Dans la vallée de la Roya, en plein coeur de l'été, des loups rôdent. Tout le monde en parle, l'armée intervient, un couvre-feu est instauré mais, les loups, personne ne les a vus.
Que se passe-t-il quand les libertés disparaissent sans qu'on s'y oppose ? Quand, au nom de la sécurité, on accepte un basculement dans une dictature qui ne dit pas son nom ? Après tout, lorsqu'on n'a rien à se reprocher, comme Aimé, jeune conseiller culture du gouvernement, en villégiature dans le coin, il est tentant de continuer de vaquer à ses occupations, de ne rien dire et de ne rien faire.
Dans une société où l'état d'urgence devient permanent, les loups sont, comme de tout temps, le symbole absolu du danger. Mais s'il est plus facile de rester passif que de résister, est-ce que, pour autant, cela fait de nous des salauds ?
Quentin Girard est journaliste à Libération. Il est l'auteur d'Au carillon, sonne l'heure, paru chez Léo Scheer en 2021.
C'est un récit de l'intérieur sur le soir et les jours qui ont suivi le 13 novembre 2015, une déambulation nocturne entre le bar Le Carillon et le journal Libération.
C'est une errance dans Paris, une tétanie aussi. La confrontation entre un corps urbain, qui représente la liberté, l'amour et le sexe, devenu inquiétant et dangereux, et celui de la campagne qui, au-delà de l'ennui et de la routine, se révèle, après coup, rassurant.
C'est comment tu continues de vivre, de manger, d'aller à la plage regarder la mer, alors que l'histoire s'écroule, et que tu as conscience que commence un cycle infini d'états d'urgence et de restrictions.
Quentin Girard est né en 1986. Il est journaliste à Libération.