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Bel-Ami est un roman réaliste de Guy de Maupassant publié en 1885 sous forme de feuilleton dans Gil Blas et dont l'action se déroule à Paris au xixe siècle, en pleine Révolution industrielle. Ce roman, retrace l'ascension sociale de Georges Duroy, homme ambitieux et séducteur (arriviste - opportuniste), employé au bureau des chemins de fer du Nord, parvenu au sommet de la pyramide sociale parisienne grâce à ses maîtresses et au journalisme. Sur fond de politique coloniale, Maupassant décrit les liens étroits entre le capitalisme, la politique, la presse mais aussi l'influence des femmes, privées de vie politique depuis le code Napoléon et qui oeuvrent dans l'ombre pour éduquer et conseiller. Les thèmes sont éternels : le sexe, l'argent et le pouvoir. L'oeuvre se présente comme une petite monographie de la presse parisienne dans la mesure où Maupassant fait implicitement part de son expérience de reporter. Ainsi l'ascension de Georges Duroy peut être une allégorie de la propre ascension de Maupassant. Extrait : Quand ils pénétrèrent dans la salle de bal, elle se serra contre lui, effrayée et contente, regardant d'un oeil ravi les filles et les souteneurs et, de temps en temps, comme pour se rassurer contre un danger possible, elle disait, en apercevant un municipal grave et immobile : « Voilà un agent qui a l'air solide. » Au bout d'un quart d'heure, elle en eut assez, et il la reconduisit chez elle. Alors commença une série d'excursions dans tous les endroits louches où s'amuse le peuple ; et Duroy découvrit dans sa maîtresse un goût passionné pour ce vagabondage d'étudiants en goguette.
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Le Horla trouve d'abord son origine dans une autre nouvelle de Maupassant, Lettre d'un fou, publiée en 1885 dans le quotidien Gil Blas, qui développe déjà la même histoire, sans que le nom de « Horla » n'y soit mentionné. Ensuite, la première version du Horla a été publiée en 1886 dans Gil Blas. La seconde version, plus connue que la précédente, est parue en 1887 dans un recueil de nouvelles homonyme1. Les trois versions se présentent sous trois formes littéraires différentes : Lettre d'un fou, comme son titre l'indique, est une lettre fictive, la première version du Horla est un récit-cadre et la seconde version prend la forme d'un journal intime inachevé qui laisse craindre que son propriétaire n'ait sombré dans la folie ou ne se soit suicidé. Ce recueil contient les nouvelles suivantes : Le Horla, Amour, Le Trou, Sauvée, Clochette, Le Marquis de Fumerol, Le Signe, Le Diable, Les Rois, Au Bois, Une Famille, Joseph, L'Auberge, Le Vagabond Extrait : Certes, je me croirais fou, absolument fou, si je n'étais conscient, si je ne connaissais parfaitement mon état, si je ne le sondais en l'analysant avec une complète lucidité. Je ne serais donc, en somme, qu'un halluciné raisonnant. Un trouble inconnu se serait produit dans mon cerveau, un de ces troubles qu'essaient de noter et de préciser aujourd'hui les physiologistes ; et ce trouble aurait déterminé dans mon esprit, dans l'ordre et la logique de mes idées, une crevasse profonde. Des phénomènes semblables ont lieu dans le rêve qui nous promène à travers les fantasmagories les plus invraisemblables, sans que nous en soyons surpris, parce que l'appareil vérificateur, parce que le sens du contrôle est endormi ; tandis que la faculté imaginative veille et travaille. Ne se peut-il pas qu'une des imperceptibles touches du clavier cérébral se trouve paralysée chez moi ? Des hommes, à la suite d'accidents, perdent la mémoire des noms propres ou des verbes ou des chiffres, ou seulement des dates. Les localisations de toutes les parcelles de la pensée sont aujourd'hui prouvées. Or, quoi d'étonnant à ce que ma faculté de contrôler l'irréalité de certaines hallucinations, se trouve engourdie chez moi en ce moment !
