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P.O.L
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Mais qu'est-ce qui a bien pu entraîner Jean Rolin en Guyane à la chasse aux papillons (du genre Morpho) ? Il était pourtant parti, en souvenir de sa mère, sur la Côte d'Azur, depuis Bandol jusqu'à Menton, suivre à pied les traces de l'écrivaine britannique Katherine Mansfield. Mais son périple devait s'interrompre brutalement à Hyères, sur les différents lieux du tournage de Pierrot le Fou de Godard. Dans son hôtel, en proie au découragement, alors qu'il zappait sur les chaînes de son téléviseur, il tombe sur le film Papillon, adapté du roman d'Henri Charrière par Franklin J. Schaffner. Et plus précisément sur la scène dans laquelle Steve McQueen et Dustin Hoffman s'efforcent avec maladresse de capturer des papillons du genre Morpho, avant de les remettre à un agent de l'administration du célèbre bagne de Cayenne. « Or le lien, écrit-il, que cette séquence faisait apparaître entre le bagne, soit la quintessence de la violence et du vice, pour parler un langage d'époque, et la chasse aux papillons, que le public se représente plutôt comme un loisir d'enfants sages ou de vieux cinglés, excita ma curiosité au point de m'inspirer un désir irrépressible d'y aller voir. » Le voilà embarqué outre-mer, jusque dans la forêt amazonienne, sur la piste de ces fameux papillons. Il croise les ombres de célèbres explorateurs, naturalistes et lépidoristes, mais aussi bagnards, forçats et trafiquants. Son récit, d'une curiosité et d'une érudition insatiables, suit avec humour et ironie les tribulations contemporaines d'un écrivain entomologiste, traçant un itinéraire poétique à travers la géopolitique, l'histoire coloniale et les guerres, la littérature (notamment avec Nabokov), et donnant une magistrale illustration de son talent descriptif et narratif.
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Il soufflait un léger vent, des joggers couraient, torse nu pour certains, des trottinettes et des vélos s'efforçaient de les éviter, et deux filles assez belles, me sembla-t-il, se partageaient sur le quai une pizza, l'une d'elles assise de telle sorte que je la crus tout d'abord unijambiste, éprouvant de ce fait un élan de pitié dont je me retrouvai embarrassé par la suite.
Bientôt un fin croissant de lune s'éleva au-dessus de Bezons, dans un ciel où se diluaient les teintes excessives du couchant. -
Au printemps 2015, un ornithologue amateur observe au sommet du puy de Dôme un petit oiseau, le traquet kurde, jamais vu en France auparavant, et dont nul ne sait comment il est arrivé jusque là. Sur la piste du traquet kurde, des vertes prairies du Hertfordshire aux montagnes du nord de l'Irak, le narrateur de ce récit, quant à lui, croisera les ombres de T.E. Lawrence, St. John Philby, Wilfred Thesiger et autres grandes figures de l'histoire impériale britannique.
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Deux jeunes pensionnaires de la clinique de La Houssaye se lient d'amitié, avant de quitter ce refuge célèbre et pourtant bien caché dans la forêt d'Amboise. Le narrateur entreprend une carrière universitaire et son ami devient romancier. Leur égal attachement pour une jeune femme aussi fragile que raffinée semble les séparer, mais leur brouille a des causes moins évidentes : c'est sa vie que chacun vole peut-être à l'autre. Ils se perdent de vue. Le professeur est invité dans le Vermont. L'écrivain se terre en Auvergne. Des années plus tard, après sa mort, son ami de jeunesse traverse le Cantal enneigé, il s'égare dans les rues d'Aurillac et il voit le reflet du défunt dans une vitrine de Noël, avant de s'évanouir, tant le froid est mordant. Mais ' la comtesse ' est là qui veille. Le voyageur revient à lui, chez elle, juste au-dessus de son magasin de jouets anciens. Les tisons palpitent dans l'âtre armorié. Voilà qu'un revenant surgit de la muraille. Il sourit comme un frère qui pardonne et le fantôme de l'écrivain (car c'était lui) me reconduit (car c'était moi), dans une envolée invraisemblable, sur les lieux véritables où nous nous rencontrâmes. C'est là que je retrouve, rajeunis par le rêve, les modèles réels de tous les personnages du cycle de Jordane, et surtout du premier.
