Littérature
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« Il y a, d'un côté, la vie qui s'écoule avec un commencement et une fin, et de l'autre, la vie qui fait la singularité humaine parce qu'elle peut être racontée. On pourrait ainsi parler de vie biologique et de vie biographique. L'espérance de vie mesure l'étendue de la première. L'histoire de vie relate la richesse de la seconde. L'inégalité des vies ne peut être appréhendée que dans la reconnaissance des deux. Elle doit à la fois les distinguer et les connecter. Les distinguer, car le paradoxe des femmes françaises montre qu'une vie longue ne suffit pas à garantir une vie bonne. Les connecter, car l'expérience des hommes afro-américains rappelle qu'une vie dévalorisée finit par produire une vie abîmée. C'est ainsi que se pose également la question des réfugiés et des migrants. »
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Les Lois de l'inhospitalité
Catherine Quiminal, Alain Morice, Didier Fassin
- La Découverte (réédition numérique FeniXX)
- Cahiers libres
- 9 Octobre 2015
- 9782348016660
Avec le mouvement des sans-papiers, avec la loi Debré sur l'immigration et les protestations populaires qu'elle a suscitées, avec les premières décisions du gouvernement de Lionel Jospin, la question des étrangers en situation irrégulière est devenue un enjeu majeur de la vie publique française. Les mobilisations collectives ont révélé les incohérences d'un dispositif législatif et administratif qui, non seulement, avait peu d'effet sur l'immigration clandestine, mais produisait lui-même l'irrégularité qu'il était censé réprimer. Comment en est-on arrivé à cette situation où la confusion entretenue autour des politiques de l'immigration et de leurs effets, a permis de légitimer les discours xénophobes et les pratiques discriminatoires ? C'est d'abord à cette question qu'ont voulu répondre les auteurs de ce livre. Ils rappellent ainsi comment la France, depuis plus de vingt ans, a défini, de manière toujours plus restrictive, les conditions de l'immigration et le statut des étrangers. Et comment, plus encore que la répression de ceux qu'on a abusivement appelés des clandestins, la loi a fragilisé l'existence quotidienne de l'ensemble des étrangers. La rhétorique opposant les immigrés réguliers qu'il s'agirait d'intégrer, et les irréguliers qu'il faudrait expulser, apparaît ainsi comme une mystification. Mais ce que l'ouvrage montre aussi, c'est que la société française a été profondément affaiblie par cette remise en cause des fondements de son contrat social : limitation du droit d'asile, entrave au regroupement familial, précarisation dans le monde du travail, tolérance à l'égard des actes racistes et, finalement, renoncements multiples aux principes de la démocratie. La leçon des sans-papiers engage ainsi une certaine conception de la justice, de la citoyenneté et, tout simplement, de l'hospitalité que les auteurs de ce livre entendent défendre.