Que celui ou celle dont nous recevons le legs soit un proche parent ou qu'il soit étranger à notre généalogie, il nous devient familier le temps de la succession. C'est l'impudeur obligée des inventaires et des partages. Se dessine alors la figure d'un homme, d'une femme. Les biens qu'il transmet rendent compte des désirs conscients et inconscients du disparu ; ils témoignent également de ce qu'il a ou n'a pas reçu de ses aïeux, ceux et celles qui l'ont précédé. Hériter, c'est s'inscrire dans la lignée humaine, c'est le signe que l'existence d'un être humain relève aussi d'un passé qu'il n'a pas connu. Le temps de la succession est aussi l'un des rares moments d'une existence où le sujet croise les règles juridiques de la société qui l'héberge. Actes notariés, droits à payer, il est parfois des partages difficiles : sans doute ceux-ci relèvent-ils moins du notaire que du psychanalyste quand il est question d'amour, de haine, d'envie ou de déception.
La maison est une enveloppe. Elle nous protège, et, dans les rêves, elle représente souvent notre corps. Mais, si elle est un refuge, elle garde une part de mystère. Un plancher qui craque, c'est peut-être un fantôme qui passe ; un objet longtemps perdu et retrouvé, c'est tout un passé qui ressurgit. Cependant, la maison se partage. Sauf à vivre en ermite, on n'est jamais seul dans son logis. La maison contient une maisonnée, ne serait-ce que par les souvenirs laissés par ceux qui y ont vécu ; ainsi se crée son âme. Les désirs, affirmés ou silencieux, de ceux qui y habitent se croisent, se rencontrent, s'opposent ; ainsi se fabrique l'inconscient de la maison. Patrick Avrane nous entraîne dans les différents appartements de Freud, au sein des constructions du Corbusier, dans le refuge de Robinson Crusoé, dans les habitations d'Émile Zola ou de Jules Barbey d'Aurevilly. Il nous fait visiter les maisons, tout autant imaginaires que réelles, décrites par Daphné du Maurier ou Georges Simenon. À partir également de son expérience clinique et de son regard sur Vermeer, Edward Hopper ou Magritte, comme sur d'étranges maisons de poupée du crime, par son écriture vive, il nous fait découvrir les secrets de l'âme des maisons comme les ressorts de leur inconscient.
La monnaie qui circule à l'occasion d'une analyse éclaire sur ce que nous faisons de l'argent et ce qu'il fait de nous (prologue). Tancrède (ch. 1) découvre que celui-ci provoque jalousie ou envie, comme dans L'Argent de Zola. Mais c'est la monnaie qui s'échange ; elle est symbolique, sa valeur repose sur la confiance, à la différence du troc. Notre rapport à l'argent exprime ainsi notre rapport aux autres. Les harpagons (ch. 2) se défient d'autrui, tel Ugolin soumis à l'avarice de son père ou les enfants de L'Avare, pièce écrite à partir de La Marmite de Plaute. Harpagon est une figure de financier, quand l'avare de Plaute idolâtre l'or. Les flambeurs (ch. 3), Vivien ou Casanova, redoutent le prix de l'argent : ce qui coûte à le gagner. Pour eux, l'argent, pris dans le fantasme d'une satisfaction sans effort, est comme le lait donné par un sein inépuisable. Nous le lisons dans Le Joueur de Dostoïevski et Vingt-quatre heures de la vie d'une femme de Zweig. La petite Elvire craint l'avidité (ch. 4), sa mère celle des financiers. Avec les « monnaies locales » celle-ci s'en croit préservée, comme s'en protègent le Petit Poucet et le Marchand de Venise. Les prodigues (ch. 5) traitent l'argent à la façon d'un objet transitionnel. Nous les découvrons amants de coeur de la Dame aux camélias et de Manon Lescaut. Être fortuné, cela s'apprend (ch. 6), découvrent Aricie et les gagnants du Loto. L'héroïne de L'Ivresse de la métamorphose de Zweig butte sur ce savoir : il s'agit de mépriser l'argent, telle la reine dans le Cycle Médicis de Rubens. L'argent du psychanalyste (ch. 7) n'est pas celui du Docteur Knock, ni le cadeau anal freudien. Il rémunère un praticien, et permet de comprendre comment la monnaie dans ses multiples formes colore la relation de chacun au monde.
Inscrits dans l'actualité et gardiens des coutumes, porteurs des souvenirs d'une famille, de la mémoire d'un temps, et souvent à la pointe de la modernité, les grands-parents du XXIe siècle, par leur présence active, occupent une place qu'ils sont sans doute les premiers à connaître. Par-delà les traditions qu'ils supportent et leur fonction d'ancêtres, ils inaugurent un rôle qu'il s'agit de comprendre.En s'appuyant sur sa clinique, sur des oeuvres littéraires, cinématographiques et picturales, de Hugo à Pagnol, et même sur la célèbre série Downton Abbey, Patrick Avrane, dans une écriture vivante, nous dresse le portrait de ces aïeux, jusqu'ici souvent négligés par les psychanalystes, et en dégage les multiples faces des grands-parents d'aujourd'hui.
Qu'il nous fasse sourire ou pleurer, qu'il nous plaise ou nous rebute, le fait divers, avec sa part de mystère, rencontre notre désir conscient ou inconscient, notre histoire immédiate ou immémoriale. Réjouissant ou inquiétant, souvent au coeur de l'actualité, il passionne et, à la fois étrange et familier, il est à la limite du compréhensible et de l'invraisemblable. Par sa singularité, il provoque nos interrogations et est un objet culturel partagé, à la source de nombreux romans. En s'appuyant sur de nombreux exemples, sur des oeuvres littéraires et picturales, et sur son expérience clinique, Patrick Avrane, dans un style alerte, nous éclaire sur la ferveur que suscite le fait divers. Il nous montre comment celui-ci rend compte de notre rapport au monde, à la vie, à la mort, au destin.