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C'est par le détroit d'Ormuz que transite de 20 à 30 % du pétrole et du gaz irriguant l'économie mondiale ; ce qui en fait, naturellement, un enjeu stratégique de premier ordre, particulièrement, depuis quelques années, dans le climat de tension croissante engendré par le programme nucléaire de l'Iran. À intervalles réguliers, des escadres de navires américains s'y font voir, surveillées de près par des navires iraniens d'une puissance infiniment moindre que les précédents, mais rompus aux tactiques les plus retorses de la guerre navale dite « asymétrique ». De telle sorte que le moindre incident pourrait entraîner une escalade incontrôlable, et que tous les pays de la région sont engagés dans une course aux armements très propice aux marchands de ces derniers.Il n'est pas indifférent, d'autre part, de noter que les paysages du détroit d'Ormuz, tant sur la rive iranienne que sur la rive omanaise, sont d'une grande beauté, ou d'une grande étrangeté, au moins dans la mesure où la chaleur accablante qui y règne pendant six ou huit mois de l'année ménage des conditions acceptables pour les observer.C'est dans ce cadre, et dans ce contexte, que Wax, un personnage aux contours indécis, plus tout jeune, et sans doute un peu mythomane, a formé le projet de traverser à la nage le détroit d'Ormuz, bien que, même dans sa partie la plus resserrée, jamais moins d'une quarantaine de kilomètres n'en sépare les deux rives. Afin de préparer cette performance par des repérages, des prises de contacts, des analyses plus ou moins fantaisistes de la situation politico-militaire... -, et d'en tenir la chronique, Wax s'est assuré le concours de celui qui dit « je » dans ce récit. Récit dont la trame est formée tant par les tergiversations de Wax que par les pérégrinations de ce narrateur, maritimes ou terrestres, d'abord sur les eaux du Golfe puis sur les deux rives, l'arabe et la perse, de celui-ci. Et si faibles que paraissent ses chances de succès, Wax, pour finir, se lancera tout de même dans cette audacieuse tentative de franchir le détroit d'Ormuz à la nage.
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"Entre Lawrence et moi, il y a au moins ceci de commun qu'à un peu plus d'un demi-siècle de distance, nous avons passé l'un et l'autre une partie de notre enfance à Dinard."
De là à vouloir partager avec le futur Lawrence d'Arabie quelque chose de plus, et à partir sur ses traces, aujourd'hui, parmi les forteresses croisées du Moyen-Orient... -
Faut-il prendre au sérieux les menaces d'enlèvement qu'un groupuscule islamiste fait peser sur Britney Spears? Les services français (les meilleurs du monde) pensent que oui. Certes, l'agent qu'ils enverront à Los Angeles pour suivre cette affaire présente quelques handicaps - il ne sait pas conduire, fume dans les lieux publics, ignore presque tout du show-business et manifeste une tendance à la mélancolie -, mais il fera de son mieux pour les surmonter, consultant sans se lasser les sites spécialisés, s'accointant avec des paparazzis, fréquentant les boutiques de Rodeo Drive ou les bars de Sunset Boulevard, jusqu'à devenir à son tour un spécialiste incontesté tant de Britney elle-même que des transports en commun de Los Angeles. Il n'en échouera pas moins dans sa mission, et c'est de son exil au Tadjikistan, près de la frontière chinoise, qu'il nous adresse ce récit désabusé de ses mésaventures en Californie.
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Lorsque, venant du quai par Abercorn Street, à l'angle de celle-ci et d'Oglethorpe j'ai franchi l'entrée principale du Colonial Park Cemetery, le jeudi 28 août 2014, j'ai aussitôt reconnu, parmi d'autres arbres plus communs, ceux qui portaient de petites fleurs roses, en grappes, en même temps que des barbes de mousse particulièrement foisonnantes, et à propos desquels, en me désignant l'un d'entre eux - Regarde comme c'est joli, ça, tu as vu cet arbre ? -, Kate avait ajouté : On dirait un chapeau, un chapeau avec des fleurs.
