Ce livre propose une réflexion sur le progrès technique et culturel. Ce qu'on appelle aussi l'évolution des moeurs accompagne en fait le progrès technique comme son ombre, contribuant à ériger, au coeur même du discours sur le progrès, un sentiment de fatalité, comme si les choses ne pouvaient pas aller autrement. Critiquer cette religion devient du coup une faute antiprogressiste, un péché qui peut mener à l'exclusion. Toute nouvelle avancée technique et sociale apparaît ainsi comme une victoire contre les limites, assimilées, sur le versant social du progrès, à autant de tabous à abattre. La liberté devient une affaire strictement individuelle, que nul jugement politique, démocratique, ne saurait légitimement restreindre.
À travers l'analyse de romans, films, essais et l'examen de diverses manifestations culturelles contemporaines, Gilles McMillan montre que l'opposition classique entre progressistes et conservateurs (ou entre la «gauche» et la «droite») devient elle-même dépassée, les uns et les autres ayant massivement adhéré à la religion du progrès. Fortement inspiré par l'oeuvre de Réjean Ducharme, il affiche ouvertement sa mauvaise foi à l'égard de la religion du progrès et clôt son livre sur une phrase de Johnny, le narrateur de Gros mots : «c'est comme ça, on est sauvés si on a la mauvaise foi...»
Dans cet essai très personnel, Gilles McMillan revient sur son enfance et la misère culturelle dans laquelle il a grandi pour réfléchir au pouvoir émancipateur de la littérature. Engageant le dialogue avec quelques oeuvres connues de la littérature québécoise, c'est la question de l'héritage qu'il pose : comment, sans se déraciner, faire du monde un lieu habitable, pour soi et pour les autres ?
Le droit est partout. Les moindres parcelles de nos existences sont susceptibles d'être happées par les filets de la judiciarisation et les revendications de droits se multiplient. Les pires cauchemars de Kafka habitent de plus en plus notre quotidien et le développement du droit sado-libéral, pour reprendre l'expression de Dany-Robert Dufour, est en train de pervertir les visées d'émancipation et de nous faire oublier jusqu'à l'idée même de justice... Quelle place le droit fait-il aujourd'hui à l'idéal de justice dans notre monde ? Peut-on encore poser la question de rapports justes entre les gens dans une perspective qui échappe au strict respect des formes prescrites par le droit ? Liberté se penche sur ces enjeux dans le dossier de son numéro de septembre, qui porte sur « Le droit sans la justice ».