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Guillaume Mazeau
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Aujourd'hui, l'histoire est partout. Divertissement, outil de connaissance, elle est aussi devenue un enjeu de pouvoir, inspirant instrumentalisations et appropriations. Dans ce nouvel opus de la collection " Le mot est faible ", il s'agit d'affirmer l'histoire comme une activité critique et partagée de la vie sociale, afin de lutter contre toutes les formes de dépossession.
L'histoire est une des plus anciennes activités humaines. Et pourtant, elle est tout sauf immobile : ses formes et son rôle n'ont cessé d'évoluer. Ce qui définit notre temps, c'est que l'histoire est partout : elle s'est démocratisée, investissant tous les domaines de la culture collective. Devant le sentiment d'accélération, de déclin ou de fin du monde, le passé a par ailleurs pris un poids inédit dans nos sociétés. Divertissement, outil de connaissance, l'histoire est devenue un formidable enjeu de pouvoir, faisant l'objet d'instrumentalisations intensives. Or dans le même temps, des conceptions conservatrices de l'histoire tentent de s'imposer : " fin de l'histoire ", " roman " ou " récit " national, " crise ", " réforme ", " fake news " ou " postvérité ", autant de mots qui nourrissent de nouvelles formes de confiscation de l'histoire commune. Face à ces discours, il serait contre-productif de réserver l'histoire à l'histoire savante des historiens, ou de prétendre qu'elle devrait se désintéresser du présent. Si toute histoire ne se vaut pas, si l'histoire ne peut pas tout, il ne faut pas céder à l'impression que nous serions impuissants devant elle : il est temps d'en rouvrir les portes et de la ressaisir comme un outil de connaissance et d'émancipation collective, comme une activité critique et partagée de la vie sociale. Dire cela, ce n'est ni l'affaiblir ni exagérer sa puissance, c'est au contraire, et à la condition expresse de respecter quelques règles, lutter contre toutes les formes de dépossession. -
L'histoire comme émancipation
Laurence de Cock, Mathilde Larrère, Guillaume Mazeau
- Agone
- 23 Mars 2020
- 9782748903966
Histrions de la cour des princes et éditorialistes de gouvernement clament que l'étude de l'histoire doit transmettre l'amour de la nation. Ils s'entendent sur tout pour fustiger les universitaires qui n'endossent pas cette mission. Mais si l'histoire ne doit pas, en effet, rester cantonnée dans les laboratoires et si les historiens doivent diffuser le fruit de leurs travaux, c'est parce qu'ils relèvent d'un service public. Et la recherche historique n'a jamais cessé d'être créative, inventive, parfois engagée. C'est en référence à cette tradition et ce potentiel que nous voulons réhabiliter le concept d'« émancipation ».
Il faut regagner du terrain sur celles et ceux qui confondent histoire et propagande haineuse, histoire et hagiographie. Il est temps de replacer l'histoire dans la lutte contre les dominations et de se débarrasser du fatalisme qui nourrit le conservatisme réactionnaire. Dans cette perspective, l'histoire a son rôle à jouer. Parce qu'elle fissure les noyaux de certitude, à gauche comme à droite. Parce qu'elle rappelle que l'émancipation se nourrit des actions solidaires des hommes et des femmes du passé.
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Études françaises. Volume 54, numéro 3, 2018
Frédéric Charbonneau, Marie-pierre Krück, Audrey Faulot, Louis Laliberte-Bouchard, Pascal Bastien, Guillaume Mazeau
- Les Presses de l'Université de Montréal
- 3 Mai 2019
- 9782760640108
Pierre angulaire des Mémoires, du journal ou du récit de voyage, le témoignage est sous l'Ancien Régime au fondement de la vérité historique; il est également la forme de la fiction lorsqu'elle cherche à se garantir par l'autorité d'un témoin. Aussi le témoignage est-il un élément du pacte de lecture de textes qui prétendent être crus. Le témoin cependant ne peut tout voir et cela lui prescrit une première frontière : celle du ouï-dire. Son caractère fragmentaire d'autre part, sa paucité, voire son absence pour une époque donnée forme une seconde frontière : celle de la tradition. Enfin, il jouxte la fiction dans les récits de voyages, les chroniques scandaleuses, les romans à la première personne, et voit par là son périmètre fondu dans l'imagination. Nous explorons ces frontières dans des contributions portant sur la littérature factuelle, les débats théoriques et diverses oeuvres de fiction.
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Le bain de l'histoire ; Charlotte Corday et l'attentat contre Marat (1793-2009)
Mazeau/Guillaume
- Editions Champ Vallon
- LA CHOSE PUBLIQUE
- 8 Octobre 2016
- 9791026704805
Marat a-t-il été assassiné par Charlotte Corday, ou par les historiens eux-mêmes ? L'événement, pris dans les tourbillons de la mémoire depuis le 13 juillet 1793 et longtemps rejeté par les historiens universitaires, ne fut très vite ressenti qu'à travers la figure de Corday et a fini par s'échouer sur les rives incertaines du patrimoine antirépublicain. Ce sont les pilleurs qui semblent aujourd'hui avoir gagné la bataille du passé, bradant les restes aux mieux-disants : Marat est mort une seconde fois, noyé sous le charisme encore exercé par Corday, transformée en énième figure de la société compassionnelle. Prendre parti au sein des débats mémoriels, ce n'est pas seulement retrouver les sources politiques du fameux attentat. C'est aussi inviter le lecteur à remonter le cours de la mémoire et accepter de plonger, avec Corday, Marat et leurs historiens, dans le grand bain du passé.Docteur en histoire, ancien élève de l'ENS-Lyon, Guillaume Mazeau enseigne à Lens. Il a publié Charlotte Corday et la Révolution française en 30 Questions (Geste). Il est commissaire de l'exposition Corday/Marat. Les discordes de l'histoire, qui se tiendra au Musée de la Révolution française de Vizille (Isère) du 26 juin au 26 septembre 2009.