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Une vie ou L'Humble Vérité est le premier roman de Guy de Maupassant, paru d'abord en feuilleton en 1883 dans le Gil Blas, puis en livre, la même année, sous le titre L'Humble Vérité. Le roman décrit la vie « d'une femme depuis l'heure où s'éveille son coeur jusqu'à sa mort ». Extrait : A mesure que sa taille s'était épaissie, son âme avait pris des élans plus poétiques ; et quand l'obésité l'eut clouée sur un fauteuil, sa pensée vagabonda à travers des aventures tendres dont elle se croyait l'héroïne. Elle en avait des préférées qu'elle faisait toujours revenir dans ses rêves, comme une boîte à musique dont on remonte la manivelle répète interminablement le même air. Toutes les romances langoureuses, où l'on parle de captives et d'hirondelles, lui mouillaient infailliblement les paupières ; et elle aimait même certaines chansons grivoises de Béranger, à cause des regrets qu'elles expriment.
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Écrit d'un seul trait durant l'été 1887, Pierre et Jean est le quatrième roman de Maupassant. C'est une oeuvre naturaliste (ou réaliste-psychologique). L'oeuvre, très courte, est éditée en volume le 9 janvier 1889 chez Ollendorff. Elle est composée du récit, mais également d'une célèbre préface intitulée Le roman dans laquelle Maupassant expose en quelques pages sa vision du roman naturaliste et critique le genre de l'étude psychologique. Extrait : Mais une vague jalousie, une de ces jalousies dormantes qui grandissent presque invisibles entre frères ou entre soeurs jusqu'à la maturité et qui éclatent à l'occasion d'un mariage ou d'un bonheur tombant sur l'un, les tenait en éveil dans une fraternelle et inoffensive inimitié. Certes ils s'aimaient, mais ils s'épiaient. Pierre, âgé de cinq ans à la naissance de Jean, avait regardé avec une hostilité de petite bête gâtée cette autre petite bête apparue tout à coup dans les bras de son père et de sa mère, et tant aimée, tant caressée par eux.
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Contes de la bécasse est un recueil de nouvelles de Guy de Maupassant, publié en 1883. Extrait : Morin se demandait : « Qui est-ce ? ». Et mille suppositions, mille projets lui traversaient l'esprit. Il se disait : « On raconte tant d'aventures de chemin de fer. C'en est une peut-être qui se présente pour moi. Qui sait ? une bonne fortune est si vite arrivée. Il me suffirait peut-être d'être audacieux. N'est-ce pas Danton qui disait : "De l'audace, de l'audace, et toujours de l'audace". Si ce n'est pas Danton, c'est Mirabeau. Enfin, qu'importe. Oui, mais je manque d'audace, voilà le hic. Oh ! Si on savait, si on pouvait lire dans les âmes ! Je parie qu'on passe tous les jours, sans s'en douter, à côté d'occasions magnifiques. Il lui suffirait d'un geste pourtant pour m'indiquer qu'elle ne demande pas mieux... ».
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Contes du jour et de la nuit est un recueil de contes de Guy de Maupassant paru en 1885 aux éditions Marpon-Flammarion, coll. Bibliothèque illustrée. Extrait : Une inquiétude l'envahit, car M. Chapatis, depuis son arrivée, s'était levé assez tôt. Boniface tira sa montre. Il n'était encore que sept heures dix minutes du matin, il se trouvait donc en avance de près d'une heure. N'importe, le percepteur aurait dû être debout. Alors il fit le tour de la demeure en marchant avec précaution, comme s'il eût couru quelque danger. Il ne remarqua rien de suspect, que des pas d'homme dans une plate-bande de fraisiers. Mais tout à coup, il demeura immobile, perclus d'angoisse, en passant devant une fenêtre. On gémissait dans la maison.
