Indissociable de l'expérience humaine, l'imagination est une brèche ouverte sur l'inattendu et sur un infini de possibles qui nous permet d'envisager le monde autrement. Parce qu'elle permet de faire éclater les idées et les croyances figées, étouffantes, l'imagination a un rôle politique essentiel à jouer. Mais si elle est associée à la liberté, l'imagination ne peut toutefois se passer de contraintes, au risque de devenir psychose, perte de contact avec le monde, enfermement dans l'irréalité. Bien souvent, d'ailleurs, que ce soit chez les artistes ou même les prisonniers, les contraintes peuvent devenir un puissant stimulant à la créativité, au rêve, à la faculté d'imaginer.
Alors qu'un capitalisme toujours plus débridé bouscule les sociétés du monde et précipite la crise écologique et sociale, la notion de progrès qu'il charrie a de quoi laisser perplexe. Ne se limitant plus à l'aspiration - toute humaine - à l'amélioration des conditions de vie, cette notion est plutôt devenue un symptôme du fantasme de la toute-puissance technique et de la maîtrise du vivant. Dans ce contexte, vouloir préserver le monde contre la démesure et la destruction environnementale, faire l'éloge des limites, relève-t-il d'un conservatisme? D'ailleurs, que signifie ce mot dans une perspective de gauche? Dans quelle mesure est-il nécessaire à un réenchantement du monde?
De Mai 68 aux luttes anticoloniales et antiracistes en passant par celles de mouvement communautaire, syndical, étudiant, féministe, écologiste et autres, l'analyse des luttes ayant secoué le Québec à travers son histoire permet de prendre la mesure du chemin parcouru, et celle du chemin à parcourir. C'est à ce devoir de «Mémoires des luttes » que se consacre le dossier principal du numéro de juin de la revue Relations. Retrouvez-y aussi un débat sur les accords de libre-échange dits progressistes, un article sur la montée de l'autoritarisme en Asie du Sud-est et d'autres sur le contrôle des minières canadiennes ou le plan d'action du gouvernement québécois en matière de lutte contre la pauvreté. Lisez également le premier de deux textes gagnants du concours Jeunes voix engagées « La ville en proie à l'épuration sociale ? » par Léa Boutrouille.
Saison honnie, adulée, crainte ou espérée, l'hiver au Québec ne laisse personne indifférent. C'est pourquoi Relations y consacre le dossier de son numéro de novembre-décembre. Ce que la saison froide dit de nous, de notre identité, de notre culture, voilà ce qu'explorent les collaborateurs et collaboratrices de la revue qui aborde l'hiver pour ce qu'il est, un fait social total plus qu'un phénomène météorologique. L'hiver révèle nos vulnérabilités et nos craintes face aux éléments, accentue l'isolement de certains, mais force aussi la solidarité, l'adaptation et l'ingéniosité. Aussi, Louise Briand et Jean-Marc Fontan débattent : l'UQAM, 50 ans plus tard, est-elle restée fidèle à ses racines ? Retrouvez également au sommaire des articles sur la crise écologique en Inde, l'exigence de sortir de l'OTAN, l'état de la démocratie au Soudan, la corruption au Guatemala, l'achoppement de l'entente entre Hydro-Québec et la Israël Electric Corporation et le texte gagnant du concours Jeunes voix engagées dont le thème était la transition écologique remporté par Simon Chaunu.