Me Susane, quarante-deux ans, avocate récemment installée à Bordeaux, reçoit la visite de Gilles Principaux. Elle croit reconnaître en cet homme celui qu'elle a rencontré quand elle avait dix ans, et lui quatorze - mais elle a tout oublié de ce qui s'est réellement passé ce jour-là dans la chambre du jeune garçon. Seule demeure l'évidence éblouissante d'une passion.
Or Gilles Principaux vient voir Me Susane pour qu'elle prenne la défense de sa femme Marlyne, qui a commis un crime atroce... Qui est, en vérité, Gilles Principaux ?
« Mon Alma, Alma des champs et des ruisseaux, des mares et des bois noirs, Alma dans mon coeur, Alma dans mon ventre. Je reste immobile dans le soleil d'or, les yeux levés vers l'intérieur de ma tête puisque je ne peux pas dormir, un jour mon âme va partir par un trou dans ma tête, pour aller au ciel où sont les étoiles. »
Voici des histoires croisées, celle de Jérémie, en quête du dodo, l'oiseau jadis exterminé par les humains, et celle de Dominique, alias Dodo, l'admirable hobo, né pour faire rire. Leur lieu commun est Alma, l'ancien domaine des Felsen sur l'île Maurice, que les temps modernes ont changée en Maya, la terre des illusions.
Trois récits, trois femmes qui disent non. Elles s'appellent Norah, Fanta, Khady Demba. Chacune se bat pour préserver sa dignité contre les humiliations que la vie lui inflige avec une obstination méthodique et incompréhensible.
L'art de Marie NDiaye apparaît ici dans toute sa singularité et son mystère. La force de son écriture tient à son apparente douceur, aux lentes circonvolutions qui entraînent le lecteur sous le glacis d'une prose impeccable et raffinée, dans les méandres d'une conscience livrée à la pure violence des sentiments.
Prix Goncourt 2009.
"Quand je partais dans les nuages, Mika me secouait gentiment. T'es où, petite soeur ? En Argentine ? En Équateur ?
J'adorais la façon dont il prononçait ces mots. T'es où, petite soeur ? J'aimerais écrire une chanson avec ça, un refrain que chacun aurait sur les lèvres, voilà ce que je me dis en arrivant quai Malo. Un arbre lance ses branches vers le fleuve, des branches nues, tortueuses. L'escalier B est indiqué par une flèche en angle. Ça sent l'immeuble bien tenu, habité par des gens qui payent régulièrement leurs charges. Je pense en montant les étages : neuf semaines, je vais habiter chez Gabriel Tournon pendant neuf semaines, le temps de voir l'arbre se couvrir de feuilles. Ici, personne ne sait ce qui m'est arrivé."
Alice, la trentaine, s'installe dans une ville inconnue pour consigner les souvenirs liés à son frère Mika, récemment disparu. Ensemble, ils ont grandi dans une famille de comédiens, et fait les quatre cents coups. Pourquoi n'a-t-elle pas revu depuis sept ans ce garçon auquel elle était si attachée ?
Insolite et bouleversant, ce roman explore l'ambiguïté des relations fraternelles et le pouvoir des mots.
"Certains secrets sont plus utiles enfouis que livrés en pâture. Ils ne sont pas faits pour être dévoilés. Aujourd'hui, il faudrait tout dire et marcher dans la rue comme des écorchés ; moi je préfère la peau. Les tissus qui la recouvrent. Le ciel chargé de pluie, les rideaux de peupliers, les creux du paysage, ses drapés."
En général, on arrache les orties. Eux les cultivent. Eux ? Simon, Nora et leurs deux enfants adolescents. C'est la débrouille, et c'est plutôt gai. Mais l'arrivée d'une inconnue, Frederica, vient troubler les habitudes. Fred fait du woofing : contre le gîte et le couvert, elle offre ses bras. Tous les habitants de la ferme, chien et chat compris, tombent sous son charme. Même Nora se montre décontenancée par l'irruption de cette jeune femme solaire...
Le Palais des Orties est un roman d'amour et de métamorphoses.
' Tu as coupé à un nombre conséquent d'enterrements, petite veinarde. Tu as échappé à tous ces coups qui un par un nous assomment et nous laissent comme des boxeurs groggy dans l'attente du gong final, tu as échappé aux gémissements, partie avec sagesse et un brin de désinvolture dans la pleine force de tes vingt ans. '
En publiant Une amie de la famille, récit centré sur la mort de ma soeur Annie et le silence qui dès lors a enseveli ma famille, je n'imaginais pas que ce livre allait provoquer tant de réactions, de retrouvailles, de surprises. Tous ces signes attestaient de la puissance de l'écriture, de ce qu'elle délivre ou dénoue. Alors j'ai décidé de montrer à Annie à quel point elle est restée présente. ' La vie des morts ', disait notre père, persuadé que sa femme et sa fille continuaient de lui parler. Ce n'était pas un songe de vieillard, c'était la simple vérité.
