Que reste-t-il d'un pays disparu depuis plus de vingt-cinq ans et dont l'effacement est toujours un enjeu social et politique ? Sur les tables des videgreniers, par terre dans les hangars ou dans les entreprises délaissées, la République Démocratique Allemande (RDA, 1949-1990) est aujourd'hui un pays à la brocante, un pays à l'horizontal.
Ce livre invite à un voyage sur les traces de ce pays disparu. Dans les usines ou les écoles à l'abandon, il arrive que l'on récupère des dossiers individuels, des empreintes des vies de l'époque. Les traces ce sont aussi les milliards d'objets du temps du socialisme qui ont connu de nouveaux destins depuis la chute du Mur. L'enquête suivra ceux qui célèbrent, aujourd'hui, le souvenir de la RDA, et ceux qui veulent la faire revivre un peu.
À travers tous ces chemins, à travers la pratique de l'exploration urbaine (Urbex), l'historien raconte les expériences sensorielles et personnelles de ces troublantes rencontres avec un monde disparu, toujours porté par ceux qui l'ont vécu, proposant ainsi une ample réflexion sur les traces et la mémoire.
L'ancienne RDA fascine, tant par son histoire méconnue que par son esthétique. Le nombre et l'ampleur des bâtiments à l'abandon en ex-Allemagne de l'Est frappent le promeneur. Combinats, cités d'habitation, Maisons de la culture... Trente ans après la chute du mur de Berlin, ce paysage fantôme est à lui seul digne d'intérêt tant il raconte d'histoires passées. Mais lorsqu'on pénètre à l'intérieur de ces lieux, c'est tout un monde disparu qui apparaît.L'historien Nicolas Offenstadt a pratiqué une véritable « exploration urbaine » - « URBEX » - en pénétrant plus de 250 lieux fermés, interdits ou délaissés. Il n'y a là aucun défi mais la volonté d'écrire une histoire de l'abandon : un parcours visuel et intellectuel dans l'histoire de la RDA telle qu'elle se donne à voir aujourd'hui.
Chaque lieu présenté est éclairé par une analyse, appuyée sur des recherches de première main, des témoignages des anciens de l'Est et les travaux les plus à jour.
Contrairement à ce que la place de l'histoire en France pourrait faire croire, faire de l'histoire n'a rien de naturel, réfléchir le passé non plus. Certaines sociétés se dispensent de tout regard sur ce qui semble terminé, tandis que - dans les nôtres - d'aucuns appellent sans cesse à se projeter dans l'avenir sans se retourner.Il faut donc comprendre comment la discipline et le métier d'historien se sont constitués, pourquoi et comment les historiens travaillent ; comment, aussi, leurs questions et leurs manières de faire évoluent en fonction des défis de leur temps. Ce livre, en privilégiant une approche thématique, permet de présenter jusqu'aux courants les plus récents et les plus dynamiques de l'historiographie : la nouvelle histoire mondiale (global history) ou encore l'histoire du gender, du genre (c'est-à-dire le sexe tel qu'il est socialement vécu et construit).L'historien sait bien aujourd'hui qu'il lui faut réfléchir sur ses pratiques et ne pas faire comme s'il n'était ni d'aucun temps, ni d'aucun lieu. Cela invite à interroger la place des historiens dans nos sociétés où les débats sur le passé sont parfois très douloureux.
Les crieurs publics semblent aujourd'hui faire partie du folklore. Ils évoquent le bon temps des communautés de proximité, au point que, non sans nostalgie, la fonction renaît ici et là. Au Moyen Âge, les crieurs avaient en revanche un rôle crucial. Chargés de porter la parole des autorités, le roi, le seigneur ou la ville, ces hommes du « petit peuple » parcouraient les routes, les rues et les places pour annoncer et lire à haute voix les ordres et les règlements.
Plutôt que d'envisager ces crieurs publics comme de simples agents administratifs, ce livre défend une thèse : ils sont des acteurs-clés de la politique médiévale. Et la proclamation en place publique, un moment central du gouvernement médiéval. C'est à travers la figure d'un de ces crieurs, Jean de Gascogne, valet de la ville de Laon dans le second xve siècle, que chemine la démonstration. Le défi porte ainsi sur la capacité de l'historien à restituer, au plus près, les pratiques et les expériences de ces gens de peu pour comprendre la possibilité de déploiement d'un véritable espace public, qui laisse place à la critique.
Chemin faisant, En place publique donne à voir les expériences possibles de vie des humbles au Moyen Âge, de ceux qui laissent si peu de traces. Jusqu'où peut-on aller pour retrouver les voix du peuple ?
14-18, un sujet de savant ? Bien au contraire !Depuis une dizaine d'années, nombre de romans ont été publiés avec pour toile de fond la Grande Guerre, Un long dimanche de fiançailles a attiré plus de quatre millions de spectateurs, et même la chanson et la musique s'y mettent. D'innombrables associations animent aussi la zone de l'ancien front. Bref, 14-18 donne lieu à des pratiques sociales et culturelles d'envergure. Quant aux hommes politiques, ils ne sont pas en reste et s'emparent des hauts lieux de la guerre pour parler du présent. D'où vient cet intérêt ? Que nous révèle-t-il quant à la mémoire de cette guerre, à notre rapport au passé et au rôle que joue l'histoire dans notre société ?Auteur notamment des Fusillés de la Grande Guerre et du Chemin des Dames, Nicolas Offenstadt est maître de conférences à l'université Paris-I.
