Filtrer
Langues
Accessibilité
-
"Dieu nous propose des libertés, j'en ai pris une."
Sur les collines de Nyamata, au Rwanda, Jean Hatzfeld est parti à la recherche des très rares Hutus qui ont résisté à la folie génocidaire. Là-bas, on les appelle les Justes, eux qui ont défendu les Tutsis au péril de leur vie. Mais vingt-cinq ans après le génocide, ils restent des personnages entourés de méfiance : aux yeux des Hutus ils incarnent la trahison, tandis que les Tutsis portent sur eux d'irréductibles soupçons. Beaucoup de ces sauveteurs ont été abattus par les tueurs, sans laisser de trace. Certains de ceux qui ont survécu racontent ici leurs histoires extraordinaires. -
Élie : "... Au fond, un homme c'est comme un animal, tu le tranches sur la tête ou sur le cou, il s'abat de soi. Dans les premiers jours, celui qui avait abattu des poulets, et surtout des chèvres, se trouvait avantagé ; ça se comprend. Par la suite, tout le monde s'est accoutumé à cette nouvelle activité et a rattrapé son retard... Le boulot nous tirait les bras...
... Personne ne peut avouer l'entière vérité. Sauf à se damner aux yeux des autres. Et ça, c'est trop grave. Mais un petit nombre commencent à raconter des bouts terribles. C'est grand-chose... Les fauteurs savent plus que des souvenirs et des précisions élémentaires, ils ont des secrets dans l'âme..."
Il a toujours semblé que les tueurs d'un génocide, trop dépassés par l'énormité de leurs actes, ne pouvaient que mentir ou se taire. Dans un pénitencier près de Nyamata, une bourgade rwandaise, l'auteur a rencontré un groupe de tueurs. Des copains, sans contact avec le monde extérieur et déjà condamnés. Au fil de mois de discussions, ils ont montré l'envie de raconter ce "brouhaha" de l'extermination, de dire précisément l'indicible. Pour renouer avec nous ? Renouer avec les braves cultivateurs ou instituteurs qu'ils avaient été ? Au plus près du mal absolu, le génocide, qu'il soit juif, gitan ou tutsi, leurs récits et les réflexions de l'auteur apportent autant de questions que de réponses.
-
'Troisième tentative, Tatyana se reprend. Elle sort à une vitesse folle de sa courbe d'élan, mais au lieu de taper le sol du talon pour générer l'impulsion, elle l'effleure de la pointe, elle se laisse emporter dans les airs. Sa main et son bras s'élèvent en arabesque, le dos se cambre en un demi-cercle d'une élégance merveilleuse. Complices, les jambes virevoltent. Elle chute à la verticale sur la nuque, souple, termine en galipette plus qu'en roulade. Elle entend les clameurs avant d'ouvrir les yeux.'
En pleine guerre froide, quatre athlètes s'entraînent pour les Jeux olympiques. Les rivalités entre les Américains, Sue et Randy, et les Soviétiques, Tatyana et Chabdan, sont teintées d'admiration et d'incompréhension réciproques. Des années plus tard, ils se retrouvent et lèvent le voile sur cette époque aussi sombre que lumineuse, qui cabossa ses héros. -
Budapest, hiver 1944-1945. Deux fillettes, Sheindel et Izeta, l'une juive, l'autre tzigane, ont trouvé refuge dans le zoo en ruine où errent des animaux affamés. Débrouillardes et vives, toujours en alerte, elles se donnent pour mission d'organiser la fuite des girafes, zèbres et autres résidents du zoo, hors de la ville tenue par les nazis et encerclée par l'Armée rouge. Longtemps après la fin de la guerre, Sheindel revient à Budapest, et entame une longue quête à la recherche de son amie. En 1995, à Sarajevo, elle poursuit toujours l'ombre d'Izeta...
Malgré les décors d'apocalypse, le nouveau roman de Jean Hatzfeld est à la fois émouvant et plein de vie. L'amitié des deux fillettes, cimentée par leurs relations avec des animaux de toutes sortes, donne au lecteur le sentiment de pénétrer un mystère joyeux. -
Dans le nu de la vie ; récits des marais rwandais
Jean Hatzfeld
- Seuil
- Fiction & Cie
- 1 Octobre 2009
- 9782021010381
... Je me suis mis à crier, très fâché : "Tu n'avais pas pensé que tu pouvais ne pas nous tuer ?" Il répondit : "Non, à force de tuer, on avait oublié de vous considérer."