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La Maison Tellier est le premier recueil de nouvelles de Guy de Maupassant, paru en 1881 chez l'éditeur Victor Havard, puis dans une édition augmentée en 1891 chez Paul Ollendorff. Dès sa parution, le succès publique et critique du recueil est considérable. La première édition du recueil connaît de nombreuses réimpressions. Le recueil original est composé des huit nouvelles suivantes : La Maison Tellier -- Sur l'eau (1876) -- Histoire d'une fille de ferme (1881) -- En famille (1881) -- Le Papa de Simon (1879) -- Une partie de campagne (1881) -- Au printemps -- La Femme de Paul -- L'édition de 1891 est augmentée d'une neuvième nouvelle, Les Tombales, publiée la même année dans Gil Blas et placée en deuxième position du recueil.Extrait : Sitôt qu'elles ne furent plus seules dans le compartiment, ces dames prirent une contenance grave et se mirent à parler de choses relevées pour donner une bonne opinion d'elles. Mais à Bolbec apparut un monsieur à favoris blonds, avec des bagues et une chaîne en or, qui mit dans le filet sur sa tête plusieurs paquets enveloppés de toile cirée. Il avait un air farceur et bon enfant. Il salua, sourit et demanda avec aisance : « Ces dames changent de garnison ? » Cette question jeta dans le groupe une confusion embarrassée. Madame, enfin, reprit contenance et elle répondit sèchement pour venger l'honneur du corps : « Vous pourriez bien être
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La Petite Roque est un recueil de nouvelles de Guy de Maupassant, paru en 1886 chez l'éditeur Victor Havard. Le recueil est composé des dix nouvelles suivantes : La Petite Roque (1885) L'Épave (1886) L'Ermite (1886) Mademoiselle Perle (1886) Rosalie Prudent (1883) Sur les chats (1886) Sauvée (1885) Madame Parisse (1886) Julie Romain (1886) Le Père Amable (1886) Extrait : À peine eut-il formé ce projet qu'une joie bizarre envahit son coeur. Il était tranquille à présent. Il allait écrire sa lettre, lentement, puis, au jour levant, il la déposerait dans la boîte clouée au mur de sa métairie, puis il monterait sur sa tour pour voir arriver le facteur, et quand l'homme à la blouse bleue s'en irait, il se jetterait la tête la première sur les roches où s'appuyaient les fondations. Il prendrait soin d'être vu d'abord par les ouvriers qui abattaient son bois. Il pourrait donc grimper sur la marche avancée qui portait le mât du drapeau déployé aux jours de fête. Il casserait ce mât d'une secousse et se précipiterait avec lui. Comment douter d'un accident ? Et il se tuerait net, étant donné son poids et la hauteur de sa tour.
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Mont-Oriol est le troisième roman de Guy de Maupassant, publié en 1887. Christiane Andermatt, venue en Auvergne, sur les terres d'Enval, suivre un traitement contre une prétendue stérilité, s'éprend de Paul Brétigny dont elle aura une fille, tandis que son mari William Andermatt spécule sur des terrains de la région. Extrait : Les fillettes s'étaient rapprochées de la table et continuaient leur travail comme si personne n'eût été là. Gontran les regardait sans cesse, se demandant si elles étaient jumelles, tant elles se ressemblaient. Une pourtant était plus grasse, et plus petite, l'autre plus distinguée. Leurs cheveux, châtains, non pas noirs, collés en bandeaux sur les tempes, luisaient aux légers mouvements de leurs têtes. Elles avaient la mâchoire et le front un peu forts de la race auvergnate, les pommettes un peu marquées, mais la bouche charmante, l'oeil ravissant, les sourcils d'une netteté rare, et une fraîcheur de teint délicieuse. On sentait à les voir qu'elles n'avaient point été élevées dans cette maison, mais dans une pension élégante, dans le couvent où vont les demoiselles riches et nobles de l'Auvergne, et qu'elles avaient recueilli là les manières discrètes des filles du monde. Cependant Gontran, pris de dégoût devant ce verre rouge placé devant lui, poussait le pied d'Andermatt pour le décider à partir. Il se leva enfin et tous deux serrèrent avec énergie les mains des deux paysans, puis ils saluèrent de nouveau, avec cérémonie, les jeunes filles qui répondirent, sans se lever cette fois, par un léger mouvement de tête. Dès qu'ils furent dans la rue, Andermatt se remit à parler. -- Hein, mon cher, quelle curieuse famille ! Comme elle est palpable ici, la transition du peuple au monde ! On avait besoin du fils pour cultiver la vigne, afin d'économiser le salaire d'un homme -- stupide économie -- n'importe, on l'a gardé ; et il est côté peuple. Quant aux filles, elles sont côté monde, presque tout à fait déjà. Qu'elles fassent des mariages propres, et elles seront aussi bien que n'importe laquelle de nos femmes, et même beaucoup mieux que la plupart. Je suis content de voir ces gens-là autant qu'un géologue de trouver un animal de la période tertiaire !
