nos politiques. Les auteurs ici réunis en explorent, dans une perspective critique, les multiples facettes à travers une série d'enquêtes conduites sur quatre continents. Cette édition numérique reprend, à l'identique, l'édition originale de 2012.
Les questions morales pénètrent nos représentations, nos pratiques, nos politiques. Qu'il s'agisse, dans le monde privé, d'interpréter les conduites des autres et de disci-pliner les siennes propres, ou bien, dans l'espace public, de sanctionner des déviances et de réguler des populations, nos sociétés mobilisent des normes, des valeurs et des affects, qu'illustrent notamment les tensions entre la raison humanitaire et l'ordre sécuritaire. Redonnant toute sa force critique au concept d'économies morales, les auteurs réunis ici par Didier Fassin et Jean-Sébastien Eideliman en explorent les multi-ples facettes à travers une série d'enquêtes conduites sur quatre continents. Des lieux d'enfermement des étrangers en France aux prisons de haute sécurité aux États-Unis, de la stigmatisation des familles roms en Italie à la marginalisation des enfants de migrants en Chine, de la condamnation du tourisme sexuel en Thaïlande à l'évaluation des transactions amoureuses au Mali, des pratiques de charité en Inde aux politiques contre la pauvreté au Chili, les auteurs s'attachent à comprendre comment on gouverne et on juge, comment on assiste et on exclut. Mais ils montrent aussi que les professionnels et leurs publics n'adoptent pas de manière passive et uniforme ces modèles moraux : ils déploient des subjectivités éthiques pour résister ou " faire avec ", autour du handicap et de la toxicomanie, de l'asile et de la naturalisation, de la violence et de la finance. Cet ouvrage nous propose ainsi de penser la vie sociale et politique de la morale. Cette édition numérique reprend, à l'identique, l'édition originale de 2012. -
Raison humanitaire ; une histoire morale du temps présent
Didier Fassin
- Seuil
- Hautes Etudes
- 28 Mai 2015
- 9782021037364
Face aux désordres du monde, les sentiments moraux sont devenus un ressort essentiel des politiques, internationales aussi bien que locales. Qu'il s'agisse de conduire des actions en faveur des pauvres ou des réfugiés, d'aider des victimes de catastrophes ou de justifier des interventions militaires, un gouvernement humanitaire, mêlant solidarité et compassion, se déploie partout au secours des démunis et des dominés. C'est à l'analyse de cette nouvelle économie morale que Didier Fassin, anthropologue et médecin, consacre ce livre.
Sur des terrains proches ou lointains, il explore des scènes où la morale humanitaire se trouve soumise à l'épreuve de l'inégalité et de la violence, et rend compte des tensions et des contradictions qui traversent la politique humanitaire. Analysant en France l'ouverture de lieux d'écoute dans les banlieues, la distribution d'aides d'urgence aux chômeurs, la régularisation des étrangers en situation irrégulière et le traitement des demandes d'asile, mais étudiant aussi les représentations de l'enfance au temps du sida en Afrique du Sud, les témoignages sur les traumatismes dans les Territoires palestiniens, les opérations de sauvetage de sinistrés au Venezuela et les choix difficiles de l'aide internationale lors de l'invasion de l'Irak, Didier Fassin livre les fragments d'une histoire au présent de la manière dont les sociétés contemporaines font face à l'intolérable.
Proposant une critique de la raison humanitaire à la fois respectueuse de l'engagement des acteurs et lucide sur les enjeux qui les dépassent, il jette ainsi les bases d'une anthropologie politique et morale.
Didier Fassin est professeur à l'Institute for Advanced Study (Princeton) et à l'École des hautes études en sciences sociales (Paris). Il dirige l'Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux.
" Hautes Études " est une collection des Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales, des Éditions Gallimard et des Éditions du Seuil.