D'abord, pour commencer... (pour commencer, on dit toujours d'abord). D'abord, c'est dans une ville, sur une place. Une ville dans une ville, sur une place entre des arbres. On n'a pas déplacé les arbres. Les arbres dont sont faits les livres, car c'est avec le bois des arbres qu'on fait les livres. D'ailleurs, un livre, comme un arbre, ça pousse. Au début, on peut le tenir dans les mains, mais après ? Lire, c'est faire grandir un livre à partir de son titre. Le titre, c'est la graine d'où sort l'arbre des phrases, et le ciel dessus et la lune et le soleil, et tout le patatras du monde.
D'abord, pour commencer... (pour commencer, on dit toujours d'abord). D'abord, c'est dans une ville, sur une place. Une ville dans une ville, sur une place entre des arbres. On n'a pas déplacé les arbres. Les arbres dont sont faits les livres, car c'est avec le bois des arbres qu'on fait les livres. D'ailleurs, un livre, comme un arbre, ça pousse. Au début, on peut le tenir dans les mains, mais après ? Lire, c'est faire grandir un livre à partir de son titre. Le titre, c'est la graine d'où sort l'arbre des phrases, et le ciel dessus et la lune et le soleil, et tout le patatras du monde.
« Lire c'est faire grandir un livre à partir de son titre. Le titre c'est la graine d'où sort l'arbre des phrases et le ciel dessus et la lune et le soleil et tout le patatras du monde. »
Deux amis poètes, l'un professeur de littérature, Michel Chaillou, et l'autre de mathématiques, Jacques Roubaud, conversent sur la transmission des connaissances. La matière qu'ils enseignent comme leurs lectures sont très éloignées mais leur stratégie et leurs interrogations sont les mêmes : « Peut-on transmettre un savoir ? Enseigner quoi et à qui ? Si on note, qui note celui qui note ? ... »
Empruntant pour leurs conversations l'identité de deux illustres devanciers, figures néanmoins oubliées, Balthazar Baro, secrétaire d'Honoré d'Urfé, poète de Valence, mort en 1650 pour Michel Chaillou et Arthur Cayley, algébriste célèbre, mort en 1895 à Cambridge, pour Jacques Roubaud, ils échangent leurs points de vue sur la plage d'Etretat. Au cours de ces entretiens qui se déroulèrent de 1992 à 1993 et furent publiés dans « Le Monde de l'Education » à l'initiative de Frédéric Gaussen, le lecteur reçoit les plus drôles et les plus jouissives réparties que les deux poètes érudits qui marchent et rêvent ensemble s'envoient, en se jouant de leur savoir et de leur langue.
Une merveille !
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.