Maintenant, je pense que ce Hutu ne couvait pas la férocité dans le cœur. On fuyait sans répit au moindre bruit, on fouinait la terre à plat ventre en quête de manioc, on était bouffé de poux, on mourait coupé à la machette comme des chèvres au marché. On ressemblait à des animaux, puisqu'on ne ressemblait plus aux humains qu'on était auparavant, et eux, ils avaient pris l'habitude de nous voir comme des animaux. En vérité, ce sont eux qui étaient devenus des animaux. Ils avaient enlevé l'humanité aux Tutsis pour les tuer plus à l'aise, mais ils étaient devenus pires que des animaux de la brousse, parce qu'ils ne savaient plus pourquoi ils tuaient. Un interahamwe, quand il attrapait une Tutsie enceinte, il commençait par lui percer le ventre à l'aide d'une lame. Même la hyène tachetée n'imagine pas ce genre de vice avec ses canines...
Innocent Rwililiza
-
Jean Hatzfeld poursuit la chronique hypnotique du génocide tutsi dans la bourgade de Nyamata, au Rwanda. Il donne la parole à Englebert Munyambonwa, un personnage fantasque, rescapé des brousses, grand marcheur aussi érudit qu'alcoolique, qui arpente du matin au soir la grande rue.
Le récit, dans une langue étonnamment métaphorique et poétique, d'un homme accompagné de ses fantômes
dans un vagabondage sans fin, parce que, dit-il : C'est ainsi désormais que je m'entends avec les gens et avec moi-même. -
Un matin brûlant de mai 2003, une file de prisonniers franchit les portes du pénitencier de Rilima, en chantant des alléluias. Ces anciens tueurs rwandais viennent d'être libérés, à la surprise de tous, notamment des rescapés qui les regardent s'installer à nouveau sur leurs parcelles, à Nyamata et sur les collines de Kibungo ou Kanzenze.
Que peuvent désormais se dire Pio et Eugénie, le chasseur et le gibier à l'époque des tueries dans la forêt de Kayumba, lorsqu'ils se croisent sur le chemin ? Comment Berthe et le vieil Ignace peuvent-ils se parler au marché puisque toute vérité est trop risquante ? Quels sont les maléfices qui les frappent ? De quelle façon partager Dieu, la Primus, la justice, l'équipe de foot ? Et revivre avec la mort et les morts ? Que ramène-t-on de là-bas ?
" Moi aussi je me sens menacée de marcher derrière la destinée qui m'était proposée... De quoi ? Je ne sais le dire. Une personne, si son esprit a acquiescé à sa fin, si elle s'est vue ne plus survivre à une étape, si elle s'est regardée vide en son for intérieur, elle ne l'oublie pas. Au fond, si son âme l'a abandonné un petit moment, c'est très délicat pour elle de retrouver une existence. "
Ce livre suit Dans le nu de la vie. Récits des marais rwandais et Une saison de machettes.
-
"Je ne sais pas si je pourrais tomber amoureuse d'un garçon hutu. À Nyamata, zéro risque, on se connaît tous. Si je découvrais mon amoureux hutu, je me verrais bousculée. Mais je pense que je pourrais bien ne pas l'abandonner. Comment le savoir ?"
Jean Hatzfeld revient sur les collines de Nyamata, au bord de ses marais, vingt ans après le génocide. Il donne la parole ici non plus aux tueurs et aux rescapés dont les récits peuplaient ses précédents livres, mais à leurs enfants. Ils n'ont pas connu les machettes, mais ont grandi dans leur souvenir. Ils s'appellent Idelphonse, Fabiola, Immaculée, Fabrice, sont lycéens, couturiers ou agriculteurs. Ils partagent le génocide en héritage, mais pas du tout la même histoire familiale.
Ils dansent ensemble, fréquentent les mêmes cafés internet mais ne parviennent jamais à parler des fantômes qui ont hanté leur enfance.