J.-M. L.
' Au-delà, on n'apercevait de la mer et du ciel qu'une seule masse grise, informe, agitée de profonds remous. J'aurais aimé peindre cela. Cette informité. Cette force aveugle. Ce chaos. '
En route pour le Finistère, Claire est décidée à vendre la vieille maison de l'Île-Tudy où, depuis l'enfance, elle passait ses vacances. À son arrivée, une bien mauvaise surprise l'attend, et la police doit ouvrir une enquête. Les souvenirs attachés à cette maison remontent alors : l'énigme d'une mère, la disparition d'un père, une soeur détestée... Autant de silences et questions en suspens qui trouveront peu à peu leurs réponses sur cette île du bout des terres.
' Pour moi, une confidence, c'est une histoire que l'on garde pour soi parce qu'elle concerne tout le monde. Si elle ne concernait pas tout le monde, on n'aurait pas besoin de la garder pour soi. '
Dans un appartement meublé de deux chaises, une table et un immense philodendron, Marie Nimier recueille, les yeux bandés, des confidences. Un à un, les volontaires se livrent anonymement à de troublants aveux, souvent pour la première fois. Remords, regrets, culpabilité, mais aussi désirs, rêves et fantasmes se dévoilent. Jusqu'à ce qu'un jour, Marie perde pied. Celle que son père surnommait enfant la Reine du Silence prend finalement la parole. La dernière confidence sera la sienne.
C'est par une journée de grand vent, sur l'île d'Ithaque, que nait Ulysse. Mais au desespoir de ses parents, la déesse Athéna lui prédit un rude destin : il connaîtra dix années de guerre et dix années d'errance avant de devenir roi. Sous la protection de la déesse, Ulysse vit une jeunesse aventureuse et insouciante. Mais de sombres nuages s'accumulent bientôt. Quand la Grèce envahit Troie, le prince d'Ithaque va devoir choisir entre l'amour de la belle Pénélope et son devoir de guerrier.
Un seigneur transformé en loup-garou... Un roi qui promet sa fille à qui saura la porter en haut de la montagne... Deux amants réunis par le chant d'un rossignol... En sept contes savoureux où aventure rime avec amour et féérie, une sélection des meilleurs lais de Marie de France, première femme de lettres à écrire en français (XIIe siècle)
"Toutes ses facultés d'aimer, de se donner, de souffrir, d'espérer, la cuisine s'en était emparée bien avant que je la rencontre, et le peu de ces ressources d'amour qui parvenait à se détourner de la cuisine allait à sa fille."
Un ancien commis de cuisine raconte la vie et la carrière de la Cheffe, une cuisinière qui a connu une période de gloire, dont il a longtemps été l'assistant - et l'amoureux sans retour. Au centre du récit, la cuisine est vécue comme une aventure spirituelle. Non que le plaisir et le corps en soient absents, au contraire : ils sont les instruments d'un voyage vers un au-delà, la Cheffe allant toujours plus loin dans sa quête de l'épure.
"Relever le lustre et le privilège des dames, opprimés par la tyrannie des hommes, de les combattre plutôt par eux-mêmes, c'est-à-dire par les sentences des plus illustres esprits de leur sexe profanes et saints, et par l'autorité même de Dieu", voilà résumée en partie l'ambition de Marie de Gournay (1565-1645). Car, si elle défend la position des femmes, qu'elle veut à l'égal des hommes, et si elle réclame pour elles un accès au savoir et aux débats intellectuels, elle dénonce aussi la superficialité de la haute société qui l'entoure. "Fille d'alliance" de Montaigne et éditrice de ses Essais, Marie de Gournay puise, chez les Anciens comme chez ses contemporains, son inspiration pour de nouveaux modèles de moralité.
Un plaidoyer humaniste en faveur de l'éducation des femmes placé au coeur d'une profonde réflexion et d'une indéniable vocation pédagogique consacrées à la moralisation de la société.
"En anglais, on appelle "novella" une longue nouvelle qui unit les lieux, l'action et le ton. Le modèle parfait serait Joseph Conrad. De ces deux novellas, l'une se déroule sur l'île d'Udo, dans la mer du Japon, que les Coréens nomment la mer de l'Est, la seconde à Paris, et dans quelques autres endroits. Elles sont contemporaines."
