Entre 1789 et 1815, tout le nord-ouest de l'Europe continentale passe, à la faveur des conquêtes et des annexions, sous contrôle français. Densément peuplé et en cours d'industrialisation rapide, ce territoire se prévaut également d'une tradition négociante qui a fait sa richesse. Ces multiples attraits expliquent la présence de manieurs d'argent privés, à l'image du négociant lillois François-Charles Briansaux, attirés par les multiples affaires à conclure à l'intérieur de ce grand marché en construction et pour partie protégé de la concurrence anglaise par le « blocus continental ». Ils sont rejoints par les fonctionnaires financiers chargés « d'exporter » le système fiscal français dans les 130 départements du Grand Empire. On veut alors croire à l'efficacité d'une administration unique et aux vertus d'un fisc égalisateur, sans pourtant faire disparaître certaines spécificités locales, reflet des temporalités et modalités de la conquête. En portant une attention particulière aux relations réciproques entre l'ancienne France et les départements réunis, entre Paris et Lille, Bruxelles, Amsterdam ou Hambourg, ce livre éclaire la façon dont s'articule à l'intérieur d'un territoire, celui des routes septentrionales, le mouvement combiné des affaires privées et de la finance publique.
À l'été 2008, la planète tremble en découvrant l'ampleur de la crise financière. Les subprimes deviennent en quelques semaines une réalité dévastatrice. Peut-on considérer que l'échec a eu une vertu et que du séisme est sorti un bien ? Sans doute, mais à quel prix ? Success story, demande de régulation, crise, faillite, échec, tels sont les axes d'une réflexion à laquelle l'Association française d'histoire économique (AFHÉ) a voulu participer à l'occasion de son dernier congrès, les 4 et 5 octobre 2013. Les travaux présentés dans cet ouvrage font varier les échelles d'analyse - temporelle, spatiale et sociale - et révèlent les multiples dimensions de l'échec, puisque celui des uns forge parfois le succès des autres et peut avoir des retombées imprévisibles, pas nécessairement négatives, que l'on se place au niveau des individus, des familles, des sociétés ou de l'humanité tout entière. Lorsque pointe l'échec, plusieurs options s'ouvrent : c'est l'heure des choix. Faut-il opter pour une gestion prudente ? Réorienter l'activité et se faire plus offensif ou au contraire abandonner un créneau, un projet ? Renoncer, persévérer, recréer ? L'échec peut alimenter le repli et le conservatisme autant que l'innovation et la prise de risques. Si la remise en cause est une vertu possible de l'échec, quels en sont les lieux et les outils ? On trouvera ici vingt-quatre interventions inédites organisées en cinq thèmes qui rendent compte de la richesse des approches : les usages sociaux de la faillite ; l'histoire des entreprises ; les espaces transfrontaliers et politiques en Europe ; les districts et les territoires ; les institutions et les politiques publiques. Si le thème de réflexion peut surprendre par sa formulation antinomique, l'introduction d'Aldo Schiavone, « Quelques hypothèses sur les temps qui nous attendent », confirme la justesse de l'intuition originale.