« Mon père est encombrant », découvre Clindor, jeune homme dont le père ne cesse de jouer au copain. Mais les pères encombrants existent sous de multiples formes. En s'appuyant sur l'histoire, nous nous défaisons de l'image du père de la mythologie freudienne avec les cas d'Amile, orphelin de mère, et de Palmire.Quintilien est confronté à un père qui se dérobe à la manière de celui du romancier Modiano, ou du héros de Il Bidone, de Fellini. Sémélé est sous le regard omniprésent d'un père qui, sans le montrer, règne dans la maison comme le pater familias que l'on devine dans la peinture de Vermeer. Le coup de pistolet tiré sur Jules Verne par son neveu, ainsi que les frasques de son fils qui le conduiront à le faire interner, montrent comment un romancier célèbre pour ses récits destinés aux adolescents peut être un père encombrant par sa défaillance. Tullia, au décès de son père, devient l'image idolâtrée par sa mère, à la façon de Lasthénie de Ferjol, héroïne de Barbey d'Aurevilly. En prison, le père d'Uranie apparaît une canaille, tel Marius dans la trilogie de Pagnol.La paternité relève de l'énigme, c'est quand elle se fige, comme dans les cas et les oeuvres présentés, qu'elle devient encombrante. Sigmund Freud n'en est pas absout dans les étranges relations avec sa fille Anna.
En ces temps de transparence obligée, quand l'origine de ce qui est dans notre assiette ou des gamètes qui nous ont conçus doit être certifiée, l'imposture semble rendue impossible. Et pourtant, qu'il s'agisse de l'art, de la médecine, de la finance, ou de la vie sociale la plus banale, des imposteurs ne cessent d'être démasqués et ceux qui ne le seront jamais prospèrent.
Célèbres ou méconnus, les imposteurs nous trompent. Ils nous fascinent aussi : l'usurpateur vole l'identité d'un autre ; le tartuffe dupe ; le mystificateur ment ; le mythomane s'invente une histoire et se trompe lui-même.
S'appuyant sur son expérience de psychanalyste, mais aussi sur la littérature, le cinéma et une actualité toujours riche en mystifications, Patrick Avrane part à la recherche des différentes figures de l'imposture. Dans un style alerte, il fait apparaître les ressorts de ces tromperies, d'autant plus redoutables qu'elles se nourrissent de notre propre complicité.
Patrick Avrane est psychanalyste. Il est notamment l'auteur d'Un enfant chez le psychanalyste (Louis Audibert, 2003, Seuil, " Points Essais ", 2007), des Timides (Seuil, 2007), et de La Gourmandise. Freud aux fourneaux (Seuil, " Points Essais ", 2009).
Le chagrin d'amour naît de multiples causes, mais fait toujours irruption comme une condamnation sans appel. Certains, comme Werther, n'y survivent pas. D'autres l'endurent, taciturnes ou ressassant leur plainte, seuls ou entourés. Tous cependant font figure de héros, car ils se confrontent au plus profond des cataclysmes : la perte d'amour. Surmonter ce désastre, c'est faire un pas de plus dans la condition humaine, c'est, tel Orphée, revenir des enfers en laissant l'être aimé derrière soi. Toutefois, il y a toujours dans l'amour une part de tromperie. On aime dans l'autre une image idéalisée, miroir de nos désirs. Alors le chagrin décille. Moment de vérité, il ouvre à la connaissance de soi. Il peut même nous révéler une chose essentielle : cette faille en chacun qui fait qu'on n'est jamais tout pour l'autre.
À partir des plus célèbres chagrins amoureux de la littérature et de son expérience clinique, Patrick Avrane met en scène la dynamique de ce drame humain. Il nous montre dans un texte vivant que si la perte d'un être aimé ne peut être oubliée, le chagrin d'amour, lui, se traverse.
Patrick Avrane est psychanalyste. Il a notamment publié : Un enfant chez le psychanalyste (Louis Audibert, 2003 ; Seuil, Points Essais, 2007), Les Timides (Seuil, 2007), Les Imposteurs. Tromper son monde, se tromper soi-même (Seuil, 2009).
Difficulté à aborder les autres, paralysie dans l'action, trac envahissant caractérisent les timides. Un rougissement colore le visage, la voix devient chevrotante, les jambes flageolent : une crise de timidité surgit. Chacun a rencontré, de près ou de loin, ce trouble banal dont la répétition transforme en enfer la vie quotidienne.
Depuis ses débuts, la psychanalyse s'est peu intéressée aux timides. Comment un timide pourrait-il rivaliser avec l'obsessionnel, l'hystérique, le paranoïaque ?
Et pourtant, dans le cabinet du psychanalyste, il n'est pas rare qu'un sujet timide exprime son désarroi. À partir de son expérience clinique, et en explorant la littérature et le cinéma, Patrick Avrane ouvre ce dossier et nous éclaire sur les ressorts de la timidité.
Patrick Avrane est psychanalyste. Il a notamment publié Un enfant chez le psychanalyste (Louis Audibert, 2003, Seuil, " Points Essais ", 2007) et Sherlock Holmes et Cie, détectives freudiens (Louis Audibert, 2005).