Comment expliquer le renforcement du pouvoir exécutif sous la Ve République ? Plusieurs études ont déjà été consacrées à cette question. Mais une dimension restait cependant négligée: celle des processus socio-politiques qui ont légitimé ce basculement du centre du pouvoir dans l'Etat, du législatif vers l'exécutif. C'est à cette dimension du changement constitutionnel de 1958 qu'est consacré ce livre. L'avénement de la Ve République ne saurait se comprendre indépendamment de la mobilisation au sortir de la seconde guerre mondiale, des élites " modernisatrices " du syndicalisme, de la haute fonction publique et des sciences sociales qui ont progressivement changé les représentations du politique.
Cas de légitime défense, ou meurtres dissimulant mal leur préméditation ? On ne cherche pas ici à dissiper le flou de ces incidents, mais, prenant acte de leur indécidabilité, d'élucider le sentiment d'inquiétante étrangeté que provoque en nous l'écho des coups de fusil. Au coeur de l'enquête dont ce livre rend compte, un discours collectif qui légitime cette pratique comme solution finale, comme punition ou comme acte de guerre. Discours équivoque qui ne vise pas seulement les malfaiteurs, mais l'État qui se fait complice de la délinquance, mais l'enfant en qui culmine la visibilité du changement social, mais nous aussi qui n'avons plus l'assurance d'être épargnés par les balles des propriétaires et qui, de ce fait, ne sommes plus avec eux dans un rapport de concitoyenneté. Il ne s'agit pas ici de présenter l'autodéfense comme un phénomène objectivable, mais de manifester ses implications quant à la redéfinition du lien social élémentaire qui nous unit à chaque membre de la société.
Ils s'appelaient Leah, Peter, Eva, Ginny, Antonia, Andrew. Peut-être faudrait-il préciser davantage : la couleur de leur complet ou de leur tailleur. Le poids du porte-documents. La commande de café, dans le petit restaurant à la sortie du métro. Les conversations anodines, autour du déjeuner, ou le silence. Les gestes du quotidien, crème à raser, déodorant, chemise, bas. Le visage fermé du changeur dans le métro, son histoire. Ils n'avaient d'autre point commun que de se trouver au même endroit. Ou plutôt au même moment. Le 11 septembre 2001, à New York, quelque part dans le World Trade Center. Juste avant que tout bascule.
Ce texte d'une intense gravité, mais d'une infinie délicatesse, met en scène quelques personnages placés au coeur d'un événement pour lequel ils n'ont d'autre certitude que la nécessité de leur survie. Ils ne savent pas que le 11 septembre 2001 deviendra, avec eux, un jour historique. Ils réagissent, seulement.
Des hommes et des femmes hantent les treize nouvelles de ce recueil et proposent leur regard singulier sur le monde. Des enfants, prisonniers des désirs des adultes ou d'un monde qu'ils ne comprennent pas. Une femme, témoin de son effacement dans la maladie, et une autre qui tente au contraire de redevenir visible. Un homme observe une boutique où personne ne semble entrer, un autre se débat contre ses prémonitions. Dans ces vies minuscules où le silence est omniprésent, de petites catastrophes s'agitent, grondent. Dans un style concis et incisif, l'auteure explore l'étrangeté du monde, ce qui échappe à la raison ou au premier coup d'oeil, le secret étouffant, le malentendu dans un couple, le travail de distanciation à l'égard de sa propre mort, la création. Autour d'eux, autour de ces êtres de tout âge, on ne regarde plus la vie de la même manière.