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Fort comme la mort est le cinquième roman de Guy de Maupassant, commencé en mars 1888 et publié en 1889. Son titre est tiré du Cantique des cantiques : « L'amour est fort comme la mort, et la jalousie est dure comme le sépulcre. » Olivier Bertin, un peintre célèbre et mondain, voit défiler dans son atelier parisien les plus belles femmes de la haute société. Il se montre « difficile et se fait payer fort cher ». Il tombe un jour amoureux d'une d'elle, Anne de Guilleroy, séduit par sa grâce et son élégance. Fille d'un riche commerçant, elle est mariée à un député enrichi de la petite noblesse normande et mère d'une fillette de six ans. Elle devient très vite sa maîtresse. Extrait : Olivier Bertin, selon sa coutume, se montrait fort réservé. Les femmes du monde l'inquiétaient un peu, car il ne les connaissait guère. Il les supposait en même temps rouées et niaises, hypocrites et dangereuses, futiles et encombrantes. Il avait eu, chez les femmes du demi-monde, des aventures rapides dues à sa renommée, à son esprit amusant, à sa taille d'athlète élégant et à sa figure énergique et brune. Il les préférait donc et aimait avec elles les libres allures et les libres propos, accoutumé aux moeurs faciles, drolatiques et joyeuses des ateliers et des coulisses qu'il fréquentait. Il allait dans le monde pour la gloire et non pour le coeur, s'y plaisait par vanité, y recevait des félicitations et des commandes, y faisait la roue devant les belles dames complimenteuses, sans jamais leur faire la cour. Ne se permettant point près d'elles les plaisanteries hardies et les paroles poivrées, il les jugeait bégueules, et passait pour avoir bon ton. Toutes les fois qu'une d'elles était venue poser chez lui, il avait senti, malgré les avances qu'elle faisait pour lui plaire, cette disparité de race qui empêche de confondre, bien qu'ils se mêlent, les artistes et les mondains. Derrière les sourires et derrière l'admiration, qui chez les femmes est toujours un peu factice, il devinait l'obscure réserve mentale de l'être qui se juge d'essence supérieure. Il en résultait chez lui un petit sursaut d'orgueil, des manières plus respectueuses, presque hautaines, et à côté d'une vanité dissimulée de parvenu traité en égal par des princes et des princesses, une fierté d'homme qui doit à son intelligence une situation analogue à celle donnée aux autres par leur naissance. On disait de lui, avec une légère surprise : « Il est extrêmement bien élevé ! » Cette surprise, qui le flattait, le froissait en même temps, car elle indiquait des frontières.
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Notre coeur est le sixième et dernier roman de Guy de Maupassant, commencé en mai 1889. Le roman raconte l'histoire d'une femme du monde, froide et sans coeur, frigide ou lesbienne peut-être, comme Maupassant en a connu, qui se livre ici plus que dans aucun de ses romans. Le héros, face à cet être fascinant et redoutable, prend une autre maîtresse, qui ne lui suffit guère. Extrait : Sa réserve hautaine semblait dire : « Je ne suis rien parce que je n'ai rien voulu être ». Il vivait donc dans un cercle étroit, dédaignant la galanterie élégante et les grands salons en vue où d'autres auraient brillé plus que lui, l'auraient rejeté dans l'armée des figurants mondains. Il ne voulait aller que dans les maisons où on apprécierait sûrement ses qualités sérieuses et voilées ; et, s'il avait consenti si vite à se laisser conduire chez Mme Michèle de Burne, c'est que ses meilleurs amis, ceux qui proclamaient partout ses mérites cachés, étaient les familiers de cette jeune femme.
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Sur l'eau est une nouvelle fantastique de Guy de Maupassant. C'est le récit d'une aventure arrivée à un canotier de la Seine en rentrant chez lui, après avoir diné chez un ami. Extrait : Les plus recherchés parmi les grands hommes par les femmes jeunes ou vieilles, sont assurément les musiciens. Certaines maisons en possèdent des collections complètes. Ces artistes ont d'ailleurs cet avantage inestimable d'être utiles dans les soirées. Mais les personnes qui tiennent à l'objet tout à fait rare, ne peuvent guère espérer en réunir deux sur le même canapé. Ajoutons qu'il n'est pas de bassesse dont ne soit capable une femme connue, une femme en vue pour orner son salon d'un compositeur illustre. Les petits soins qu'on emploie d'ordinaire pour attacher un peintre ou un simple homme de lettres, deviennent tout à fait insuffisants quand il s'agit d'un marchand de sons. On emploie vis-à-vis de lui des moyens de séduction et des procédés de louange complètement inusités. On lui baise les mains comme à un roi, on s'agenouille devant lui comme devant un Dieu, quand il a daigné exécuter lui-même son Regina Coeli. On porte dans une bague un poil de sa barbe ; on se fait une médaille, une médaille sacrée gardée entre les seins au bout d'une chaînette d'or, avec un bouton tombé un soir de sa culotte, après un vif mouvement du bras qu'il avait fait en achevant son Doux Repos.
