D'où le cinéma de Michelangelo Antonioni tire-t-il son étrange pouvoir de fascina-tion ? Assurément de la qualité si particulière du regard que le cinéaste, film après film, a posé sur la matière filmée : un regard qui s'exerce sur fond de vacuité, à fleur de cette béante inconsistance où les choses qu'on ne peut tenir à l'oeil, ni contenir dans un récit, se rechargent constamment de mystère et s'élèvent à la puissance de l'évidement.
Première star internationale de l'histoire du cinéma, Charlie Chaplin n'a cessé de fasciner, et ce dès l'apparition du personnage de Charlot sur les écrans, en 1914. Immédiatement les artistes, écrivains et intellectuels d'avant-garde se sont enthousiasmés pour le personnage qu'il a créé et l'ont reconnu comme l'un des leurs. Sujet iconographique et littéraire récurrent, Charlot/Chaplin est une source d'admiration et d'inspiration.
Ce livre questionne le dialogue qui s'est instauré entre la modernité de Charlot/Chaplin et celle des avant-gardes artistiques. Un dialogue qui se noue entre un petit homme avec sa moustache, sa canne, son melon, son pantalon trop large, ses godillots et sa drôle de démarche et la pointe la plus avancée de l'art de son temps.
Chargée des collections d'art moderne au Musée des Beaux-Arts de Nantes, Claire Lebossé a été la commissaire de l'exposition « Charlie Chaplin dans l'oeil des avant-gardes ».
Jose Moure est professeur en etudes cinematographiques a l'Universite de Paris 1 Pantheon-Sorbonne. Il a notamment publie Le Musical hollywoodien (avec N. T. Binh, Les Impressions Nouvelles, 2021).
Qu'est-ce que le cinéma invente à partir de la vie quotidienne ? Comment les formes cinématographiques représentent-elles la dimension la plus ordinaire et la plus insaisissable de notre existence ? Du point de vue de la création artistique, on mettra en lumière ce qui s'élabore à partir de la quotidienneté : l'énumération (les listes, les séries), le travail du rythme (à travers les cycles journaliers, les jeux de répétition), les flux (le passage des heures, le vide et le plein, la circulation urbaine), l'étude des gestes et du mouvement des corps. Cette réflexion nous permettra, en dernier lieu, d'interroger les enjeux esthétiques et politiques de la mise en scène d'actions journalières, afin de mieux saisir comment le cinéma nous engage à repenser la question du quotidien.
José Moure est professeur en études cinématographiques à l'Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur le cinéma.Sarah Leperchey est maître de conférences à l'université Paris1 Panthéon-Sorbonne, où elle enseigne l'histoire et l'esthétique du cinéma. Elle a publié deux ouvrages ainsi que plusieurs articles dans des revues scientifiques (Alliage, Contre Bande). Ses recherches récentes portent sur le cinéma contemporain.
La musique au cinéma semble en pleine phase de mutation, et les questions qu'elle soulève passionnent autant les cinéphiles que les mélomanes : doit-on préférer les partitions originales ou les musiques préexistantes ? des chansons pour commenter l'action ou des scores pour se fondre dans les images ? comment a évolué la musique filmée, qu'en est-il de ses succès et de ses impasses, de ses conventions et de ses audaces ?Pour y répondre, cet ouvrage a convoqué des spécialistes internationaux.Chercheurs infatigables, mais aussi amateurs passionnés, ils ouvrent de nouvelles perspectives en interrogeant les oeuvres elles-mêmes, anciennes ou récentes, pour qu'elles révèlent leurs secrets et leurs trésors. Du cinéma populaire américain et de l'industrie bollywoodienne, jusqu'aux exemples plus cinéphiliques de Leos Carax ou de Pedro Almodóvar, du rock à la musique dite minimaliste, en passant par les oeuvres fondatrices de Nino Rota ou d'Elvis Presley, ce panorama se veut à la fois éclectique et subjectif, tout en faisant profondément avancer la réflexion sur le sujet. Ces recherches sont complétées par une fructueuse discussion où interviennent des professionnels français, sur l'évolution actuelle de la musique pour l'écran.
Le rêve de transporter, de projeter et d'animer les images est peut-être immémorial et l'histoire de ceux qui ont voulu faire vivre ce rêve est déjà longue quand, en 1895, les frères Lumière projettent la vie, prise sur le vif, sur l'écran du cinématographe. Cette anthologie rassemble quelque cent textes qui nous invitent à parcourir une histoire culturelle de la vision, de ses moyens et dispositifs, de l'idée que nous nous faisons du visible, des attentes, des croyances et de l'imaginaire qui s'y rattachent, afin de mieux comprendre nos propres façons de voir et de vivre avec les images.
De Platon à Jules Verne, avant le cinéma, sans le cinéma, se croisent les préoccupations philosophiques, artistiques et littéraires autant que sociales, scientifiques et techniques. Autour des jeux de l'ombre et de la lumière, de la chambre noire, des lanternes magiques, de la fantasmagorie, des panoramas, de la photographie, des machines optiques et des images en mouvement, dialoguent, parmi bien d'autres, Vinci, Kepler et Sterne, Kircher, Inés de la Cruz et Leibniz, Robertson, Balzac et Strindberg, et encore Kleist, Wordsworth et Hawthorne, Lichtenberg, Hoffmann, Hugo, Marx et Zola, Arago, Poe, Delacroix et Nadar, Plateau, Baudelaire, Marey et Edison, Villiers de l'Isle-Adam, H. G. Wells et Charles Cros...
Daniel Banda, professeur agrégé, enseigne la philosophie au Lycée Victor Hugo à Paris et l'esthétique à l'université de Paris I Panthéon- Sorbonne.
José Moure, ancien élève de l'École normale supérieure, est professeur en études cinématographiques à l'université de Paris I Panthéon- Sorbonne.
Ensemble, ils ont publié Le Cinéma : naissance d'un art. 1895-1920 et Le Cinéma : l'art d'une civilisation.1920-1960.
Il y a d'une part les documentaristes à qui l'on pose la question : « Quand est-ce que vous ferez un vrai film ? » Et il y a d'autre part des cinéastes de fiction à qui l'on demande : « Vous n'avez jamais eu envie de filmer la réalité ? »Le débat est aussi vieux que le cinéma lui-même. Peut-on filmer le réel ? Peut-on d'ailleurs filmer autre chose que le réel ? Dans cet ouvrage, ont été interrogés huit cinéastes qui ont l'expérience conjuguée de la fiction et du documentaire. Chacun d'entre eux se penche avec acuité sur le passage de l'un à l'autre, chaque créateur ayant son rapport particulier au réel et à l'imaginaire.
Le film d'Hirokazu Kore-eda, Une affaire de famille, Palme d'or au Festival de Cannes en 2018, comporte de nombreuses scènes du quotidien, ce qui l'inscrit dans une tradition du cinéma japonais qui, illustrée par de prestigieux cinéastes, tel Yasujirô Ozu, perdure dans le cinéma contemporain. Il s'agit non seulement de montrer le quotidien, mais d'en afficher la japonité. On s'interroge ici sur cette constante cinématographique, sur les particularités culturelles qui la définissent et les modes de son apparition dans divers films majeurs. Adoptant une optique plus large, cette exploration s'étend de la représentation filmique du quotidien à de possibles résonances avec d'autres cinémas, en particulier les cinémas français et antillais-péyi. Implicites ou explicites, historiques, plastiques ou conceptuelles, ces analogies ouvrent la perspective d'une fructueuse comparaison interculturelle.