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La même année que Napoléon Bonaparte naît dans une bourgade de la Sarre un enfant roux dont le père, tonnelier, a servi dans les armées de Frédéric II. À la faveur des guerres de la Révolution et de l'Empire, l'enfant roux - au départ, une sorte d'Allemand - est appelé à devenir l'un des plus illustres maréchaux de France, avant de mourir fusillé à l'angle des jardins de l'Observatoire. Entre-temps, il aura été vainqueur à la Moskova et sur quantité d'autres champs de bataille, héroïque lors de la retraite de Russie, indécis ou calamiteux dans d'autres circonstances, déloyal à l'empereur, traître à la monarchie restaurée, défait à Waterloo et indéfectiblement fidèle à quelque chose d'éclatant et d'obscur. Aujourd'hui, le boulevard qui lui est dédié relie la porte de Saint-Ouen à la porte d'Aubervilliers, à la limite de la ville et de ce qui l'entoure, à travers des quartiers qui ne comptent pas parmi les plus aérés de la capitale. D'autres destins s'y nouent - moins brillants, dans l'ensemble, que celui du maréchal Ney -, d'autres échecs s'y consomment. Celui de Gérard Cerbère, rescapé de nombreuses Bérézinas, désormais retranché avec sa caravane à l'intérieur d'un pilier soutenant le périphérique, celui de Lito, officier des forces armées zaïroises échoué au McDonald's de la porte de Clignancourt. Ou encore celui de Ginka Trifovna, originaire de Ruse, en Bulgarie, âgée de dix-neuf ans et assassinée dans la nuit du 21 au 22 novembre 1999 sur un talus de la rue de la Clôture.
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C'était un des petits plaisirs ménagés par la guerre, à sa périphérie, que de pouvoir emprunter le boulevard de Sébastopol pied au plancher, à contresens et sur toute sa longueur. En dépit de la vitesse élevée que je parvins à maintenir sans interruption, entre les parages de la gare de l'Est et la place du Châtelet, j'entendais éclater ou crisser sous mes pneus tous les menus débris que les combats avaient éparpillés : verre brisé, matériaux de construction hachés en petits morceaux, branchettes de platane, boîtes de bière ou étuis de munitions. Ici et là se voyaient également quelques voitures détruites, parmi d'autres dégâts plus massifs. Sur le terre-plein central de la place du Châtelet, à côté de la fontaine, des militaires en treillis, mais désarmés, en application des clauses du cessez-le-feu, montaient la garde, ou plutôt allaient et venaient, autour de l'épave calcinée d'un véhicule blindé de transport de troupes.
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Car à vrai dire, en cette chaude journée parmi les premières du mois de septembre, il n'y a guère que moi à traîner sans raison dans les parages.
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L'idée, c'était de se procurer à Paris une vieille voiture en état de rouler, et de l'expédier au Congo où elle deviendrait un taxi. Celui-ci assurerait des ressources régulières à la famille du colonel, restée au pays quand lui-même avait été contraint de s'expatrier. Tel que le colonel et le narrateur l'avaient conçu, dans un café de la porte de Clichy, le projet était simple et brillant. Chemin faisant, tant sur mer que par la route, selon un itinéraire qui recoupe parfois ceux de Joseph Conrad, de Patrice Lumumba, de Che Guevara et d'autres fantômes moins illustres, il va se heurter à un grand nombre de difficultés, imputables aussi bien à l'état de la voiture qu'à celui du pays lui-même. Parmi toutes ces difficultés, finalement, il n'est pas avéré que la pire soit l'explosion de la durite.
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Assis sur ce banc, écoutant glouglouter dans leur fuite des créatures aquatiques (ou amphibies) dérangées par mon arrivée, je pensais au gag - un classique - du type qui s'assoit sur un tronc d'arbre et découvre, trop tard, qu'il s'agit en fait d'un crocodile, et je me disais que ces derniers ayant la réputation de vivre vieux, il s'en trouvait encore probablement, dans la mangrove, qui avaient été témoins de la bataille, et peut-être avaient saisi cette opportunité d'introduire un peu de variété dans leur alimentation.
De septembre à novembre 1944, l'île de Peleliu, dans l'archipel des Palaos, a été le théâtre d'une des batailles les plus meurtrières de la guerre du Pacifique. -
Ce livre est la dactylographie réalisée par Jean-François Stévenin entre 1971 et 1972, onomatopéïquement et grammaticalement élaborée par l'auteur à l'écoute de sa voix enregistrée sur minicassettes, son journal de bord de chaque soir. Six cassettes relatant la préparation et le tournage de Das Unheil (Les Cloches de Silésie), le film de Peter Fleischmann, sorti en France en 1972, dont Jean-François Stévenin fut l'assistant en 1970. Ses réflexions au moment où il frappe le texte sont en italiques.
