Ce livre présente les résultats d'une enquête menée en 1996 aux États-Unis, encore secoués par la « guerre culturelle » qui faisait rage depuis une dizaine d'années, opposant partisans et adversaires d'un financement public d'oeuvres prêtant à controverses. Ce travail prolongeait dans une perspective comparative une première enquête réalisée en France de 1993 à 1995, alors qu'avait éclaté la « crise de l'art contemporain ». Cette perspective comparative, tournée vers une sociologie des valeurs, permet de mettre en évidence les similitudes et les différences entre ces deux cultures qui, de « scandales » en « affaires », convoquent un éventail commun d'arguments, de valeurs et de registres de valeurs, mais pas toujours avec la même intensité, ni à propos des mêmes objets, ni dans les mêmes contextes, au point d'engendrer parfois un surprenant effet d'étrangeté. Ainsi par-delà l'apparente similitude, ce qui ressort principalement de ce voyage en art contemporain est le sentiment d'un profond fossé culturel entre les deux pays.
« La laïcité suscite d'intenses controverses », rappelle l'historien et sociologue Jean Baubérot au seuil de cette correspondance musclée avec la sociologue Nathalie Heinich. Leurs échanges le confirment. Au nom de quelle laïcité parlons-nous ? Quelle laïcité voulons-nous ?
Si Jean Baubérot prône une laïcité d'inclusion, Nathalie Heinich refuse les compromis qui ne seraient que renoncements aux valeurs républicaines dès lors que pointe, à ses yeux, l'offensive religieuse.
Derrière la laïcité, c'est la question de la République qui se pose, mais également celle de la frontière entre sciences sociales et engagement militant que réaffirment les deux auteurs chacun à leur manière.