La diffusion rapide du virus SARS-CoV2 nous a récemment rappelé la fonction protectrice de la frontière. Mais au-delà de cette situation pandémique, comment interpréter le retour des frontières constaté depuis quelques années ? Contrairement à ce que l'on croit souvent, cette réaffirmation des frontières, quand elles ne sont pas réduites à des murs mais envisagées en tant que limites, est une bonne nouvelle. Car une frontière a une histoire, c'est une institution issue de conflits et de traités, de négociations et de décisions. Abolir les frontières, c'est faire disparaître les États. Or, un monde sans frontières est un monde barbare, ce que l'horreur daechite nous avait rappelé.
Frontières d'Afrique
Pour en finir avec un mythe
Le principe d'intangibilité des frontières a été adopté par les chefs d'État africains en 1964, au moment des indépendances. Depuis, les États se sont appropriés cet héritage d'une période coloniale. Il est donc temps d'en finir avec le mythe de cicatrices coloniales, tracés artificiels qui seraient responsables des conflits actuels et du mal-développement. Les frontières d'Afrique sont bel et bien devenues des frontières africaines. Et quoique parfois encore imprécises ou sources d'insécurité, elles fonctionnent néanmoins comme une ressource et comme autant d'interfaces utilisées par les réseaux marchands, acteurs d'une mondialisation par le bas.
La liberté d'action des sociétés se conforte lorsqu'elles se situent avec lucidité et confiance dans leur histoire et dans leur géographie.
La liberté d'action des sociétés se conforte lorsqu'elles se situent avec lucidité et confiance dans leur histoire et dans leur géographie. Les femmes et les hommes qui sont la Métropole Européenne de Lille, qui vivent, circulent et travaillent dans les quatre-vingt dix communes qui la composent, s'inscrivent dans une histoire déjà longue, faite de progrès et de transitions, de rebonds et de projets.
Elles et ils résident et agissent dans un lieu privilégié, actif carrefour de l'Europe du Nord-Ouest, qui démultiplie les atouts de l'appartenance à l'Union européenne, premier marché et plus vaste espace démocratique du monde. Elles et ils ont su, dans tous les domaines de la vie collective – économiques et technologiques, éducatifs et culturels, associatifs et sportifs – respirer l'air du grand large et assumer leur ancrage européen, comme en témoigna le succès durable et populaire de l'année 2004 où Lille se vécut pleinement " capitale européenne de la culture ". Ce fut le point de départ d'un nouvel élan qui confirma la place de la métropole sur la carte de l'Europe.
Ce livre-atlas veut offrir au lecteur curieux une preuve par les cartes de la réalité, de l'ampleur et de la profondeur des présences et des ouvertures européennes et internationales des acteurs de la Métropole Européenne de Lille, ainsi que de celles et ceux attirés par ce qu'elle offre : attraction et diffusion sont les clés de l'influence. En 2020, le " design ", art de la création et de l'imagination, lui conférera plus de visibilité sur la carte du monde. C'est l'enjeu des cinquante prochaines années.
Du Brexit à l'élection de Donald Trump à la tête des États-Unis, de l'agression russe contre l'Ukraine à l'appétit de Pékin en mer de Chine, de la crispation autour de la question des migrants aux échecs de la diplomatie au Proche-Orient : l'actualité internationale secoue l'ordre mondial et bouscule les États-nations.
Du Brexit à l'élection de Donald Trump à la tête des États-Unis, de l'agression russe contre l'Ukraine à l'appétit de Pékin en mer de Chine, de la crispation autour de la question des migrants aux échecs de la diplomatie au Proche-Orient : l'actualité internationale secoue l'ordre mondial et bouscule les États-nations.
Ces tensions politiques multiformes sont-elles le signe d'une revanche du national ? Assiste-t-on à une réaffirmation des frontières de la part des États comme rempart de protection ? Ou bien, les dynamiques de la mondialisation signent-elles au contraire l'érosion inéluctable des souverainetés ? Observe-t-on le " retour des frontières ", ou bien au contraire la " fin des territoires " ? Après le temps néo-conservateur, subit-on la " fièvre néo-nationaliste " ?
Deux grands penseurs contemporains, Bertrand Badie, politiste et Michel Foucher, géographe, confrontent leurs points de vue sur ces questions centrales pour décrypter l'évolution de notre monde et ses dérives possibles.