C'est dans les derniers mois de sa vie que le peintre Serge Valène conçut l'idée d'un tableau qui rassemblerait toute son expérience : tout ce que sa mémoire avait enregistré, toutes les sensations qui l'avaient parcouru, toutes ses rêveries, ses passions, ses haines viendraient s'y inscrire, somme ...
"Il y a dans ce livre deux textes simplement alternés ; il pourrait presque sembler qu'ils n'ont rien en commun, mais ils sont pourtant inextricablement enchevêtrés, comme si aucun des deux ne pouvait exister seul, comme si de leur rencontre seule, de cette lumière lointaine qu'ils jettent l'un sur ...
«Ce que moi, Georges Perec, je suis venu questionner ici, c'est l'errance, la dispersion, la diaspora. Ellis Island est pour moi le lieu même de l'exil, c'est-à-dire le lieu de l'absence de lieu, le non-lieu, le nulle part. c'est en ce sens que ces images me concernent, me fascinent, m'i...
En octobre 1974, Georges Perec s'est installé pendant trois jours consécutifs place Saint-Sulpice à Paris. À différents moments de la journée, il a noté ce qu'il voyait : les événements ordinaires de la rue, les gens, véhicules, animaux, nuages et le passage du temps. Des listes. Les faits insignif...
La vie quotidienne d'un jeune couple des années soixante issu des classes moyennes, l'idée que ces jeunes gens se font du bonheur, les raisons pour lesquelles ce bonheur leur reste inaccessible - car il est lié aux choses que l'on acquiert, il est asservissement aux choses. « Il y a, dira Georges P...
Que me demande-t-on, au juste? Si je pense avant de classer? Si je classe avant de penser? Comment je classe ce que je pense? Comment je pense quand je veux classer? [...]Tellement tentant de vouloir distribuer le monde entier selon un code unique; une loi universelle régirait l'ensemble des phénomè...
"Trahir qui disparut, dans La disparition, ravirait au lisant subtil tout plaisir. Motus donc, sur l'inconnu noyau manquant - "un rond pas tout à fait clos finissant par un trait horizontal" - , blanc sillon damnatif où s'abîma un Anton Voyl, mais d'où surgit aussi la fiction. Disons, sans plus, qu'...
"Tu as vingt-cinq ans et vingt-neuf dents, trois chemises et huit chaussettes, quelques livres que tu ne lis plus, quelques disques que tu n'écoutes plus. Tu n'as pas envie de te souvenir d'autre chose, ni de ta famille, ni de tes études, ni de tes amours, ni de tes amis, ni de tes vacances, ni de t...
1957. Georges Perec a vingt-et-un ans. Il est un étudiant (en histoire) qui n'étudie plus. Il voudrait écrire, n'y parvient guère. En juin 1956, il commence une psychanalyse. Fin juillet 1957, il part pour la Yougoslavie. Le 8 septembre, à peine revenu, il rédige dans l'urgence un roman tout imprégn...
De temps à autre, il est bon qu'un poète, que n'effraie pas l'air raréfié des cimes, ose s'élever au-dessus du vulgaire pour, dans un souffle épique, exalter notre aujourd'hui. Car ne nous y trompons pas : ces courageux jeunes gens qui, au plus fort de la guerre, ont tout tenté (en vain, hélas !) po...
Ces « je me souviens » ne sont pas exactement des souvenirs, et surtout pas des souvenirs personnels, mais des petits morceaux de quotidien, des choses que, telle ou telle année, tous les gens d´un même âge ont vues, ont vécues, ont partagées, et qui ensuite ont disparu, ont été oubliées : elles ne ...
Parodie, pastiche, charge, caricature ? Laissons au lecteur le soin de caractériser d'un nom chacun des textes ici rassemblés, et qui révèlent une figure parfois ignorée de Perec, celle du savant. ...
Notre éminent concitoyen Hermann Raffke, de Lübeck, n'est pas seulement célèbre pour l'excellente qualité de la bière qu'il brasse avec succès dans nos murs depuis bientôt cinquante ans ; il est aussi un amateur d'art éclairé et dynamique, bien connu des ...
Les journaux parlent de tout, sauf du journalier. Les journaux m'ennuient, ils ne m'apprennent rien. [...]Ce qui se passe vraiment, ce que nous vivons, le reste, tout le reste, où est-il ? Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, l'évident, le commun, l'ordinai...
Prince des faussaires, Gaspard Winckler se voue depuis des mois à réaliser un faux Condottière, le célèbre tableau peint par Antonello de Messine en 1475, quand il assassine son commanditaire, Anatole Madera. Roman de jeunesse retrouvé « dans une vieille malle », Le Condottière donne du sens à l'int...
Hommage personnel, crit de circonstance, contrainte littrale : trois grandes traditions de la posie occidentale se rejoignent dans ces Beaux prsents, qui explorent de faon varie les potentialits littraires d'alphabets restreints et poursuivent les recherches inaugures en 1969 par Georges Perec avec ...
Je sais, en gros, comment je suis devenu écrivain. Je ne sais pas précisément pourquoi. Avais-je vraiment besoin, pour exister, d'aligner des mots et des phrases ? Me suffisait-il, pour être, d'être l'auteur de quelques livres ? [...] Avais-je donc quelque chose de tellement particulier à dire ? Mai...
« Voeux (il s'agit de petits textes, généralement fondés sur des variations homophoniques, tirés à une centaine d'exemplaires et envoyés à mes amis à l'occasion de la nouvelle année). »Georges Perec. ...
Entre 1959 et 1963, Georges Perec et quelques-uns de ses amis échafaudèrent longuement un projet de revue littéraire, baptisée La Ligne générale, en référence au film d'Eisenstein. Le groupe de La Ligne générale fut une nébuleuse aux contours incertains : une à quelques dizaines de participants, tou...
Vous avez lu quelque part que la lettre la plus fréquemment utilisée de la langue française était la voyelle " e ". Cela, bien sûr, vous a semblé injuste, et même intolérable, et vous avez décidé d'agir. Vous avez donc pris un dictionnaire de la langue française et vous avez recueilli tous les mots...
Une première image de L'Augmentation peut être fournie par ces casse-tête - type Tour de Hanoï, baguenaudiers, boîtes à secrets ou cubes de Varga - dont la solution implique des mouvements de plus en plus complexes (...). L'augmentation (incrementum) est aussi une figure de rhétorique, qui consiste...
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