Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
L'équipe de la revue Dialectiques avait entrepris, depuis 1976, une discussion permanente, essentielle, avec Nicos Poulantzas, autour du problème de l'État. Ce sont les étapes mêmes de cet échange qui se trouvent présentées dans ce volume. S'y ajoute un repère important : une étude, aujourd'hui introuvable, parue en 1966 dans Les temps modernes, témoin de la place fondamentale de Gramsci dans l'élaboration des réflexions de Poulantzas sur l'État et la société. L'entretien accordé, en juillet 1979, à la revue anglaise Marxism Today relate un parcours, théorique, politique, d'action et de réflexion. Il est aussi profondément ancré dans la difficile actualité de 1979 : celle des conséquences de la défaite de la gauche, celle de la crise des partis et d'une certaine forme de représentation. Alors que passent les conjonctures, l'État demeure : merci à Nicos Poulantzas de nous y faire réfléchir, toujours.
Ces derniers temps ont été marqués, dans l'aire européenne, par des événements d'une portée considérable : le renversement des dictatures militaires au Portugal et en Grèce, l'accélération caractéristique du pourrissement du régime franquiste en Espagne, dont le renversement est désormais à l'ordre du jour. Or, la voie suivie dans la chute des dictatures portugaise et grecque, ainsi que le processus en oeuvre en Espagne posent une série de questions importantes, qui sont encore loin d'être éclaircies. Elles s'articulent, pour l'essentiel, sur un point précis : les régimes portugais et grec n'ont « apparemment » pas été renversés par un mouvement insurrectionnel massif, ouvert et frontal des masses populaires ; pas davantage par une intervention militaire de l'étranger, comme ce fut le cas pour le nazisme allemand et le fascisme italien. Quels furent donc les facteurs qui ont déterminé leur renversement, et comment l'intervention des masses populaires s'est-elle exprimée ? Ces questions concernent de nombreux pays qui, comme le Portugal, la Grèce et l'Espagne, relèvent de la zone de dépendance par rapport aux métropoles impérialistes, et qui, eux aussi, présentent des régimes de la forme d'Etat capitaliste d'exception, c'est-à-dire de guerre ouverte contre les masses populaires : fascismes, dictatures militaires, bonapartismes. Enfin, certaines de ces questions concernent également les pays européens dits « industrialisés » et « libres ». La Grèce, le Portugal et l'Espagne sont caractérisés par une dépendance très particulière : ces pays ne relèvent plus de la situation dite de « sous-développement » et, par leur structure économico-sociale, ils se situent dans l'aire européenne. Les événements qui s'y déroulent concernent ainsi directement les autres pays européens.