La Bible fut un réservoir d'histoires à destination des enfants dès le Moyen Âge en Occident. Aujourd'hui, on puise toujours dans la Genèse ou dans le Nouveau Testament, actualisant des textes fondateurs, afin de les intégrer dans des livres pour la jeunesse. Parodiée, commentée, réinterprétée, la Bible continue de s'offrir comme une sorte de grand vivier de mythes littéraires auquel l'écrivain, qu'il soit croyant ou non, ne se prive pas de recourir. L'étude des écarts entre le texte originel et sa récriture, pratiquée ici essentiellement à partir d'un corpus d'ouvrages francophones, témoigne des mouvements qui affectent la culture du temps et permet de pointer la manière de faire des auteurs, les effets produits sur l'ouvrage réalisé comme sur le mythe lui-même. Elle révèle aussi la dynamique du mythe biblique à l'oeuvre dans les textes destinés aux jeunes et esquisse, parallèlement, une réflexion sur l'évolution de la jeunesse entre héritage et questionnements dans un contexte culturel en constante évolution.
Un voyage intérieur pour se retrouver avec soi-même grâce à l'écriture
Désorientée, égarée dans une société où elle n'a plus aucun repère, une jeune femme remet pour la première fois en cause son appartenance au monde du travail et à notre système de communication. Elle éprouve soudain le désir de tout quitter et de partir vivre durant une année sabbatique dans un hameau déserté. Elle espère reconquérir, grâce à l'écriture, sa personnalité en train de se déchirer sous l'effet de signaux et d'appels aussi impératifs que contradictoires. L'isolement, puis la vie simple du village et le contact de la nature l'y aideront peut-être. C'est de toute façon un voyage au bout duquel elle se doit d'aller, car elle a une mission?: se retrouver.
Que peut-on bien faire hors des impératifs de la vitesse, du chaos de bruits, de mouvements, de couleurs et d'odeurs qui, chaque jour, stimulent et/ou excitent les sens, qui donnent à l'existence, par leur effervescence, sa raison d'être?? Comment peut-on se sentir vivre sans les séductions multiples et toujours renouvelées de la consommation, sans la présence et surtout sans le regard des autres??
Pour quelle raison certains ressentent-ils, à l'heure, actuelle, le besoin presque vital de s'isoler?? Et que peut-il bien se passer lorsque l'on s'évade dans «?un endroit écarté?» afin de se mettre à l'école de la solitude et de laisser faire les choses... pour une fois??
En proposant de s'isoler de l'agitation du monde pour tenter de répondre à ses propres questions identitaires, Danièle Henky nous emmène dans une quête initiatique, sur le chemin de la réflexion et de la spiritualité.
A PROPOS DE L'AUTEUR
Danièle Henky est maître de conférences en langues et littératures française à l'université de Strasbourg et membre du groupe de recherches "Configurations littéraires". Parallèlement, Danièle Henky est spécialiste de la littérature jeunesse des XXe et XXIe siècles et fait partie du groupe de recherches "Voir autrement en littérature d'enfance" à l'université de Laval (Québec). Elle a rédigé de nombreux ouvrages scientifiques sur le sujet.
EXTRAIT
Par le passé, on appelait « solitude » une demeure « où l'on vit retiré du commerce des hommes ». À la fin du Misanthrope de Molière, Alceste, déçu par la société de son temps et surtout par Célimène, sa bien-aimée, qui lui préfère le monde hypocrite et léger des courtisans, décide de « fuir tous les humains » et de s'en aller vivre dans ce qu'il appelle « son désert ». Pour les gens du XVIIe siècle, se retirer à la campagne dans la solitude, fût-elle celle d'un château, c'est un enterrement.
On peut se demander si aujourd'hui les citadins n'envisagent pas de façon aussi négative le désir que certains d'entre nous éprouvent soudain de tout quitter pour se retrouver à l'écart. Un départ, même momentané, à l'occasion de vacances par exemple, vers un lieu isolé, calme, silencieux, privé des attraits d'un complexe touristique, loin de l'agitation perpétuelle des rues, des magasins, des bureaux et des ceintures de routes, de voies médiatiques et numériques qui entourent désormais les villes, est perçu comme une désertion par ceux qui restent.
Dans le contexte des dictatures totales du XXe siècle, l'écrivain Hans Magnus Enzensberger a constaté l'émergence de nouveaux protagonistes de l'histoire. En rupture avec les héros traditionnels, ces derniers se caractérisent avant tout par la renonciation qui aboutit à leur retrait à l'égard du pouvoir politique. Le concept de "héros du retrait" peut être élargi à toutes les expériences de la guerre au XXe siècle mais aussi au processus de décolonisation, à la contestation de valeurs traditionnelles, à la mise à l'écart volontaire de la vie sociale au sein de sociétés démocratiques. La définition d'Enzensberger peut s'appliquer également à des héros de fictions contemporaines, comme chez Le Clézio, Tomi Ungerer ou Borislav Pekic. Se désengager, refuser, se retirer peut aussi être vécu comme une nouvelle forme d'héroïsme face à un conformisme aliénant et, à terme, destructeur.
Sous l'effet de l'affirmation des valeurs pacifistes, démocratiques et individualistes condamnant la violence guerrière du héros viril, les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale ont été marquées par une profonde transformation des figures et des stéréotypes des héros contemporains mythiques ou réels. De nouvelles figures héroïques s'imposent désormais entre exemplarité et résistance.
Quels sont les enjeux mémoriels et les représentations de la déportation ? Le rapport des mémoires de la déportation avec les pratiques cognitives et les revendications victimaires à travers l'Europe est ici abordé. Puis est envisagée la question des sources et des vecteurs littéraires, cinématographiques, associatifs, muséographiques et musicaux, sans oublier internet. Sont enfin analysés les moyens techniques et stylistiques, les buts des auteurs et la réception d'oeuvres de domaines aussi différents que l'art du vitrail, la musique, la littérature, les sciences humaines.