« Rien ne poussera plus sur cette terre » écrit le simple soldat Clerfeuille en évoquant le Chemin des Dames et les ravages de l'artillerie, pourtant deux semaines avant le déclenchement de la fameuse offensive du 16 avril 1917. Après deux ans et demi de guerre, et malgré la défiance de plusieurs généraux, le gouvernement soutient le plan du commandant en chef Nivelle : prendre le plateau du Chemin des Dames, percer le front et l'emporter.
Près d'un million d'hommes sont rassemblés pour cette immense opération qui eut des conséquences fondamentales sur le déroulement de la guerre et même au-delà en façonnant le mythe Pétain (celui qui redresse les erreurs de Nivelle). Car, dès les premières heures, la bataille se transforme en un épouvantable calvaire pour les soldats, confrontés à des positions allemandes en contre-haut, bien organisées dans un dédale de galeries et cavernes, insuffisamment détruites par l'artillerie : 135 000 hommes sont hors de combat en dix jours... Les assauts dans la boue et la neige, face à des pentes imprenables, transforment l'espoir en boucherie. L'échec de l'offensive ouvre rapidement la voie à de nombreux débats et discussions et rend la mémoire de l'événement particulièrement trouble. D'emblée très gênante, la bataille ne parvient pas à être nommée. Selon les objectifs elle est bataille de l'Aisne, du Chemin des Dames, offensive Nivelle... On nie d'abord l'échec évident du projet ; on écarte ou minimise l'événement dans l'écriture de la guerre, de nos jours encore, d'autant plus qu'il fut à l'origine des mutineries - ici revisitées - qui secouèrent l'armée française peu après. Pour saisir toute la portée de l'événement, jusqu'à aujourd'hui, il fallait un travail d'équipe : 17 historiens, entre l'archive et le terrain, ont mené une enquête qui est un essai d'histoire totale : tous les aspects de l'expérience combattante sont passés au crible de l'analyse la plus à jour : bombardements, corps à corps, combats aérien ; les bouleversements sur le site même sont étudiés à travers la reconstruction et la constitution du site en lieu de mémoire
Sans doute fallait-il aussi la fiction et l'image pour dire ce que fut le « Chemin des Dames » : Didier Daeninckx et Arlette Farge ont prêté leur plume pour y contribuer.
Pourquoi certains soldats de la Grande Guerre ont-ils été jugés et exécutés par les autorités militaires ? Grâce à des sources inédites, ce livre fait la lumière sur l'un des épisodes les plus sombres du premier conflit mondial. Mais, par-delà les faits eux-mêmes, quels ont été le travail de réhabilitation et la lutte contre la justice militaire entre les deux guerres ? Comment la littérature, puis plus récemment le cinéma ont-ils repris cet épisode ? Comment, à partir des années 1960 et 1970, la représentation de ces fusillés s'est-elle transformée pour aboutir au rappel de leur mémoire en France ?Nicolas Offenstadt est maître de conférences à l'université Paris-I. Il a notamment publié Faire la paix au Moyen âge.
« Véritable encyclopédie raisonnée permettant une progression aléatoire et riche » (Page des libraires).
La version numérique enrichie du beau-livre best-seller La Grande Guerre : une synthèse vivante, inédite et très illustrée par deux historiens de référence. Les personnages clés, les lieux emblématiques, les objets ou encore les mots qui l'ont accompagnée... Le vade-mecum indispensable pour comprendre la Grande Guerre.
Enrichissements inclus :des clips vidéos montrant les lieux emblématiques du conflit ;des clips vidéos montrant les lieux de mémoire du conflit ;des clips vidéos avec des interviews des archéologues du conflit ;des clips vidéos avec des interviews d'artistes et de dessinateurs ayant travaillé sur le thème de la Grande Guerre.
Coédition Albin Michel / Comité du Centenaire 14-18.
Un ouvrage de la collection EPUB+ Les Beaux-Livres numériques enrichis Albin Michel.
Longtemps, la nation a été le lieu par excellence d'un usage intensif de l'histoire. Elle apparaît aujourd'hui comme une échelle parmi d'autres, souvent moins investie que le local ou le régional et fragilisée par l'émergence de niveaux supranationaux. Cette nouvelle configuration bouleverse l'économie des usages de l'histoire. Il en résulte notamment une concurrence des passés tandis qu'un nouveau type d'historicité se développe dans lequel « rendre présent » voire « sortir du temps » l'emportent sur l'esquisse d'un devenir commun et où le patrimonial prend le pas sur l'historique. La situation des historiens professionnels s'en trouve modifiée. Elle est affectée tant par la démultiplication des producteurs d'histoire que par la concurrence des associations à vocation mémorielle ou patrimoniale. Fondé sur une série d'études topiques, l'ouvrage analyse comment s'opère la confrontation des mémoires et des histoires qui singularise la scène contemporaine et les enjeux historiographiques et civiques qui en découlent.
L'histoire du Moyen Âge n'est pas seulement celle de la domination : on échange, on débat, on critique, on proteste. Mais s'agit-il pour autant d'un espace public au sens que le philosophe allemand Jürgen Habermas a donné à ce terme ? Telle est la question que posent les différentes contributions rassemblées dans ce livre, proposant d'abord une réflexion sur les intentions et les implications de la théorie habermassienne, explorant notamment les usages qu'en firent historiens et spécialistes des sciences sociales. Mais c'est à l'enquête empirique qu'il appartient de définir les lieux et les moments, les formes et les acteurs de cet échange politique au Moyen Âge, de la place publique à la cour du roi en passant par l'université et les conseils de ville. À travers différentes études de cas, on tente ainsi de saisir la manière dont se déploie une sphère où les hommes du Moyen Âge ont pu éprouver un usage politique de la raison.