On attend aujourd'hui des maîtres qu'ils forment des individus capables de s'adapter à une réalité culturelle et sociale complexe et peu prévisible dans ses mutations. Dans cette perspective, flexibilité, adaptabilité, autonomie, conquête et construction du sens sont, ou devraient être, les maîtres-mots de l'École d'aujourd'hui. Mais en dehors de l'École ces mots sont souvent ignorés : un milieu familial n'assumant pas toujours son rôle essentiel de médiateur ; un monde médiatique privilégiant les propositions les plus évidentes, rendant ainsi superflue toute démarche de questionnement et de découverte. Les maîtres ont ainsi la tâche ingrate de former ceux-là même dont l'échec scolaire et social est ailleurs programmé.
Il s'impose aujourd'hui, à l'École, des responsabilités nouvelles, des démarches complexes, qu'elle a bien du mal à assumer dans l'état actuel de son organisation et de sa réflexion collective. Si l'on ne peut demander à l'École de transformer directement le monde, on ne peut se résigner à ce qu'elle en soit le reflet fidèle. Elle doit essayer, dans la limite de ses contraintes, dans la mesure de ses moyens, d'amener des enfants à savoir donner sens culturel et moral au désordre et au tumulte du monde, et à contribuer ainsi à une orientation moins aléatoire de son évolution. On attend de l'École qu'elle atténue les déchirures sociales, qu'elle évite les ruptures culturelles et qu'elle tente d'assurer, par-delà les repliements et les clivages, la tâche nécessaire de la transmission.
Les actes de ce Colloque regroupent l'ensemble des communications des intervenants : Martine Abdallah-Pretceille, Britt-Mari Barth, Stella Baruk, Alain Bentolila, Jean-Marie Cavada, Georges Charpak, Bertrand Éveno, Michèle Gendreau-Massaloux, Jacques Lévine, Pierre Lévy, Philippe Meirieu, Edgar Morin, Philippe Perrenoud, Michel Serres, François Victor Tochon.