Prix Mémoire Albert-Cohen 2016 -
Au printemps 1992, les Serbes encerclent Sarajevo. Vahidin et Marija, deux athlètes de l'équipe de tir yougoslave, s'entraînent en prévision des jeux Olympiques de Barcelone. Tous deux sont bosniaques, et amants ; lui est musulman, elle est serbe. Ils vivent à Ilidza, une banlieue de Sarajevo, sans s'être jamais souciés de leurs origines. Pourtant, ils vont être brutalement séparés par le siège, puis au fil des mois enrôlés dans des camps opposés en raison de leurs exceptionnels dons pour le tir.
Jean Hatzfeld reconstitue l'atmosphère de Sarajevo sous les bombardements, le basculement des mentalités, il pénètre dans l'univers des tireurs d'élite, il décrit leurs techniques, leur adaptation à la topographie urbaine. Mais c'est avec les armes du romancier qu'il nous permet de vivre une tragédie contemporaine, à travers la malédiction qui frappe deux amoureux pris malgré eux dans l'engrenage guerrier. -
Dans une oasis du désert d'Ogaden secouée par la guerre, à la frontière entre l'Éthiopie et la Somalie, Frédéric, journaliste, rencontre dans une tranchée un champion de marathon qu'il avait vu triompher dans le stade olympique de Pékin, à l'issue d'un dernier tour époustouflant. Double médaille d'or, coureur un peu mystique, Ayanleh Makeda est digne de la légende des hauts plateaux. Mais pourquoi a-t-il été déchu ?
Quittant le front, Frédéric tente de comprendre. Sa curiosité le mène sur les terres d'Abebe Bikila, où il rencontre un prêtre entraîneur, puis dans les bars d'Addis-Abeba à la recherche de Tirunesh, la brillante épouse du champion, puis à Paris, à Karlovy Vary et enfin, de retour dans le Sud, vers un autre désert, à Jijiga. La très contemporaine odyssée d'Ayanleh Makeda traverse deux mondes qui se mêlent sans se comprendre, menaçant, telle une malédiction, celui qui s'y laisse entraîner. -
La ligne de flottaison
À la suite d'un long séjour en Tchétchénie, Frédéric, un grand reporter, revient à Paris où l'attend Emese, sa jeune compagne hongroise, dont il partage l'appartement et la vie. Il se demande s'il n'a pas atteint un point de non-retour.
S'établir, faire un enfant ? Renoncer aux lignes de front ? Il retrouve les plaisirs de la vie quotidienne, les lectures, les cafés, les amis, le journal, mais aussi les situations mondaines où l'on ne peut se faire comprendre. Les soucis liés au passé et au futur ne manquent pas de resurgir. Emese supporte mal ses obsessions. Il n'arrive pas à être là. Seuls ceux qui partagent un même destin, habités par la guerre et par le désir d'écrire à son propos, semblent capables de s'entendre, en tentant de répondre aux même interrogations, ou en échangeant les mêmes sensations.
Frédéric continue à chercher sa place. Et ce qu'Emese interprète d'abord comme un abandon n'est peut-être qu'une sincérité à son égard et une fidélité à lui-même, étranger parmi les siens.
-
Le voyage intranquille : accompagner la fin de la vie
Marc Hatzfeld, Mireille Destandau
- Editions de l'Aube
- MONDE EN COURS - ESSAIS
- 12 Mai 2023
- 9782815954730
Ce livre traite de l'accompagnement des personnes en fin d'existence. Il se fonde sur l'expérience d'un centre de soins palliatifs créé en Provence par un groupe de militants investis dans un corps-à-corps avec le sida. Les auteurs s'inspirent de la pratique de ce centre pour transmettre ce que veut dire accompagner des personnes qui voient poindre leur fin. Le livre épouse leurs questions, attentes, humeurs, émotions et paroles afin d'interroger ce moment incompréhensible de la condition de vivant. Il interroge ce qui se réinvente de l'incertain art médical dans une époque tentée de se confier aux protocoles et aux hiérarchies. Il est traversé par l'idée qu'accompagner un humain dans un moment d'extrême fragilité est l'une des plus belles façons de le faire apparaître en pleine vitalité.
Marc Hatzfeld est sociologue et anthropologue, spécialisé dans les questions relatives aux marges sociales.
