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Arts et spectacles
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Variations, textes poèmes et collages de Guy Savel.
« Pendus aux murs, les tableaux attendent le curieux, l'amateur, le collectionneur, le critique, la vieille fille refoulée, le poète égaré, le journaliste commis d'office.
Assis sur le seuil de la galerie, l'artiste attend la reconnaissance qui tarde à venir, la gloire illusoire, éphémère et problématique. L'artiste attend la fortune. Il rêve aussi aux tableaux qu'il peindra plus tard, lorsque l'expo sera finie et qui surclasseront tous ceux qu'il a brossés jusqu'alors.
Au beau milieu de son cadre, chaque tableau fait le beau et soigne son image irrémédiablement figée dans le vernis d'une oeuvre paradoxalement en perpétuel mouvement.
Au rez-de-chaussée, les optimistes de la première période profitent d'un rayon de soleil pour raviver leurs couleurs, rehausser leur tonalité. Ils chantent comme le fit l'artiste au soir d'une vente rondement menée puis dépensée. Dans leur coin, les oeuvres de jeunesse s'alanguissent et exhalent leur nostalgie.
Au mur du fond, sur de grandes toiles, gronde la révolte du peintre. Les cadres trop étroits au bord de l'éclatement.
A l'étage, le pessimisme des années douloureuses suinte et étale sa palette froide et verte et bleue. Sombre comme une crise boursière.
Sur la table du vernissage, une nappe, un bouquet, quelques verres, deux ou trois bouteilles attendent les invités que le peintre accueillera avec empressement et ravissement. Il répondra fébrilement à leurs questions embarrassantes, remerciera aux compliments douceâtres, serrera les mains amies et les autres.
Assis sur le seuil de la galerie, l'artiste attend l'inauguration de sa rétrospective. Il s'est peigné pour ne pas effrayer la chance si elle venait à passer...
L'expo va boucler ses portes ouvertes presque en vain. Peu de curieux se sont dérangés, le maire ne s'est pas fait représenter, ni excuser. Le journaliste est allé traquer le scoop ailleurs. La renommée ne dépassera toujours pas le cercle des fidèles amis de plus en plus clairsemés.
Après avoir décroché ses toiles, jeté les roses fanées, mis la clé sous la porte, le peintre s'en est allé se saouler au bistrot d'à côté qui, lui, ne désemplit jamais ».