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Littérature
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François Contellec tombe par hasard sur un ancien camarade de classe, Pierre-Alain Jézéquel, dans un TGV. Les retrouvailles entre les deux hommes font ressurgir un passé fait d'amitié adolescente, de rivalités scolaire, politique, sportive et amoureuse, au sein d'un pensionnat breton marqué pour eux par la personnalité d'un jeune professeur de français, Loïc Quéméner.
Nous sommes en 1959. Quéméner, qui a réussi à faire aimer la littérature aux plus obtus des cancres, est appelé en Algérie. C'est de là qu'il écrit à ses élèves pour leur rapporter la réalité de cette guerre qui ne dit pas son nom.
François décide d'enquêter, des décennies plus tard, sur les circonstances du décès de Quéméner au cours d'une opération militaire. D'autant que Pierre-Alain, devenu général de l'armée française, lui confie des éléments troublants...
Le disparu retrace avec finesse la période de la guerre d'Algérie vécue par des jeunes gens à la fois enthousiastes et naïfs. Jean-Pierre Le Dantec tisse délicatement le lien entre cette histoire exhumée et la France d'aujourd'hui. -
Graal-Romance
Jean-Pierre Le Dantec
- Albin Michel (réédition numérique FeniXX)
- Les Grands mythes fondateurs de l'Occide
- 9 Octobre 2015
- 9782226345721
Julien Gracq écrivait, voici presque trente ans : Le cycle de la Table Ronde appartient à l'espèce de mythes la plus haute : il est, par essence, l'un de ces carrefours où de très petits déplacements du promeneur correspondent, à chaque fois, à un foisonnement de perspectives nouvelles. Ce sont de telles perspectives que nous ouvre Jean-Pierre Le Dantec, dans cet étrange exercice d'une fidélité absolue et d'une liberté sans entraves. Y avait-il meilleure voie pour nous démontrer d'évidence, que le corpus de légendes qui a façonné notre Europe demeurait toujours vivant, comme par-delà les temps - et qu'à s'incarner tout d'un coup dans une époque nouvelle, il retrouvait aussitôt une force, une jeunesse, une fraîcheur vivifiantes et sans cesse renouvelées ? Alors, un monde barbare et somptueux se découvre soudain, où l'imagination se débride et où, dans la modernité même du style, de la construction du récit, du vocabulaire employé, un microcosme s'impose dans lequel nous devons plonger, sans hésiter. Que le lecteur fasse donc comme s'il n'avait jamais rien su de la Matière de Bretagne, et qu'il goûte Graal-Romance en ayant fait table rase de toutes ses connaissances - et de tous ses préjugés.
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"On était au mois de juin et, avec les premières chaleurs, les femmes lisant dans la salle de lecture, dont j'aimais les minces colonnes de fonte et la lumière fine tombant des coupoles, habitaient des corps neufs. Spécialement une rousse au regard perdu et à la peau laiteuse, placée juste en face de moi, qui, chaque fois que je levais les yeux, avait les siens levés eux aussi, et dont je sentais avec une violence délicieuse, cachées sous la table nous séparant, les hanches et les cuisses se mouvoir, tièdes, sous l'étoffe mince d'une robe d'été."
Presque au même instant, dans cette même salle de l'ancienne Bibliothèque nationale, Guillaume, nègre dans l'édition, fait en ouvrant une plaquette éditée par un certain L., membre d'une société savante liée au Muséum, une seconde rencontre, tout aussi imprévue : celle de A. Dès lors, sa vie et le livre qu'il prépare se mettent à balancer entre Paris et l'Afrique, notre époque et le XVIIIe siècle, la traite des nègres et les sans-papiers, l'esprit encyclopédique des Lumières et la gueule de bois post-révolutionnaire, l'embrasement de l'amour et sa crémation.
Tout roman n'est-il pas, depuis Don Quichotte, une auberge espagnole aussi confuse que nos vies, un enchevêtrement de noeuds, de plis, d'entrelacs et de coïncidences, une "toile" enfin, où se trament présent et passé, réel et virtuel ?
J.-P. L.D.
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Étourdissement : "Trouble caractérisé par une perte momentanée de conscience due à la fatigue, à l'insolation, à l'ivresse ou à toute autre cause, désirée ou non."
Chaque fois à partir d'un angle de vue différent, ce roman raconte trois étourdissements survenus dans l'existence mouvementée du Davidsbund. Née au début des années soixante, cette "ligue des compagnons de David" rassemblait quatre étudiants en architecture (Jacques, Paul, Pierre et Line) et un jeune ouvrier typographe (Jean) autour d'une même passion pour le cinéma, la littérature, la musique, l'art en général et la Révolution. Mais, selon l'auteur de ce livre (qui a connu des étourdissements du même genre), cette ligue a survécu à son mentor, le peintre David Grimbert, célèbre dans les années cinquante à Saint-Germain-des-Prés pour son engagement dans la Résistance et ses activités pré-situationnistes, ainsi qu'à la défunte Gauche prolétarienne où milita le Davidsbund après Mai 68.
On l'aura compris : "étourdissement" est synonyme, ici, d'amour fou.