Chargé de cours en littérature, Vincent Sylvestre rêve d'un ailleurs et de nouvelles perspectives. En attendant une vie meilleure, il s'oublie dans l'alcool, la cocaïne et la violence à la sortie des bars de Sherbrooke. Un soir, pour tenter de se reprendre en mains, il décide sans conviction de se joindre aux Narcomanes Anonymes.
Là, il rencontre non pas le salut ou la guérison, mais Robert Thompson, un homme qui vit à la lisière du crime et de la frontière américaine. L'amitié improbable qui se développera entre eux entraînera Vincent dans un monde interlope fait de chasse au gros gibier, de virées en pick-up et de danseuses nues. Un ailleurs différent de celui qu'il imaginait, mais un ailleurs qui lui permettra quand même de se regarder en face.
Sélectionné pour le Prix des libraires 2013, Comme des sentinelles dresse le portrait sans concessions d'un homme au bord de l'abîme, hanté par son passé et ses échecs. Il dessine aussi en filigrane la trajectoire incandescente d'une famille - les Sylvestre - et d'une génération « fin de siècle » que Jean-Philippe Martel déploiera de plus belle dans Chez les Sublimés (Boréal, 2021).
À travers la figure d'un intellectuel désabusé et sans repères, ce premier roman au ton mordant nous montre que la littérature, si elle n'a rien de salvateur, a au moins le mérite de nous offrir un peu de paix et de lucidité. Et c'est déjà beaucoup.
« Le Français sera seul en usage dans l'école ». Cet alexandrin boiteux, article 14 du règlement type des écoles de Jules Ferry, décrétait, sans le dire ouvertement, l'exclusion totale des langues de France, dont l'occitan. Et pourtant, plus d'un siècle plus tard, et après des décennies de revendications, ces langues ont une (toute petite) place dans le système éducatif français. Les articles ici réunis analysent certains épisodes de cette histoire depuis le XIXe siècle. Ils n'affirment pas (avec fureur) que l'école française a persécuté les langues de France, car tous les maîtres n'ont pas été forcément répressifs. Ils n'affirment pas davantage (avec attendrissement) que les hussards de la République, épris de local et amoureux de leur petite patrie, n'ont rien fait contre les langues de France, qui auraient donc décliné toutes seules, car ce n'est pas si simple. Et c'est de la complexité et des contradictions de tout un processus que l'on essayera de rendre compte ici, à partir du cas occitan.