Mireille Destandau est psychologue clinicienne dans un centre de soins palaitifs. -
Le désir : l'objet qui nous fait vivre
Paul-Laurent Assoun, Gérard Bonnet, Denise Bouchet-kervella, Marjolaine Hatzfeld, Monique Schneider
- Éditions In Press
- 11 Mai 2022
- 9782848357904
Et si le désir était le moteur qui nous anime et qui donne sens à notre vie ?
Pourquoi le désir est-il un véritable moteur d'action pour chacun de nous ? Comment agit-il ? Et que signifie-t-il ? Comment le clinicien peut-il faire émerger les désirs et lever les inhibitions ? Cinq psychanalystes répondent.
Les désirs au quotidien, le désir « projet », l'idéal vecteur de désir, le désir sexuel, le désir et la frustration... autant de facettes abordées dans ce livre.
On confond souvent le désir avec les envies, les caprices, la volonté de puissance, le sexe... Si ces notions contiennent leur part de vérité, elles ne suffisent pas à le définir. Et si le désir était avant tout le moteur qui anime le sujet et le conduit à s'investir dans l'existence à ses risques et périls. -
Les enquêtes ouvrières dans l'Europe contemporaine
Collectif, Eric Geerkens, Nicolas Hatzfeld, Isabelle Lespinet-Moret, Xavier Vigna
- La découverte
- Recherches
- 5 Décembre 2019
- 9782348059711
S'il est un spectre qui hante l'Europe des XIXe et XXe siècles, c'est bien celui de la classe ouvrière. En témoignent les innombrables enquêtes qui lui sont consacrées : elles disent combien la " question sociale ", telle qu'elle s'invente avec l'industrialisation, est d'abord une inquiétude sur la condition ouvrière et son évolution. Ces mondes ouvriers, si prompts aux soulèvements, constituent une énigme que de multiples enquêtes visent à résoudre, le plus souvent pour conjurer une menace.
Ce livre propose un voyage étonnant à ses lecteurs en les conduisant, par les yeux des enquêteurs, dans les taudis de Manchester, les cités minières du Borinage ou les usines Mirafiori de Turin. Il éclaire d'un jour nouveau des figures illustres des sciences sociales : Frédéric Le Play, Max Weber ou Maurice Halbwachs ; mais il les fait aussi voisiner avec des artistes (Zola et les écrivains naturalistes, les cinéastes autour de Chris Marker) et avec des collectifs soudés par un engagement - féministes, jocistes ou révolutionnaires.
En explorant ce qui mêla indissociablement pratiques scientifiques et passions politiques, l'ouvrage offre une contribution originale à une histoire transnationale de l'Europe contemporaine. -
Les légitimités ordinaires ; au nom de quoi devrions-nous nous taire ?
Hélène Hatzfeld
- Editions L'Harmattan
- Questions contemporaines
- 9 Octobre 2015
- 9782296820869
On pense que les légitimités concernent les hommes et les situations de pouvoir ou de compétences. Pourtant, de plus en plus souvent, il est question de légitimité à propos de personnes ou de faits ordinaires : qu'il s'agisse d'éducation, de procréation assistée, de luttes, d'expressions artistiques, que ce soit pour revendiquer ou dénier une légitimité. Poser la question « au nom de quoi ? », c'est interroger les fondements des légitimités électives et révéler les mutations du rapport au politique.
-
Extraits gratuits - La rentrée littéraire Gallimard 2013
Nelly Alard, Laura Alcoba, Thomas Clerc, David Di nota, Tristan Garcia, Yannick Haenel, Jean Hatzfeld, Pi Jourde
- Gallimard
- 29 Juillet 2013
- 3260050875202
Retrouvez dans ce dossier les premiers chapitres des titres de la rentrée littéraire 2013 des éditions Gallimard :
Nelly Alard (Moments d'un couple) ; Laura Alcoba (Le bleu des abeilles) ; Thomas Clerc (Intérieur) ; David di Nota (Ta femme me trompe) ; Tristan Garcia (Faber) ; Yannick Haenel (Les renards pâles) ; Jean Hatzfeld (Robert Mitchum ne revient pas) ; Pierre Jourde (La première pierre) ; Antonia Kerr (Le désamour) ; Patrick Laurent (Comme Baptiste) ; Rosa Liksom (Compartiment N°6) ; Javier Marias (Comme les amours) ; Etienne de Montéty (La route du salut) ; Alix Ohlin (Inside) ; Christophe Ono-dit-Biot (Plonger) ; Pierre Péju (L'état du ciel) ; Maria Pourchet (Rome en un jour) ; François Sureau (Le chemin des morts) ; Frédéric Verger (Arden).