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Yvette est un recueil de nouvelles de Guy de Maupassant publié en 1884 chez l'éditeur Victor Havard. Les nouvelles ont fait l'objet d'une publication antérieure dans Le Gaulois, Le Figaro ou Gil Blas, parfois sous le pseudonyme de Maufrigneuse. Extrait : -- Une parvenue, une rastaquouère, une drôlesse charmante, sortie on ne sait d'où, apparue un jour, on ne sait comment, dans le monde des aventuriers, et sachant y faire figure. Que nous importe d'ailleurs. On dit que son vrai nom, son nom de fille, car elle est restée fille à tous les titres, sauf au titre innocence, est Octavie Bardin, d'où Obardi, en conservant la première lettre du prénom et en supprimant la dernière du nom. C'est d'ailleurs une aimable femme, dont tu seras inévitablement l'amant, toi, de par ton physique. On n'introduit pas Hercule chez Messaline, sans qu'il se produise quelque chose. J'ajoute cependant que si l'entrée est libre en cette demeure, comme dans les bazars, on n'est pas strictement forcé d'acheter ce qui se débite dans la maison. On y tient l'amour et les cartes, mais on ne vous contraint ni à l'un ni aux autres. La sortie aussi est libre.
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Dans cette oeuvre, Maupassant reprend les thèmes de la guerre et de la prostitution qui ont fait son succès. Il reprend également les thèmes du libertinage, prend parfois des aspects macabres et pose des interrogations sur la mort. Extrait : Les deux derniers se retournèrent avec étonnement, puis se parlèrent bas. Ils se demandaient certainement si j'étais de la ville. Puis ils consultèrent les deux précédents, qui se mirent à leur tour à me dévisager. Cette attention investigatrice me gênait, et, pour y mettre fin, je m'approchai de mes voisins. Les ayant salués, je dis : « Je vous demande bien pardon, messieurs, si j'interromps votre conversation. Mais apercevant un enterrement civil, je me suis empressé de le suivre sans connaître, d'ailleurs, le mort que vous accompagnez. » Un des messieurs prononça : « C'est une morte. » Je fus surpris et je demandai : « Cependant c'est bien un enterrement civil, n'est-ce pas ? »
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Le recueil est composé des douze nouvelles suivantes : Miss Harriet (1883), L'héritage (1884),Denis (1883), L'Âne (1883), Idylle, La Ficelle (1883), Garçon, un bock !... (1884), Le Baptême (1884), Regret (1883), Mon oncle Jules (1883), En voyage (1883), La Mère Sauvage (1884). L'amour a toujours du prix, d'où qu'il vienne. Un coeur qui bat quand vous paraissez, un oeil qui pleure quand vous partez, sont des choses si rares, si douces, si précieuses, qu'il ne les faut jamais mépriser. J'ai connu les rendez-vous dans les fossés pleins de primevères, derrière l'étable où dorment les vaches, et sur la paille des greniers encore tièdes de la chaleur du jour. J'ai des souvenirs de grosse toile grise sur des chairs élastiques et rudes, et des regrets de naïves et franches caresses, plus délicates en leur brutalité sincère, que les subtils plaisirs obtenus de femmes charmantes et distinguées. Extrait : C'était, en vérité, une de ces exaltées à principes, une de ces puritaines opiniâtres comme l'Angleterre en produit tant, une de ces vieilles et bonnes filles insupportables qui hantent toutes les tables d'hôte de l'Europe, gâtent l'Italie, empoisonnent la Suisse, rendent inhabitables les villes charmantes de la Méditerranée, apportent partout leurs manies bizarres, leurs moeurs de vestales pétrifiées, leurs toilettes indescriptibles et une certaine odeur de caoutchouc qui ferait croire qu'on les glisse, la nuit, dans un étui. Quand j'en apercevais une dans un hôtel, je me sauvais comme les oiseaux qui voient un mannequin dans un champ.
