Dans la petite école de Bothoa, au coeur de la Bretagne, un jeune élève, Pol, s'ennuie. Il observe les cartes accrochées aux murs et rêve d'un ailleurs, un monde où le vert ne dominerait pas, où les fruits seraient gros et juteux, où le vent serait chaud. Il se persuade que le jour où il faudrait partir - car un jour ou l'autre un Breton doit s'en aller - il choisirait la main du hasard. Il accrocherait lui aussi une carte au mur, il prendrait une fléchette, la lancerait et se jurerait d'aller là où la pointe d'acier se ficherait.
Des années plus tard, le moment est venu pour Pol de partir. La pointe de la fléchette se plante en plein Pacifique. Alors, sans réfléchir, Pol fait vite son baluchon et s'en va, un petit matin aussi flamboyant que ses souvenirs. Là-bas, il rencontre Maeva. « Il ne savait pas s'il aimait Maeva. L'amour, ici, ne supportait pas une nouvelle saison. Le printemps n'existait pas dans les îles, la montée de la sève ne régulait pas les sentiments. Il n'y avait que la saison des pluies où l'on pleurait beaucoup et la saison sèche qui tarissait les larmes. »
Roman noir illustré !Dans ce roman en mots et en images, c'est Didier Daeninckx en personne qui mène l'enquête...
Lors de travaux consécutifs à l'incendie criminel de sa maison, il retrouve une encre de Chine qu'il a acquise à Port-Vila (Vanuatu) et qui est signée d'un peintre expressionniste allemand méconnu : Heinz von Furlau.
Aidé par un universitaire berlinois, Dietrich Krüger, Daeninckx se lance sur les traces de von Furlau. Ses investigations le ramènent en 1912 dans les possessions allemandes de Papouasie-Nouvelle-Guinée, puis au Chemin des Dames, lors du conflit européen de 1914-1918. Elles le conduisent aussi à Munich au printemps 1919 : von Furlau s'y trouve aux côtés de Rainer Maria Rilke pendant l'épisode sanglant de la République des conseils. Le voilà en pleine révolution...
L'essentiel de l'oeuvre de Heinz von Furlau ayant été dispersée, le peintre liégeois Joe G. Pinelli la restitue de façon saisissante.