Vous pouvez accéder directement à chaque extrait par la table des matières de ce dossier ou lire les extraits à la suite. Retrouvez aussi photographie et biographie des auteurs. Tous ces livres numériques seront disponibles entre le 22 août et le 12 septembre chez votre libraire. -
Engineering Haptic Devices
Thorsten A. Kern, Christian Hatzfeld
- Springer
- 15 Septembre 2014
- 9781447165187
In this greatly reworked second edition of Engineering Haptic Devices the psychophysic content has been thoroughly revised and updated. Chapters on haptic interaction, system structures and design methodology were rewritten from scratch to include further basic principles and recent findings. New chapters on the evaluation of haptic systems and the design of three exemplary haptic systems from science and industry have been added.This book was written for students and engineers that are faced with the development of a task-specific haptic system. It is a reference book for the basics of haptic interaction and existing haptic systems and methods as well as an excellent source of information for technical questions arising in the design process of systems and components.Divided into two parts, part 1 contains typical application areas of haptic systems and a thorough analysis of haptics as an interaction modality. The role of the user in the design of haptic systems is discussed and relevant design and development stages are outlined. Part II presents all relevant problems in the design of haptic systems including general system and control structures, kinematic structures, actuator principles and sensors for force and kinematic measures. Further chapters examine interfaces and software development for virtual reality simulations.
-
Le grand tournant de la médecine libérale
Henri Hatzfeld
- FeniXX réédition numérique (Les Éditions ouvrières)
- Relations sociales - Série économie et h
- 30 Novembre 2017
- 9782402210072
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
-
La flamme et le vent
Henri Hatzfeld
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- 27 Février 2019
- 9791036908521
Rien de moins romanesque que la vie d'un pasteur dans sa paroisse. Il y a la terre et ses saisons. Il y a la pluie, il y a le soleil. Il y a surtout des hommes et des femmes avec leurs travaux et leurs habitudes, leurs secrets et leurs histoires. Parmi eux le pasteur prêche chaque dimanche, visite les familles, instruit les enfants et préside les cérémonies religieuses qui ponctuent la vie, du berceau à la tombe. Cela implique beaucoup de soucis, beaucoup de tasses de café bues dans toutes les fermes et beaucoup de randonnées à bicyclette. Mais le pasteur de Lignie n'est pas seul dans ces courses. Est-ce Dieu qui l'accompagne ? Peut-être - mais sous la forme paradoxale d'une question lancinante : ce que je fais conserve-t-il un sens ? Notre religion est-elle encore le vase où l'Évangile est contenu ? Ou bien l'Église n'est-elle plus qu'une ruine qu'ont désertée tout à la fois l'Esprit et les hommes vivants ? Et chaque épisode de la vie paroissiale renouvelle la même inquiétude... Le pasteur de Lignie trouvera-t-il son chemin ? Sa paroisse lui deviendra-t-elle hostile ? Au milieu des contradictions et des souffrances, l'homme cherche à tâtons sa route. Ce livre est une question posée aux chrétiens d'aujourd'hui. Il faudrait cependant demander aux lecteurs catholiques de bien vouloir ne pas juger le protestantisme français d'après un pasteur si peu typique. Il faudrait aussi assurer aux lecteurs protestants que les personnages de ce livre sont imaginaires. Je donne ce double avertissement en pensant à une paroisse véritable, inoubliable pour moi, et que je ne voudrais pour rien au monde voir confondre avec celle de Lignie, dont ce livre parle mais qu'aucune carte, aucun registre ne mentionnent. Quant au reste... Force est de laisser ces pages courir leur chance comme on laisse aller dans la vie un enfant chétif et mal doué. Les coups qu'il recevra et qu'on prévoit d'avance, comment les lui épargner, puisqu'il vit ?