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Les Soeurs Rondoli paraît pour la première fois dans en feuilleton dans le quotidien L'Écho de Paris du 29 mai au 5 juin 1884. La célèbre nouvelle est ensuite reprise la même année dans le recueil homonyme. Extrait : Il reprit : « Est-ce que tu ne pourrais pas lui parler, toi ? Moi, je ne trouve rien. Je suis d'une timidité stupide au début. Je n'ai jamais su aborder une femme dans la rue. Je les suis, je tourne autour, je m'approche, et jamais je ne découvre la phrase nécessaire. Une seule fois j'ai fait une tentative de conversation. Comme je voyais de la façon la plus évidente qu'on attendait mes ouvertures, et comme il fallait absolument dire quelque chose, je balbutiai : « Vous allez bien, madame ? » Elle me rit au nez, et je me suis sauvé. »
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Le recueil est composé des dix-sept nouvelles suivantes : Monsieur Parent (inédite), La Bête à Maît' Belhomme (1885), À vendre (1885), L'Inconnue (1885), La Confidence (1885), Le Baptême (1885), Imprudence (1885), Un fou (1885), Tribunaux rustiques (1884), L'Épingle (1885), Les Bécasses (1885), En wagon (1885), Ça ira (1885), Découverte (1884), Solitude (1884), Au bord du lit (1883), Petit Soldat (1885). Extrait : Parent ne quittait pas la pendule du regard. Il lui semblait voir marcher l'aiguille. Il aurait voulu arrêter l'heure, faire immobile le temps jusqu'à la rentrée de sa femme. Il n'en voulait pas à Henriette d'être en retard, mais il avait peur, peur d'elle et de Julie, peur de tout ce qui pouvait arriver. Dix minutes de plus suffiraient pour amener une irréparable catastrophe, des explications et des violences qu'il n'osait même imaginer. La seule pensée de la querelle, des éclats de voix, des injures traversant l'air comme des balles, des deux femmes face à face se regardant au fond des yeux et se jetant à la tête des mots blessants, lui faisait battre le coeur, lui séchait la bouche ainsi qu'une marche au soleil, le rendait mou comme une loque, si mou qu'il n'avait plus la force de soulever son enfant et de le faire sauter sur son genou.
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La Main gauche est un recueil de nouvelles de Guy de Maupassant, paru en 1889 chez l'éditeur Paul Ollendorff. Il est l'avant-dernier recueil de contes publié du vivant de Guy de Maupassant. Il reprend des nouvelles parues de mai 1887 à mars 1889, annoncé à la Bibliographie de France du 23 février 1889 sous le titre Les Maîtresses. Extrait : Je ne l'aimais pas - non - on n'aime point les filles de ce continent primitif. Entre elles et nous, même entre elles et leurs mâles naturels, les Arabes, jamais n'éclôt la petite fleur bleue des pays du Nord. Elles sont trop près de l'animalité humaine, elles ont un coeur trop rudimentaire, une sensibilité trop peu affinée, pour éveiller dans nos âmes l'exaltation sentimentale qui est la poésie de l'amour. Rien d'intellectuel, aucune ivresse de la pensée ne se mêle à l'ivresse sensuelle que provoquent en nous ces êtres charmants et nuls.
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Les Dimanches d'un bourgeois de Paris est une nouvelle de Guy de Maupassant, parue en épisodes en 1880 dans Le Gaulois. Maupassant ne souhaitait pas qu'il paraisse en volume. Ce ne sera qu'après sa mort qu'il paraîtra, dans une édition illustrée, en 1901. Sous prétexte de découvrir les loisirs d'un modeste fonctionnaire, l'auteur aborde les sujets d'actualité du Paris de 1880. Extrait: Il se baissa pour la prendre, mais elle lui glissa dans les mains. Alors, avec des précautions infinies, il se traîna vers elle, sur les genoux, avançant tout doucement, tandis que son sac, sur son dos, semblait une carapace énorme et lui donnait l'air d'une grosse tortue en marche. Quand il fut près de l'endroit où la bestiole s'était arrêtée, il prit ses mesures, jeta ses deux mains en avant, tomba le nez dans le gazon, se releva avec deux poignées de terre et point de grenouille. Il eut beau chercher, il ne la retrouva pas.