J. M. G. Le Clézio.
'Le 1er novembre 1968, alors que nous nous promenions sur les rochers qui surplombent la Chambre d'Amour à Biarritz, ma soeur aînée a été emportée par une vague. Elle avait vingt ans, moi quinze. Il aura fallu un demi-siècle pour que je parvienne à évoquer ce jour, et interroger le prodigieux silence qui a dès lors enseveli notre famille. Je suis parti à la recherche d'Annie. Je l'ai vue revenir intacte dans sa fougue, ses doutes, ses enthousiasmes, ses joies et ses colères : une jeune femme d'aujourd'hui.'
Jean-Marie Laclavetine.
Pourquoi "mes révoltes" ? Pourquoi, sous l'apparence d'un enfant gâté - du succès, une famille célèbre, l'Académie -, Jean-Marie Rouart a-t-il éprouvé le besoin de remettre si souvent en cause cette reconnaissance sociale, jusqu'à s'exposer au tumulte des contestations et des condamnations judiciaires ?
C'est ce mystère de la destinée qu'il interroge en auscultant le roman de sa vie. Il s'efforce de comprendre les épisodes et les drames qui l'ont confronté à autant d'échecs que de réussites, de bonheurs que de malheurs. Analysant les aléas d'une jeunesse hantée par l'idée de la déchéance, il se penche sur les coïncidences qui l'ont amené, à travers tant de vicissitudes, à se lier avec des hommes d'exception : Jean d'Ormesson, Raymond Aron, Michel Déon, Jacques Vergès ou François Mitterrand. Engagé dans nombre de combats, dont le plus connu demeure la défense d'Omar Raddad, l'auteur ne dissimule rien de ses handicaps et des chances qui l'ont conduit à conjurer le mauvais sort. Se sentant en permanence le jouet de forces obscures, il tire de son expérience le sentiment d'avoir bénéficié d'une forme de miracle. Peut-être ce parcours en dents de scie était-il étrangement écrit dans les étoiles.
J'allais avoir treize ans quand j'ai fait la rencontre de Marco Polo. À partir de ce jour, nous ne nous sommes plus quittés; je l'ai suivi partout dans son voyage au bout du monde. Jamais depuis l'apparition des hommes sur la Terre, personne ne visita autant de pays que nous, messire Marco et moi...
"Dans le grand salon, ce matin baigné de soleil, ils sont là tous les trois, Léonard Sèzeneau, sa femme, et elle, Livia, un peu comme trois acteurs sur une scène, encore ignorants de leurs rôles."
Qui est Livia, la gouvernante suédoise engagée par Léonard pour seconder sa jeune femme Hulda dans l'éducation de leurs enfants ? De la lumière radieuse de Stockholm aux lueurs crépusculaires de Meudon, cette famille va connaître une réussite fulgurante avant le déclin, loin des conventions de la fin du XIXe siècle. Dans ce roman de secrets, d'amours et de fascination mutuelle, Marie Sizun retisse les liens perdus de son étonnante histoire familiale.
Ce livre évoque des souvenirs de séjours réguliers que Le Clézio a passés dans la ville de Sainte Marine, à l'embouchure du fleuve Odet, dans le Finistère, lors de son enfance entre 1948 et 1954. Bien que l'auteur se défende de respecter une chronologie, le texte poursuit néanmoins l'ordre de la mémoire, allant de l'enfance vers la maturité. Le lieu de Sainte Marine est placé sous le signe de la mère. La Bretagne, et particulièrement le pays bigouden, que Simone Le Clézio aimait par dessus tout, ce pays où elle a reçu la demande en mariage de son père, ou elle a accouché de son frère et où elle est revenue se réfugier trois mois après la naissance de l'auteur à Nice, à cause de la seconde guerre mondiale. Au fil des chapitres, qui sont présentés comme des « chansons », le narrateur fait revivre une époque où Sainte Marine n'avait pas encore été arraisonnée par les boutiques, les carrefours giratoires, ni les bistrots en tout genre... À travers ces « chansons », l'auteur propose un vrai récit sur son enfance en Bretagne, qui s'enrichit également d'une réflexion plus large sur les changements de la géographie bretonne. Malgré son dépit face à ces bouleversements, Le Clézio ne cultive pas le goût de la nostalgie, car pour l'auteur « la nostalgie n'est pas un sentiment honorable ». Son intention est plutôt de rendre compte de la magie ancienne dont il fut le témoin, par les mots empruntés à la langue bretonne et les motifs d'une nature magnifique. Le texte est bercé par une douceur pastorale, qui fait vibrer les images des moissons en été, la chaleur des fêtes de nuit à Sainte Marine ou la beauté simple d'un verger en fleur - autant une ode à la campagne éternelle que la réminiscence de souvenirs intimes.