-
Yakoub Conan, fils de la nation biélorusse, est son héros inconnu et sa victime anonyme. Son ultime et unique survivant, dont voici l'histoire. Aujourd'hui, Yakoub, vieillard lucide au regard pétillant et parfois enfantin connaît l'essentiel de l'existence. L'essentiel de l'existence ? A travers les livres qui ont marqué son parcours et le récit de Yakoub, le dernier Biélorusse, l'auteur tente tout pour entrevoir la réponse.
-
On trouve de tout dans la transgression juvénile, des actes flamboyants et des gestes minables, des audaces généreuses et des crapuleries sordides.
Non seulement la question n'est pas récente mais, dès lors qu'on la regarde sur le temps long, elle est fondatrice : la « faute » d'Ève et Adam, la fougue assassine de Roméo ou le mensonge effronté d'Antoine Doinel dans les Quatre Cents Coups sont autant d'actes qui émancipent.
Le discours sur la « montée de la délinquance des jeunes » ou sur les « incivilités » apparaît comme un vaste malentendu, un dialogue de sourds conditionné par la peur des uns et l'avenir bloqué des autres.
Les solutions sécuritaires font figure de déni de reconnaissance de la jeunesse elle-même.
Tandis qu'entre policiers, philosophes, psychiatres, juges, parents, éducateurs, le débat s'embourbe, l'apport majeur de ce livre est de changer de cadre, de changer d'échelle.
Son écriture ciselée invite chacun à ouvrir ses oreilles pour entendre ce que nous disent ces jeunes rebelles. Ce livre fait grandir. -
Quand la marge est créatrice : les interstices urbains initiateurs d'emploi
Hatzfeld, Ringart
- FeniXX réédition numérique (L'Aube)
- 23 Avril 2016
- 9782402112000
Ville et emploi : deux termes auxquels, médiatiquement, on accole volontiers deux petites bombes. Représentations réductrices, détournées certes, mais questions porteuses d'une idée juste : là se jouent les relations des hommes dans les années qui viennent. S'il est bien sûr admis que ces questions sont liées et même solidaires, leur articulation dynamique est rarement explorée en tant que telle et dans une perspective de recherche de solution. En quoi la gestation de la ville permet-elle de comprendre les turbulences actuelles de l'emploi ? En quoi la tension portant sur l'emploi explique-t-elle certaines transformations de la ville ? Si ce livre tente d'éclairer ces questions, c'est qu'il a semblé aux auteurs, comme sans doute aux commanditaires de ce travail de recherche, que les réponses apportées peuvent ouvrir des pistes pour réfléchir, et pour agir, tant sur le devenir des villes que sur la crise actuelle du travail. Ce livre ne prétend bien sûr pas apporter des réponses définitives mais il contribue à les construire, à partir d'une réflexion théorique et d'une enquête de terrain menée à Paris Xe, Montreuil-sous-Bois et Aulnay-sous-Bois. Une analyse surprenante de la créativité de certains espaces dits marginaux.
-
Les Racines de la religion
Henri Hatzfeld
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Esprit
- 25 Décembre 2015
- 9782021262605
Qu'est-ce que la religion ? Rarement posée en un temps où elle est revenue pourtant à la une, la question de la nature, de la religion, de son sens et de ses fonctions, est essentielle. Mieux qu'aucun autre, cet essai tente de lui rendre justice. Dans la ligne des grandes définitions anthropologiques, l'auteur refuse la religion comme révélation d'une transcendance ou d'un sacré, mais il n'adhère pas davantage à l'idée, diversement exprimée, qu'elle serait le fruit douteux de la misère de la pensée humaine. Elle est l'oeuvre nécessaire au cours de laquelle les sociétés, grâce à la tradition et au rituel, inventent, découvrent et élaborent les valeurs - le pouvoir, la loi, la personne - sans lesquelles l'humanité serait impossible. Tradition et rituel, où la religion crée et recrée son activité symbolique, ont certes un aspect conservateur, mais le versant trop oublié est leur capacité permanente de genèse et de production de formes religieuses nouvelles et différenciées. Il faut s'efforcer de voir la religion telle qu'elle est : ni révélation, ni théophanie, ni manifestation de la sacralité du monde. Non plus que la collection des superstitions et des illusions dont l'homme est, hélas, capable. Une institution sociale pour un travail que la science n'accomplira jamais. Une institution aussi imparfaite que toutes les autres. Une institution, longtemps nécessaire, et dont nul ne peut dire que le temps soit passé.