Les textes qui forment ce livre font entendre la voix de gens dont on parle beaucoup mais qu'on entend peu : les adolescents d'un collège dit des quartiers. Ce qu'ils racontent interroge directement le monde dans lequel nous vivons et celui qui se dessine. « Il ne faut pas s'attendre à y trouver des vérités générales, psychologiques ou sociologiques, mais les impressions qu'on en retire nous font plus avertis. On reste touché, et parfois ébahi, par ce qu'il y a d'énergie et de désir, mais aussi de fracture et de fragilité, chez ces jeunes de 14 à 16 ans. Leurs histoires n'ont rien de spectaculaire, et c'est dans leur banalité que réside leur qualité », dit Marie Desplechin de ces « autoportraits à deux », écrits par les étudiants de Sciences Po Lille avec des élèves de troisième du collège Paul-Verlaine, à Lille. Dans une préface qui parle d'école, de jeunesse et d'écriture, elle raconte l'histoire de l'atelier qu'elle a piloté. Un témoignage sur l'adolescence, en équilibre sur le fil qui sépare le témoignage de l'entreprise littéraire. Née à Roubaix, Marie Desplechin a publié une quarantaine d'ouvrages pour enfants ou pour adultes. Elle a obtenu le prix Médicis essais en 2005 pour La Vie sauve, écrit avec Lydie Violet, et, en 2011, le prix de l'Héroïne Madame Figaro pour Danbé, écrit avec Aya Cissoko.
« J'aimerais que celle ou celui qui lira ce petit livre mesure ce qu'il a de déchirant. Il est mon au revoir à ceux que je laisse sur le quai. (...) Il est mon au revoir à mon enfance de petite fille noire en collants verts, qui dévale en criant les jardins de Ménilmontant. »Quand Marie Desplechin rencontre Aya Cissoko, elle est touchée par la singularité de son histoire. Née de parents maliens, Aya a connu une petite enfance habitée de souvenirs délicieux, qui prend fin avec la disparition de son père et de sa petite soeur dans un incendie. Élevée par sa mère dans le respect du danbé, la dignité en malinké, Aya apprend à surmonter les épreuves et trouve dans la boxe un refuge.
" À la fin du mois d'août 2001, alors que je suis installée dans mon bureau, au premier étage de la maison d'édition où je travaille, ma vie bascule. Littéralement, elle tombe par terre. " Finie, l'assurance aveugle de durer toujours. Finis, le jeu social et ses divertissements. Fini, le confort d'une société construite par et pour ceux qui vont bien. Est-ce la fin de tout ? Non. Car dans l'expérience extraordinairement violente qui consiste à affronter l'idée de sa propre disparition, on apprend beaucoup. Sur la force des instants. Sur le courage et la fragilité. Sur les puissances de l'amitié. Et sur notre capacité à rire. De tout.
La vie est une maladie mortelle. Mais c'est la vie. Marie Desplechin et Lydie - Violet ont écrit ce livre ensemble, pendant de longs mois, sans certitude de jamais le terminer. Ni entretien, ni témoignage, ni récit à deux voix, c'est, à force d'écoute et de partage, un livre où le " je " qui s'exprime est celui d'un seul auteur.