' Vive, légère, alerte, elle était comme un courant d'air dans la maison. Elle arrivait pour repartir une seconde plus tard. La nuit, elle filait sans prévenir. Puis soudain elle était dans sa chambre, dans son lit. Félix l'entendait respirer dans son sommeil. Il imaginait sa poitrine en train de se gonfler sous la chemise de nuit. Il faisait jour c'était dimanche. '
En cet été caniculaire, Gil travaille à la supérette d'un petit bourg poussiéreux. Pendant son temps libre, elle s'éclipse avec des hommes. Fasciné, Félix, quatorze ans, cherche à se faire remarquer. Mais sa passion dévorante peut-elle être partagée ?
'Ce qui était effrayant pour les enfants, c'était l'inconsistance de l'atmosphère qui régnait autour d'eux. Il allait sans doute se passer quelque chose, mais on ne savait quoi. Tous ces adultes étaient réunis pour ça, décider ce que serait leur vie à eux, les enfants.'
En cette fin de XIXe siècle, l'avenir est incertain pour les enfants Sézeneau. Après le drame qui a causé la mort de leur mère, les garçons sont envoyés en pension. Les trois filles, elles, doivent suivre leur père à Saint-Pétersbourg. Là-bas, il leur faut survivre à l'absente et à l'autorité de cet homme adoré mais abusif. Dans une société en pleine évolution, les soeurs vont faire, à mesure des joies et des peines, l'apprentissage de la liberté.
Le chien tendit vers elle sa grosse tête au poil crasseux.
Elle retint sa main par crainte de la vermine.
Elle noya son regard dans le regard calmement éploré, calmement suppliant, et toute l'humanité et l'inconditionnelle bonté de l'animal docile lui remplirent les yeux de larmes, elle désira ardemment être lui et sut alors que le passage viendrait naturellement et à son heure.
Ladivine nous entraîne dans le flux d'un récit ample et teinté de fantastique. Comme dans Trois femmes puissantes, Marie NDiaye déploie son écriture fluide et élégante, riche d'une infinité de ressources qui s'offrent au lecteur avec une fascinante simplicité.
Grand prix de l'héroïne Madame Figaro 2013
"Mon père a trouvé la mort un vendredi soir. Son Aston Martin s'est écrasée contre le parapet d'un pont. Je n'étais pas dans la voiture. J'avais 5 ans.
De lui, il me reste peu de souvenirs, et quelques trésors : une montre qui sonne les heures, un stylo dont la plume penche à droite et cette carte postale, où il me demandait en lettres capitales :
QUE DIT LA REINE DU SILENCE ?
Cette phrase posait une énigme impossible à résoudre pour la petite fille que j'étais, énigme cruelle et envoûtante qui résume toute la difficulté du métier d'enfant. Énigme qui, à l'époque, se formulait ainsi :
Que pourrait bien dire la Reine du silence sans y perdre son titre, et l'affection de son papa ?
Ou encore : comment, à la fois, parler, et ne pas parler ?
J'étais coincée. Prise au piège de l'intelligence paternelle."
Marie Nimier ose avec ce nouveau livre s'attacher à la figure de son père, Roger Nimier. Elle explore l'amas de tôles froissées, interrogeant avec gravité le destin de cet écrivain que ses amis décrivent tour à tour, et parfois simultanément, comme un être désinvolte, sérieux, menteur, loyal, tendre, indifférent et malhabile de ses sentiments comme on est maladroit de ses mains.
Gabrielle est professeure de français à Royan. Elle s'adresse aux parents de Daniella. Dans son monologue vindicatif plane le sentiment d'une faute inexpiable dont la narratrice se sent à la fois accablée et innocente. Comme toujours chez Marie NDiaye, une violence métaphysique se dégage des êtres et des situations, venue de si loin qu'il est impossible d'en déterminer la cause. Elle s'élève contre une injustice originelle indissociable, semble-t-il, de la condition humaine.
Persée, jason, Thésée, Héraclès...
Tous ces héros se sont rendus célèbres en menant des quêtes périlleuses. Sur leur chemin semé d'épreuves, ils ont affronté tempêtes, bandits et créatures terrifiantes... Leur mission? Rendre le monde plus harmonieux en le débarrassant des monstres qui y sèment le chaos.