« Les capitaines d'avril » - après l'exposé des rêves enfiévrés de ces deux hommes, en faveur d'une décolonisation et d'une révolution originales, et celui de leurs expériences et de leurs désillusions - est consacré, en majeure partie, à l'évolution du conflit algérien. Mais Jean-Claude Racinet nous présente celui-ci sous un éclairage nouveau, qui permet de mieux comprendre les raisons socio-politiques, militaires et structurelles de notre impuissance. À noter, au passage, que les capitaines d'avril, au Portugal et en Algérie, ont voulu se démarquer d'une société bourgeoise, dont l'incapacité à contrôler le processus de la décolonisation a coûté tant de sang et de larmes. À travers le récit haletant de son expérience de structuration des populations, pour qu'elles prennent en main leurs destinées, Racinet brosse ça et là de saisissants portraits de ses camarades. Malgré l'échec essuyé, on veut croire que tant de sacrifices, et tant d'efforts, n'ont pas été consentis en vain par ces hommes généreux. Au moment où l'Union soviétique, forte de ses succès en Asie du Sud-Est, s'infiltre rapidement en Afrique, de l'océan Indien à l'Atlantique, dans les pays ex-colonisés, ce livre apparaît d'une brûlante actualité.