Dignité, justice sociale, partage du travail, égalité, rapport renouvelé à l'art, à l'éducation, à la culture et au quotidien... C'est tout cela, la Commune de Paris, une expérience révolutionnaire à bien des égards inouïe : pour la première fois, des ouvriers, des ouvrières, des artisans, des employés, des instituteurs et institutrices, des écrivains et des artistes s'emparent du pouvoir. Comme l'écrit Rimbaud qu'elle enthousiasme tant, la Commune entend vraiment " changer la vie " par des " inventions d'inconnu ". Ses protagonistes sont des femmes et des hommes ordinaires qui créent de l'extraordinaire, non seulement en l'imaginant mais en le mettant en pratique.
C'est de leur expérience si actuelle que part ce livre, sous une forme originale : il est composé de lettres adressées à ces femmes et ces hommes comme s'ils et elles étaient encore en vie et comme si on pouvait leur parler. Ces lettres rendent la Commune vivante et présente, par un entrelacement des temps. L'ouvrage s'appuie sur un vaste travail d'archives et de nombreux documents, le plus souvent inédits : correspondances, débats, projets, procès... Il offre aussi au regard plus de cent photographies qui s'égrènent tout au long de ses pages, images d'époque et images d'aujourd'hui, comme un télescopage entre passé et présent.
L'événement reste de par le monde une source d'inspiration, car il permet de réfléchir à l'émancipation, aux solidarités et aux communs. Il nous concerne toutes et tous, de manière plus brûlante que jamais, et demeure évocateur par les espoirs et les projets qu'il porte. Tant il est vrai que " la Commune n'est pas morte ".
Alors que le mot " révolution " sert à vendre à peu près n'importe quoi et n'importe qui, ce livre fort et joyeux montre comment il a été domestiqué par tous les pouvoirs depuis le xixe siècle et comment, en le prenant de nouveau au sérieux là où il veut dire quelque chose, il est possible de renouer avec la puissance et la promesse imaginatives des processus révolutionnaires.
Le mot " révolution " se prête désormais à tout. Il sert à vendre des yaourts ou des chaussures aussi bien que les idées de campagne, pourtant très libérales, du président Macron. Il est temps de lutter contre ces détournements. Ludivine Bantigny, spécialiste renommée et engagée de l'histoire des luttes contemporaines, et notamment de Mai 68, montre ici combien les révolutions ont été l'objet d'un intense travail de domestication. Les élites du xixe siècle se sont montrées obsédées d'en finir avec elles, d'en dompter les élans et d'en effacer les traces. Celles du xxe siècle, en les célébrant, en les commémorant avec faste, n'ont pas cessé de les apprivoiser au point qu'elles n'inquiètent plus personne. Mais arracher le mot à la langue feutrée du pouvoir, qu'il soit économique ou politique, ne suffit pas. Il faut en retrouver le sens en acte. En prenant pour appui les mouvements de lutte contre le capitalisme, comme ceux du Chiapas, ce livre vigoureux libère avec bonheur la force des espérances, des rencontres et des potentialités que font naître les révolutions.
" Voie royale " ou " voie de gloire ", les Champs-Élysées sont l'objet de fantasmes qui les dépeignent depuis des siècles en avenue du luxe mondial, du plaisir et du pouvoir. En réalité, c'est un espace contesté, traversé par une forte conflictualité politique et sociale. La " prise " des Champs par les Gilets jaunes, de samedi en samedi, l'a plus que jamais révélé.
Face aux superlatifs et à la cohorte de noms prestigieux qui dessinent une véritable mythologie, ce livre invite à déplacer le regard et à en explorer les coulisses, à contrechamp : la pauvreté et la précarité au coeur de l'opulence, le travail invisible, jusque dans l'intimité des palaces, les arrière-salles et les scandales du Fouquet's, jusqu'à son pillage.
Recherche inédite à l'appui, fondée sur des archives foisonnantes et de nombreux entretiens, il plonge dans l'ambiguïté et la tension singulière des Champs-Élysées : avenue aristocratique et populaire, luxueuse et déviante, ostentatoire dans ses habits d'apparat, mais mise à nu parfois dans les moments de révolte et d'insurrection.
Les Champs sont un concentré de richesses, de démesure et d'inégalités. Mais aussi un lieu intensément politique, comme une métaphore du monde tel qu'il est et tel qu'il est disputé, attaqué, refusé. " La plus belle avenue du monde " serait-elle aussi la plus rebelle ?
C'est un parcours sur les sentiers du temps que ce livre propose, d'une plume vive et engagée. À la rencontre de quelques spectres, des fragments d'un passé personnel, intime parfois même, s'imbriquent dans le récit historien taraudé de questions. Quel est le rapport au temps selon les sociétés ? Quels liens l'histoire peut-elle nouer avec la psychanalyse ? L'écriture de l'histoire peut-elle être neutre - et doit-elle l'être ? Quelle part y occupent les émotions et l'intensité des sensibilités ? Ces pages vagabondent aussi parmi des romans, pour agripper en eux la matière du temps, robuste, charnelle, étourdissante. Les morts reviennent ici à la vie : car l'histoire est peuplée de fantômes qui viennent nous visiter sans toujours nous hanter. L'ouvrage part à la recherche d'un temps ravivé où surgit l'intensité historique celle de l'événement en particulier. C'est l'occasion d'explorer les rapports de générations, leurs conflits et plus encore leurs solidarités, dans une écriture au présent, où l'on pense possible d'abolir l'imparfait : les temps grammaticaux expriment tant de choses sur nos sociétés, leurs conceptions de l'avenir comme celles du passé. Le livre s'aventure pour finir sur quelques chemins d'espoir ouvrant sur d'autres temps, des futurs imaginés mais non pas imaginaires pour autant : afin que vienne enfin un temps dont on s'éprenne.
Une analyse implacable du tournant autoritaire inédit pris sous le quinquennat de Macron et de la menace fasciste qui l'accompagne, c'est ce que proposent Ludivine Bantigny et Ugo Palheta dans cet ouvrage. Car si Macron a été élu pour faire barrage à l'extrême- droite, c'est aux fascistes qu'il ferait aujourd'hui la courte échelle. Avant que d'autres mesures anti-démocratiques ne nous soient imposées au pas de charge, les deux auteurs entrent en résistance et nous donnent des pistes pour affronter la menace grandissante.
Les « années 1968 » ont-elles été une époque de contestation des rôles de genre, des stéréotypes sexués ou des clichés virilistes ? Pour le savoir, ce livre veut saisir l'influence du genre dans les multiples formes de positionnement et de conflictualité politique, dans les organisations syndicales comme les groupes et partis politiques, les mouvements associatifs et les collectifs militants, dans cette période marquée par de nouvelles dynamiques féministes.