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«Soudainement, alors que nous remontions la rue Paul-VI, une plaque de tôle ondulée s'abattit à nos pieds dans un bruit de tonnerre et le jésuite l'enjamba distraitement, sans dévier de sa route, sans un mot de commentaire pour un incident si notable. Quant à moi, les mains dans les poches, tandis qu'il tenait toujours ses deux sacs à bout de bras, je me sentais de plus en plus insignifiant, de plus en plus déplacé, à ses côtés aussi bien qu'à Bethléem, voire dans ce pays tout entier, où nul ne m'avait demandé de venir m'enquérir du sort des chrétiens, seul, sans mandat, empiétant ainsi sur les prérogatives de l'Église ou des sacro-saintes ONG.» Chrétiens est le récit d'un séjour à Bethléem et dans d'autres localités de Palestine, pendant les mois de décembre 2002 et janvier 2003.
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Ce sont des écrivains, des peintres, des sculpteurs. Aventuriers de l'impossible. Ce sont des bribes de leurs vies. Tous des chercheurs davantage que des trouveurs. J'ai eu le privilège de les côtoyer. Ce qu'ils poursuivent est ce qui toujours se dérobe. La grâce est une fieffée baleine blanche.
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L'image et l'occident ; pour une histoire de l'idée d'image en Europe latine
Jean-louis Schefer
- P.O.L
- Essais
- 20 Avril 2017
- 9782818042557
Il y a bien eu, dans le refus d'un culte des images en Europe latine, la construction d'un dogme des images portant prescription de leur usage conforme à leur pouvoir d'évocation du passé (un art de mémoire), aux manipulations de figures dans la machinerie des rêves. La théologie et les philosophies en ont fait l'instrument approché de toute connaissance conçue comme la lecture d'un tableau, possible parce que nous en participons par notre nature. Que signifient les formules de la création : l'homme a été fait comme une image - l'homme a été créé selon le mode des images - Dieu a créé l'homme à son image, ou encore, il l'a fabriqué par une image ?
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"Je regarde des tableaux depuis mon enfance. Certains, au fil des années, ont rajeuni jusqu'à retrouver la fraîcheur de leur invention. Cette familiarité n'a pu devenir une science : je mêlais toujours un peu de moi-même à l'énigme que j'y découvrais.
Je ne sais pourquoi, un jour, l'idée que les maisons peintes ne logeaient que des carrés de ciel m'a dicté ce livre.
Sur quoi ouvrent ces fenêtres ? Un infini déguisé en une source naturelle? Sur le vide dans lequel ces fictions sont suspendues ? La brèche d'un aquarium où notre idée d'une réalité viendrait flotter ?" -
Fables, souvenirs, choses lues, vues, transposées ou inventées, les historiettes rassemblées ici ont pour thème commun le portrait, les portraitistes et les portraiturés. On y croise pêle-mêle Vigée-Lebrun, Rembrandt, David Hockney et Louise Bourgeois, Lucian Freud, Monsieur Bertin, Saul Steinberg, Le Bernin ou Bram Van Velde, le sultan d'Istanbul, l'empereur de Chine ou Martin Luther. Plotin déjà mettait en garde contre ce vilain usage de laisser derrière soi une image de notre apparence, mais nous n'avons pas cessé pour autant de nous livrer à ce besoin de repousser la mort par l'image.
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Il fallait rassembler cette partie de l'oeuvre de Jean Rolin afin de la rendre visible, afin que l'on voie un peu mieux, un peu plus complètement, le talent de ce grand reporter écrivain et, tout ensemble, la diversité de ses centres d'intérêt, la manière si personnelle qu'il a de rendre passionnants tous les sujets qu'il aborde, son génie descriptif et topographique. On lira donc plus de 1000 pages d'une véritable encyclopédie de la curiosité et du regard sur autrui, qu'il soit humain ou animal, sur le monde. Il n'est guère de région de la terre qui n'ait reçu ce voyageur infatigable et son regard si lucide, si peu complaisant, tellement plein d'humour et cependant d'une empathie et d'un générosité jamais prises en défaut. Et puis il y a cette phrase si caractéristique, qui dans son impeccable construction, la grande phrase française, arrive à accueillir ensemble de l'espace, des espace, du temps, des temps, de l'autre et des autres, et tout ce qui fait la réalité si riche et si complexe du monde.