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Clair de lune est un recueil de nouvelles de Guy de Maupassant, publié en 1883 aux éditions Monnier, puis dans une édition augmentée en 1888 chez Paul Ollendorff. Extrait : Le 5 septembre au matin, le docteur en uniforme, son revolver sur sa table, donnait une consultation à un couple de vieux campagnards, dont l'un, le mari, atteint de varices depuis sept ans, avait attendu que sa femme en eût aussi pour venir trouver le médecin, quand le facteur apporta le journal. M. Massarel l'ouvrit, pâlit, se dressa brusquement, et, levant les bras au ciel dans un geste d'exaltation, il se mit à vociférer de toute sa voix devant les deux ruraux affolés.
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Divers contes de Guy de Maupassant Extrait : En ce moment, on sonna, c'était le propriétaire, personnage grossier et fort impertinent. Il entra sans saluer. « Monsieur, dit-il à mon ami, je vous prie d'enlever immédiatement la charogne que vous avez pendue à votre cordon de sonnette, sans quoi je me verrai forcé de vous donner congé. - Monsieur, reprit Pierre avec beaucoup de gravité, vous insultez une main qui ne le mérite pas, sachez qu'elle a appartenu à un homme fort bien élevé. » Le propriétaire tourna les talons et sortit comme il était entré. Pierre le suivit, décrocha sa main et l'attacha à la sonnette pendue dans son alcôve. « Cela vaut mieux, dit-il, cette main, comme le « Frère, il faut mourir » des Trappistes, me donnera des pensées sérieuses tous les soirs en m'endormant. » Au bout d'une heure je le quittai et je rentrai à mon domicile.
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Divers contes de Guy de Maupassant Extrait : L'homme fut atterré, il adorait Cocote. Il remonta dans sa chambre, s'assit sur son lit, puis fit sa malle pour partir. Mais il réfléchit qu'une place nouvelle serait impossible à trouver, car personne ne voudrait de lui tant qu'il traînerait sur ses talons cette chienne, toujours suivie d'un régiment de chiens. Donc il fallait s'en défaire. Il ne pouvait la placer ; il ne pouvait la perdre ; la rivière était le seul moyen. Alors il pensa à donner vingt sous à quelqu'un pour accomplir l'exécution. Mais, à cette pensée, un chagrin aigu lui vint ; il réfléchit qu'un autre peut-être la ferait souffrir, la battrait en route, lui rendrait durs les derniers moments, lui laisserait comprendre qu'on voulait la tuer, car elle comprenait tout, cette bête ! Et il se décida à faire la chose lui-même.
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Divers contes de Guy de Maupassant Extrait : Parfaitement, monsieur, j'ai trouvé le secret. Le fait m'avait surpris et même vivement embarrassé ; mais moi, voyez-vous, je ne crois pas par principe. De même que d'autres commencent par croire, je commence par douter ; et quand je ne comprends nullement, je continue à nier toute communication télépathique des âmes, sûr que ma pénétration seule est suffisante. Eh bien, j'ai cherché, cherché, et j'ai fini, à force d'interroger toutes les femmes des matelots absents, par me convaincre qu'il ne se passait pas huit jours sans que l'une d'elles ou l'un des enfants rêvât et annonçât à son réveil que le « pé était mort à la mé ». La crainte horrible et constante de cet accident fait qu'ils en parlent toujours, y pensent sans cesse. Or, si une de ces fréquentes prédictions coïncide, par un hasard très simple, avec une mort, on crie aussitôt au miracle, car on oublie soudain tous les autres songes, tous les autres présages, toutes les autres prophéties de malheur demeurés sans confirmation. J'en ai pour ma part considéré plus de cinquante dont les auteurs, huit jours plus tard, ne se souvenaient même plus. Mais si l'homme, en effet, était mort, la mémoire se serait immédiatement réveillée, et l'on aurait célébré l'intervention de Dieu selon les uns, du magnétisme selon les autres. »
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Divers contes de Guy de Maupassant Extrait : Il s'en allait mourant, comme meurent les poitrinaires. Je le voyais chaque jour s'asseoir, vers deux heures, sous les fenêtres de l'hôtel, en face de la mer tranquille, sur un banc de la promenade. Il restait quelque temps immobile dans la chaleur du soleil, contemplant d'un oeil morne la Méditerranée. Parfois il jetait un regard sur la haute montagne aux sommets vaporeux, qui enferment Menton ; puis il croisait, d'un mouvement très lent, ses longues jambes si maigres qu'elles semblaient deux os, autour desquels flottait le drap du pantalon, et il ouvrait un livre, toujours le même.