Les tribulations loufoques d'une famille farfelue - grand-père et chien compris - signées par l'un des maîtres de l'humour anglo-saxon
« Quand j'atteindrai quarante ans, mes facultés se seront peut-être repliées, telle la corolle des fleurs au crépuscule, me laissant incapable d'écrire mes mémoires en y mettant la dose idoine de sobre inexactitude, ou alors, étant venu à bout de la tâche, incapable d'aller les porter à mon éditeur... »
C'est donc en pleine force de l'âge, dès les années 1930 dans les pages du New Yorker, que l'auteur fait paraître Ma chienne de vie, autobiographie loufoque et illustrée racontant sa jeunesse au sein d'une famille farfelue de l'Ohio.
De l'effondrement du lit paternel à la visite nocturne de bien étranges fantômes, des lubies du chien Muggs à celles d'un grand-père frappadingue hanté par la guerre de Sécession, James Thurber transfigure les petits événements de la vie en minuscules épopées tendres, drôles et cocasses.
Écrivain et dessinateur, pilier de la rédaction du New Yorker durant plus de trente ans, James Thurber (1894-1961) fut un des grands talents de l'âge d'or du magazine, aux côtés de Robert Benchley, S. J. Perelman et Dorothy Parker.
Si les textes d'humour de Thurber sont devenus des classiques constamment réédités dans les pays anglo-saxons, son style graphique sensible et naïf, très précurseur, eut aussi un impact considérable sur le dessin minimaliste d'après-guerre, de Charles Schulz et Jules Feiffer à Sempé.
James Thurber est par ailleurs l'auteur de La Vie secrète de Walter Mitty (adapté plusieurs fois au cinéma, de Norman McLeod en 1947 à Ben Stiller en 2014) ainsi que de La Dernière Fleur, conte graphique traduit par Albert Camus (rééd. Wombat, 2018).
Lire Thurber est un malicieux plaisir : cet écrivain et dessinateur - qui fut l'un des grands talents et l'un des piliers du prestigieux New Yorker - a un sens considérable du dialogue et de la repartie. L'écriture est fluide, nette, souple, et le ton fantaisiste et désinvolte. D'une redoutable clairvoyance, le caricaturiste, quand il écrit, fait mouche.La Vie secrète de Walter Mitty en est le parfait exemple : ce recueil de vingt-trois nouvelles et six fables animalières présente des personnages fantasques et naïfs empêtrés dans des situations d'une comique absurdité. Tel Walter Mitty, le héros de la nouvelle-titre, classique de la littérature américaine, qui après avoir roulé en silence jusqu'à Waterbury et déposé sa femme chez le coiffeur, part faire quelques courses et se jette dans des divagations toutes plus loufoques les unes que les autres. Devenant tour à tour capitaine de navire, médecin ou tireur d'élite, il nous place en témoin privilégié de ses vies secrètes.
À l'issue de la 12e Guerre mondiale, la civilisation s'est effondrée, les chiens ont quitté leurs anciens maîtres, toutes les forêts et les jardins ont été détruits et l'amour a fui le monde. Un jour, pourtant, une jeune fille découvre la dernière fleur subsistant sur terre et décide d'en prendre soin...
En 1939, alors qu'éclate la Seconde Guerre mondiale, James Thurber dessine pour sa petite fille Rosemary, âgée de 7 ans, cette émouvante « parabole en images » (véritable « roman graphique » avant l'heure), pour lui raconter les cycles de la guerre, de la paix et de l'amour, à travers la résilience d'une simple petite fleur. Un conte écologiste et pacifiste, grave et tendre, mais enjoué et d'une délicate sagesse, traduit en français en 1952 par Albert Camus.