Edition enrichie (Préface, notes, annexes, chronologie et bibliographie)Lorsqu'en 1869, sous le pseudonyme de Lautréamont, Isidore Ducasse fait imprimer Les Chants de Maldoror, c'est un texte inclassable que le jeune poète de vingt-trois ans offre aux lecteurs. Cette épopée de la peur, des ténèbres et du mal, qui brandit son attirail de cruautés et fait sourdre un fond de terreur infantile dans les amples strophes de ses six chants, demeura à peu près sans écho à sa parution : il fallut donc attendre sa redécouverte par les surréalistes pour que ce livre où s'inaugure la transgression moderne prît sa vraie place. L' année suivante, les Poésies, dont on ignore si l'édition fut diffusée, démentaient leur titre en proposant, écrites en prose, un ensemble de maximes et de réflexions, acerbes parfois mais aiguës, sur la littérature et la morale. Le livre fut-il alors lu ? Quelques mois plus tard, Ducasse mourait mystérieusement.Édition préfacée, annotée et commentée par Jean-Luc Steinmetz.
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Lautréamont. Sorte d'épopée en prose composée de six Chants, "Les Chants de Maldoror" est un livre magique et torturé, archétype même de l'oeuvre de génie, et sans doute oeuvre la plus déconcertante de la littérature française. Aujourd'hui encore, on ignore presque tout des intentions de Lautréamont (pseudonyme d'Isidore Ducasse), comme on ignore sa vie intime, son caractère et même son physique. L'idée fondamentale du livre est celle d'une rébellion de l'homme contre Dieu. Tirant son inspiration de Edward Young (pour la grandiloquence funèbre), de Lord Byron (pour le satanisme) et de Dante (pour la couleur de certaines visions), Lautréamont y célèbre la haute malfaisance du grand Créateur, cet "Étemel à face de vipère", en se fondant sur tous les crimes dont sa création est le théâtre depuis l'origine des temps. Faisant de Dieu l'objet de son exécration, l'auteur s'installe dans l'absurde pour mieux blasphémer son nom et, dans une sorte de course à l'abîme tout au long du récit, ne relâche jamais rien de sa fureur blasphématoire.
Cette épopée se compose de six chants divisés en strophes. Poème en prose? Récit? Les Chants de Maldoror résistent à toute tentative de classification générique. Dans le sixième chant, Lautréamont parle, à quelques lignes de distance, de sa «poésie» et de ses «récits» et il avait même, un peu plus haut, employé le terme de «roman». Le texte est fondé sur une esthétique de la rupture : chaque strophe peut être lue comme un fragment poétique autonome et aucun fil linéaire, qu'il soit narratif, descriptif ou discursif, n'est suivi bien longtemps. Il s'agit d'un brûlot, «politiquement incorrect», qui ne fut pas du goût des bien-pensants de l'époque. Nourri de violences, d'idées morbides et de délire - peste, pus et poux... - ce texte énigmatique et fascinant, ce texte de la démesure donne le vertige, et parfois un peu la nausée...
Voici la seconde oeuvre de Lautréamont, qui connu aussi peu de succès que la première de son vivant, jusqu'à ce que cet auteur soit redécouvert par les surréalistes et en particulier André Breton. L'épigraphe placée en tête du premier fascicule présente l'oeuvre comme une palinodie: «Je remplace la mélancolie par le courage, le doute par la certitude, le désespoir par l'espoir, la méchanceté par le bien, les plaintes par le devoir, le scepticisme par la foi, les sophismes par la froideur du calme et l'orgueil par la modestie.» Cette profession de foi mérite cependant d'être considérée avec prudence dans la mesure où le recueil utilise largement l'ironie. Chaque énoncé se trouve ainsi placé sous le régime du doute et pourvu d'un sens toujours éventuellement réversible. Le titre même de l'ouvrage semble une sorte d'«antititre» puisque la dédicace parodique qui apparaît sur la deuxième page présente l'oeuvre comme constituée de «prosaïques morceaux». Le texte, écrit en prose, est formé en effet d'une succession de fragments et rappelle plutôt, du point de vue du genre, les recueils de maximes.
BnF collection ebooks - "Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu'il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison ; car, à moins qu'il n'apporte dans sa lecture une logique rigoureuse et une tension d'esprit égale au moins à sa défiance, les émanations mortelles de ce livre imbiberont son âme comme l'eau le sucre. "BnF collection ebooks a pour vocation de faire découvrir en version numérique des textes classiques essentiels dans leur édition la plus remarquable, des perles méconnues de la littérature ou des auteurs souvent injustement oubliés. Tous les genres y sont représentés : morceaux choisis de la littérature, y compris romans policiers, romans noirs mais aussi livres d'histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou sélections pour la jeunesse.
Extrait : "Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu'il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison ; car, à moins qu'il n'apporte dans sa lecture une logique rigoureuse et une tension d'esprit égale au moins à sa défiance, les émanations mortelles de ce livre imbiberont son âme comme l'eau le sucre. "
Les Chants de Maldoror
Isidore Ducasse, Comte de Lautréamont
Texte intégral. Cet ouvrage a fait l'objet d'un véritable travail en vue d'une édition numérique. Un travail typographique le rend facile et agréable à lire.
Les Chants de Maldoror sont un ouvrage en prose, composé de six parties (« chants ») et publié en 1869 par Isidore Ducasse sous le pseudonyme de comte de Lautréamont. Le livre ne raconte pas une histoire unique et cohérente, mais est constitué d'une suite d'épisodes dont le fil conducteur est la présence de Maldoror, personnage maléfique doué de pouvoirs surnaturels.
Le premier des Chants de Maldoror a été publié à compte d'auteur en 1868, et l'oeuvre complète a été imprimée un an plus tard par l'éditeur Albert Lacroix, qui refuse de mettre l'ouvrage en vente, par crainte de poursuites judiciaires.
Les Chants de Maldoror ont connu un succès tardif.
Isidore Ducasse publie seulement deux autres ouvrages par la suite, Poésies I et Poésies II. Source Wikipédia.
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