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United emmerdements of new order ; united problems of cout de la main d'oeuvre
Jean-charles Massera
- P.O.L
- Fiction
- 10 Juin 2011
- 9782818009420
United Emmerdements Of New Order nous apprend qu'un navire battant pavillon savoyard s'est échoué, dans la nuit, sur la plage de Cully près de Lausanne (Canton de Vaud) avec quelque 800 clandestins tyroliens, hommes, femmes et enfants entassés dans ses cales depuis plusieurs jours dans des conditions inhumaines. Pire, United Emmerdements Of New Order analyse les raisons qui ont poussé les autorités suisses à créer des camps de réfugiés pour les touristes d'origine française depuis la fermeture du tunnel du Mont-Blanc. United Emmerdements of New Order nous met dans de sales situations sur le plan international et humanitaire, celles que nous ne voulons pas voir ou que nous ignorons. United Emmerdements of New Order peut aussi se lire comme un recueil de lois mis à l'épreuve des faits. De l'esprit et des intérêts qui sont à l'origine de certaines lois, de certains codes, de certains réglements, United Emmerdements of New Order ne retient que quelques dispositions et les réécrit jusqu'à ce qu'elles nous disent ce qu'elles ne peuvent jamais nous avouer. United Emmerdements of New Order fait parler la loi. United Emmerdement of New Order dramatise le processus de construction des certitudes de la petite bourgeoisie planétaire, de la propagande et de la connerie. United Emmerdement of New Order travaille la petitesse et la mesquinerie des aspirations occidentales, la réduction de nos faits et gestes à une partition écrite soit par des intérêts qui ne sont pas les nôtres (les intérêts économiques) soit par une incapacité à penser au-delà et en dehors de notre espace familier (la réduction du monde à mon canton). United Emmerdements of New Order fait de l'entrisme. Mais United Emmerdements of New Order est ouvert aux amendements et aux contrevenants. United Emmerdements of New Order est le récit d'une dépossession. En résumé, United Emmerdements of New Order ne fait que dramatiser le lent processus de basculement de la petite bourgeoisie planétaire dans la barbarie. United Emmerdement of New Order nous promet une belle fin.
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Francois Tanguy et le radeau ; articles et études
Jean-paul Manganaro
- P.O.L
- Essais
- 5 Juillet 2011
- 9782846823906
Tanguy et le Radeau ne créent pas un théâtre des images, ni un théâtre de la pensée, ni une réflexion sur le théâtre, même s'il est vrai que ce théâtre est pensé et réfléchi. Cette pensée et cette réflexion sont devenues si consubstantielles à l'acte de création de Tanguy qu'elles s'effacent dans la mise en place de leur puissance. C'est un théâtre qui réfléchit autour des formes - lesquelles incluent l'image, et peuvent exprimer une image du théâtre, une image autour du théâtre ; elles peuvent aussi dire dans leur présentation la totalité d'une élaboration qui s'est occultée, et elles peuvent enfin dire l'image la plus nécessaire de la constitution de l'acte théâtral. Ce théâtre invente les formes qui habitent temporairement l'espace d'un théâtre, et dans cette temporanéité immédiate et éphémère il y a l'effacement des temps et des espaces qui nous cernent en tant que spectateurs.
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Au début de Moby Dick, Ismahel, sur le point d'embarquer, observe que le capitaine du Péquod porte le nom d'un roi biblique qui était "fameusement impie", et dont le corps fut livré aux chiens. Nombreux sont les héros de la guerre de Troie qui n'échappèrent que de justesse au même sort. Ainsi les rapports entre l'homme et le chien ne se bornent-ils pas à cette gentille histoire, aux circonstances controversées, de la domestication de l'un par l'autre : autant que la littérature universelle, les chiens errants sont là pour le prouver. Et c'est sur les traces de ces derniers - à moins que ce ne soit pour les fuir - que l'auteur d'Un chien mort après lui parcourt le monde, depuis des banlieues de Moscou jusqu'aux confins des déserts australiens.
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Il y a plusieurs âges de la peinture dans la fresque. Ce Déluge d'Uccello retient une énigme. Le problème de l'espace et de la construction perspective y est étrangement anachronique par rapport à ce qu'est ici la solution de la figure : une grande métonymie des états de mouvement dans un espace stéréoscopique ; la figure ainsi comprise comme corps y est débordée par une inconnue de référence et d'emploi dans le 'mazzocchio'. La couleur découpe des unités, non des détails : elle est faite d'un grain plus gros que les corps. Un des niveaux de lecture est sans doute celui qu'impose une sorte d'avancée fantomale du corps de la mythologie, non de ses figures. Ce livre est mis en scène par des passages de peinture (des passages écrits, des sortes d'animaux) qui prennent appui sur les deux bords opposés de ce Déluge : la division des corps dans l'eau et l'objet le plus résistant (le module refermé de construction des figures).